Bon, aujourd’hui, c’est dimanche et on va y aller mollo pour l’analyse des courants d’air humide qui traversent actuellement la tête des politiciens français. Et pour commencer, je vous propose de vous détendre un peu en allant vous fusiller quelques neurones sur un énième site gouvernemental. Et celui-là, c’est du lourd.
Avant d’aller plus loin, je tiens cependant à bien différencier ce site des quelques uns que j’ai chroniqués jusqu’à présent, et, récemment, celui du SGLURP pardon du SGMAP ou, plus anciennement, France.fr, le site qui ne recule devant aucune dépense pour justifier de son existence. En effet, dans ces différents cas, on aura assez vite compris qu’il s’agissait de sites prétextes destinés avant tout à caser des petits copains, à faire fleurir l’une ou l’autre agence web de concubin ou d’une relation amicale.
En effet, les sites gouvernementaux sont de trois natures différentes possibles :
a/ les sites qui contiennent réellement des informations, à l’ergonomie généralement catastrophique, à la mise à jour aléatoire, et qui contiennent effectivement tous les CERFAs dont on peut avoir besoin, mais si vicieusement planqués qu’ils sont quasi-impossibles à trouver sans passer par un moteur de recherche externe, celui fourni en interne étant une parodie humoristique de moteur ou une liste à la Prévert.
b/ les sites d’apparat, destinés à faire tourner la boutique d’un copain (à la sauce faisons-simplet, France.fr et compagnie). Ceux-là n’ont, en réalité, aucune espèce d’objet ou d’intérêt, si ce n’est d’amuser la galerie.
c/ les sites qui veulent absolument apporter quelque chose au citoyen qui n’a rien demandé. Dans celui-là, on retrouve celui de la HADOPI. Et on trouve celui du Défenseur des Droits (si, si, ce machin existe).
Et là, mes petits amis, c’est un festival, parce qu’à côté d’une mission relativement bien définie qui consiste à aider les citoyens qui en font la demande à faire valoir leurs pléthores de droits divers et variés, le Défenseur des Droits semble s’être fermement mis d’accord avec lui-même pour reformater le citoyen dans un sens plus câlin à grand coup de petites vidéos flash dont la niaiserie est si agressivement dégoulinante qu’elle mérite d’être mieux connue.
Bien camouflé dans le sabir douillet et habituel des bureaucrates en mal de justification, le nid de Câlinosaurus Rex se trouve ici, dans les « Actions de Sensibilisation et de Formation » ; l’idée est de présenter quelques thèmes sympathiques de lutte contre les vilaines discriminations, les méchants stéréotypes et les abominables inégalités de la vie quotidienne en trois grande catégorie : dans la vie courante, dans l’éducation et au sein des entreprises.
Ce sont des modules de e-learning : le cobaye citoyen cliquouille sur différents objets et apprend plein d’idées révolutionnaires sur pourquoi on ne peut pas virer une femme enceinte, comment c’est trop du stéréotype de dire qu’un type habillé en costard travaille probablement dans la banque, la finance, ou l’informatique, et pourquoi il faut s’ouvrir aux élèves qui font partie d’une Famille Itinérante, par exemple et sans limitation (l’imagination est aux commandes, les lolcats ont pris le pouvoir, go !)
Certains, parmi vous, ont cliqué sur l’un des liens dont je viens de truffer la phrase précédente. C’était méchant, je vous l’accorde, j’aurais dû prévenir, mais parfois, il faut jouer la surprise. Et cela permet de constater, en prise directe, ce qui est fait effectivement avec nos sous pour Défendre Les Droits Du Citoyen, ce qui a été proposé pour Former Le Citoyen. Et il eut été dommage de passer à côté de ces modules d’elearning manifestement destinés à des hydrocéphales baveux de 3 à 5 ans.
Comment ne pas goûter à la joie primesautière de la découverte d’HarmonieVille, dans laquelle un gros ballon bleu nous explique ce qu’est un gros vilain stéréotype et de la discrimination qui tache en prenant le citoyen moyen pour un demeuré technobranchouille (ce qui n’est pas un stéréotype, hein) ? Je vous encourage à jeter un œil (consterné) à ce module pour le plaisir inénarrable d’écouter le « Ouhlala, on nage en plein stéréotypes » et recevoir une médaille « Ami de l’Égalité » qui fera, j’en suis sûr, s’embrumer votre œil (consterné).
Comment ne pas tressaillir d’horreur de joie à la découverte des différents chapitres sur l’éducation, et la vision caramel (i.e. très sucrée, molle et collante) des jeunes modernes retranscrite dans ces réalisations en provenance directe d’un univers parallèle où les chatons et les licornes se font des papouilles en roulant dans l’herbe ?
Comment ne pas ressentir cette profonde gêne allégresse, provoquée tant par les graphismes acidulés, les jingles musicaux tintinnabulants et les slogans ciselés dans une mièvrerie ruisselante, lorsqu’on se tape même quelques secondes du module consacré aux entreprises et qui aurait dû s’adresser au départ à des employeurs probablement adultes et avec un QI normal et qui réussirait le pari de mettre en exaspération des enfants de huit ans ? (Rassurez-vous, aucun enfant de huit ans ne verra jamais ces modules qui, s’il n’y avait pas un petit billet comme le mien de temps en temps pour se moquer, seraient déjà totalement oubliés de tout internet.)
On rigole, on s’amuse, mais s’il faut convenir qu’on ne peut pas être sérieux tous les jours, force est de constater que ces modules, malgré toute l’affolante débilité qu’ils concentrent en une quintessence de festivisme écocitoyen multiculturel turbo-intégré, finissent par avoir un impact non négligeable dans la vie de tous les jours. Ils sont la représentation la plus brute, la plus dépouillée, la plus mièvre et puérile de la tendance générale de la société française à s’enfoncer tous les jours un peu plus dans la bouillie idéologique qui sert de fil conducteur aux étatistes pour asseoir leur domination intellectuelle.
Grâce aux karchers de bons sentiments ouverts à plein régime, nos élites sont en train de violemment décaper ce qui pouvait rester d’esprit critique chez les Français, à commencer, bien sûr, par les intérimaires et autres stagiaires qui nous gouvernent. Ainsi, on n’est pas surpris de trouver le MRAP ou SOS Racisme au premier rang des frétillantes associations d’abrutis toujours prêtes à partir à l’assaut des discriminations fantasmées et autres « dérapages » verbaux plus ou moins hallucinés qu’ils se trouvent en fond de commerce.
Le dernier cas en date est plus que cocasse à ce titre : Valls ayant eu l’idée médiatique d’émettre un vague avis au sujet des Roms, le MRAP, choqué qu’un ministre de la République puisse avoir ainsi une opinion, a jugé nécessaire de l’attaquer.
Enquiquiné, le premier secrétaire du Parti Officiellement Socialiste et anciennement président de SOS Racisme, un arrière-train nommé Désir, se retrouve dans la délicate position d’essayer de calmer le jeu, chose ô combien inhabituelle pour un semi-habile comme lui. À n’en pas douter, cette situation conflictuelle va encore durer un moment entre ces différents défenseurs du mou et de l’absence d’avis contre une réalité qui a bien du mal à cesser d’exister même si ces gens ont définitivement arrêté d’y croire.
Et à l’aune de cette micro-affaire aussi pathétique que ridicule dans laquelle des socialistes de différents bords se mordillent les baskets en roulant dans l’herbe fraîche de la désinvolture pendant que la crise continue de s’aggraver, on voit que les petits modules à la con du Défenseur des Droits n’ont en réalité rien de fortuit mais participent bien de ce mouvement d’ensemble qui consiste à interdire aux gens d’émettre un avis en passant dès que possible par la case tribunal.
Bien sûr, mieux vaut en rire qu’en pleurer mais au final, la conclusion qui s’impose restera la même : ce pays est foutu.