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Donnons un rêve à la Grèce

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New World Economics
Publié le 13 mars 2012
1453 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 



En 1949, le Japon est en ruine. Quatre ans se sont écoulés depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, mais l’économie du pays demeure moribonde. Les villes les plus importantes, détruites et brûlées durant la guerre, ne sont pas encore en reconstruction. Seuls deux trains par jour circulent sur le plus important réseau ferroviaire du pays, reliant Tokyo à Osaka. L’hyperinflation rend le commerce impossible. Les biens industriels que la guerre ait épargnés, tels les usines et centrales électriques, ont été démantelés par l’armée de l’occupation en tant que ‘réparations de guerre’, et transportées à l’étranger. Le gouvernement précédent a été dissolu, et une nouvelle constitution et un nouveau gouvernement sont établis. La population est au bord de la famine.


Voici ce à quoi ressemblait le commencement de l’une des plus spectaculaires évolutions technologiques du XXe siècle.


En comparaison à ce qu’était la situation au Japon, les problèmes actuels de la Grèce sont dérisoires. Les banques sont insolvables ? Ce n’est là qu’un problème de comptabilité. Assistez de vos propres yeux au bombardement de vos villes, et au massacre de vos jeunes sur les îles du Pacifique... Le gouvernement fait défaut ? Et alors. L’hyperinflation ? Elle n’est pas encore en vue. L’occupation d’un pays par une force militaire hostile ? Cette situation ne fait aujourd’hui partie des inquiétudes de personne.


Rien de bien méchant ne s’est jusqu’alors abattu sur la Grèce. Le défaut et l’insolvabilité ne sont rien qu’un simple ajustement de bilans financiers. Pourquoi la Grèce ne pourrait-elle pas surmonter vingt années de dépenses excessives, comme le Japon l’a fait dans les années 1950 et 1960 ?


De nombreuses personnes acceptent le fait que les conséquences de ces dépenses excessives se manifesteront inévitablement par une génération entière de stagnation et de déclin. C’est en réalité une situation relativement commune. Il n’est pas rare de voir des pays ayant autrefois été prometteurs s’effondrer pour ne jamais vraiment se relever. L’Argentine, fut un temps, était le pays le plus riche du monde – son nom lui-même signifie ‘pays de la monnaie’. Il n’en est pas moins qu’aujourd’hui, elle a du mal à être reconnue en tant que ‘marché émergeant’.


Qui sait, les Etats-Unis sont peut-être aujourd’hui sur le point de subir le même déclin ?


J’ai souvent répété que la formule magique pour le succès économique n’est autre que ‘faibles taxes + monnaie stable’. Aujourd’hui, il semblerait que la Grèce fasse tout le contraire. Les citoyens du pays appellent à la création d’une nouvelle drachme, dont le seul objectif semble être la dévaluation. L’unique raison pour laquelle instaurer une nouvelle monnaie serait que cette dernière puisse apporter plus de stabilité et être plus fiable que l’Euro. Qu’en est-il des taxes ? Le gouvernement Grec ne cesse de les augmenter, bien que le seul résultat qui semble en découler soit une détérioration de l’économie et une hausse de la fraude fiscale. Cela ne permet pas uniquement une réduction des rentrées fiscales, mais rend également les citoyens de plus en plus dépendants face aux services sociaux et aides de l’Etat, avec des dépenses gouvernementales impossible à réduire.


La Grèce est aujourd’hui en chemin vers vingt années de détérioration. C’est du moins ce que tout le monde croit.


Son destin pourrait néanmoins être différent. La reprise du Japon a commencé avec un rêve s’étant développé parmi les hommes politiques et la classe des affaires. Dans leurs esprits, le Japon finirait par renaître de ses cendres et devenir une nation prospère.


Ce rêve déboucha rapidement sur l’élaboration d’un plan d’action. La situation de 1949, faite d’hyperinflation et d’augmentation incessante des taxes, n’allait simplement pas de pair avec l’idée d’un Japon prospère. Les dirigeants du pays ont donc pris des initiatives en ce sens.


Le Japon n’avait alors virtuellement aucune ressource. Son économie consistait en grande partie de la subsistance du marché noir. Ses rentrées fiscales étaient négligeables, et son émission de dettes impossible. Dans la mesure où les rentrées fiscales étaient bien inférieures aux besoins du gouvernement, ce dernier imprima de la monnaie, et accepta les conséquences que cela impliquait.


L’une des premières décisions que les hommes politiques prirent fut de rendre l’émission de dette par le gouvernement illégale. Il en fut ainsi jusqu’en 1965. Ils refusèrent également toute aide économique.

 

En 1949, ils lièrent le yen à l’or, ce qui mit immédiatement fin à l’hyperinflation.


Ils éliminèrent ensuite la taxe à la consommation (taxe sur les ventes nationales).


En 1950, le calendrier de rentrées fiscales fut révisé. Le taux maximal d’imposition chuta de 85 à 55%. Plus important encore, le niveau de revenu pour lequel ce taux d’imposition était applicable augmenta significativement. Ce taux s’appliquait originellement aux revenus supérieurs à 500.000 yens. En 1957, le taux de 55% fut appliqué aux revenus supérieurs à 10 millions de yens, soit à des revenus vingt fois supérieurs à 500.000 yens.


En 1951, intérêts et dividendes étaient imposés à des taux inférieurs aux impôts sur les revenus. En 1953, les gains sur capital furent exemptés de toute forme d’imposition. Les intérêts sur les revenus furent taxés à hauteur de 10% ; et les entreprises se virent offrir de nombreux privilèges, sous forme d’exemptions, de déductions et d’amortissements. En 1955, les intérêts sur les revenus furent à leur tour exemptés de taxes.


Tout au long des années 1950-1960, le gouvernement du Japon avait un objectif spécifique : maintenir les rentrées fiscales et la taille du gouvernement à hauteur de moins de 20% du PIB. Ils pensaient que cela serait favorable à la croissance du secteur privé. Et ils ne s’étaient pas trompés.


Les Japonais, comme nous le savons, ont formé leur richesse au cours de ces années. Les riches sont plus en mesure de payer des impôts que les pauvres. Entre 1950 et 1970, les rentrées fiscales du gouvernement central furent multipliées par 16, le tout en yens liés à l’or.


Alors que le pays devenait de plus en plus riche, et que son PIB grandissait, les services que le gouvernement pouvait se permettre de fournir grâce à 20% du PIB augmentaient également. Les aides sociales et médicales furent améliorées. Les chemins de terres furent pavés. Des réseaux de distribution d’eau furent créés. Aucun conflit n’existait entre le gouvernement et le secteur privé. Les deux secteurs devinrent prospères simultanément.


Cette histoire est très connue des amateurs de ce type de situation. Si quelqu’un se pose la question – comment produire une avancée économique ? – et entreprend suffisamment de recherches, il finit toujours par trouver une réponse qui ne soit ni complexe, ni obscure.


La réelle question est la suivante : Pourquoi certaines personnes trouvent aisément la réponse à cette question, alors que d’autres semblent s’y désintéresser complètement ? Pourquoi certains désirent avancer et font tout en ce sens, comme les dirigeants du Japon en 1949, alors que d’autres se lancent tête baissée vers des générations de détérioration ?


La Grèce pourrait aujourd’hui adopter une attitude similaire. Elle se doit simplement de se donner un objectif : devenir prospère. Puis d’élaborer un plan. Elle pourrait décider d’adopter un plan d’action similaire à celui des réformes d’impositions ayant été adoptées en Albanie et en Bulgarie et qui semblent fonctionner parfaitement. Elle devrait trouver un moyen de créer une monnaie stable – soit en gardant l’Euro, soit en utilisant une forme de monnaie alternative. C’est ce que l’Allemagne met en œuvre en ce moment même, en préparant le lancement d’un Euro Nordique, dans l’éventualité où la mauvaise gestion de l’Euro par la BCE devenait inacceptable.


La taille du gouvernement devrait être limitée, peut-être à 20% du PIB si l’on suit l’exemple du Japon, voire même à moins, comme par exemple à 14% du PIB, comme c’est le cas à Singapour. Elle aurait ensuite à ajuster le nombre d’employés du gouvernement et leur compensation de manière à pouvoir offrir des services de la manière la plus efficace qui soit.


Pourquoi ne pas se débarrasser de la TVA à 23%, juste comme ça ? C’est ce qu’a fait le gouvernement du Japon, dans le même temps qu’il rendait l’émission de dette illégale !


Ne voyez-vous pas la différence entre grandeur et médiocrité ?


C’est ainsi que cela fonctionne. Fixez-vous un objectif. Elaborez un plan d’action. Et rendez les choses possibles. Il semblerait malheureusement que même le Japon ait aujourd’hui oublié comment faire. Il semblerait qu’il se soit lui aussi embarqué pour une vingtaine d’année d’épreuves.


Si la Grèce adoptait un plan tel que celui-ci, dans le même temps que le reste de l’Europe continue de cheminer vers la destruction, nous pourrions nous rendre compte dans vingt ans que les prédictions d’aujourd’hui auront été fausses.


En l’an 2032, nous pourrions découvrir que la Grèce est devenue le pays le plus riche d’Europe.




Nathan Lewis


 

 

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Nathan Lewis est l'auteur de Gold: the Once and Future Money, publié par Agora Publishing et J Wiley. Il est le directeur de Kiku Capital Management.
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Le poids de l'etat à 20% du PIB, voire 14 ! à combien sommes nous, plus de 50% sauf erreur. Pour une randonnée, j'irais moi aussi bien plus vite et bien plus loin avec 14 ou 20 kilos dans mon sac à dos plutôt qu'avec 50, voire davantage !
Pour avoir vécu 3 ans au Japon, je pense pouvoir affirmer que les mentalités ne sont quand même pas très semblables. Il faut évidemment encourager les Grecs pour qu'ils s'en sortent, mais le grand nettoyage s'impose si l'on veut par exemple qu'ils commencent à payer des impôts...
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LOUIS L. - 13/03/2012 à 14:17 GMT
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