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L'économie
Chinoise est vue par certains observateurs comme le moteur possible de la
reprise mondiale, tirant l'occident dans son sillage. D'autres, au contraire,
estiment que les théories du "découplage", entre une
Chine qui poursuivrait sa marche en avant, alors que le reste du monde serait
en crise, ne tiennent pas la route. Comme d'habitude, il y a autant de
scénarios que d'économistes. Essayons d'y voir plus clair.
D'abord, les bonnes nouvelles
Dans
une interview, ou plutôt une "conversation à bâtons
rompus", pour l'institut Turgot, avec Henri Lepage, Charles
Gave, financier établi à Hong Kong, se montre optimiste pour
l'avenir à long terme de la Chine (vidéo
- la partie sur la Chine ne commence qu'après 13 minutes).
Selon
lui, la Chine a compris que son rebond passerait par un développement
des échanges intérieurs et avec la zone commerciale de
l'extrême orient, la plus peuplée du monde, avec 3 milliards
d'individus dont la marge de progression en terme de richesse est
considérable. Elle met donc tout en oeuvre pour parvenir à
former une sorte de marché économique commun asiatique,
utilisant ses réserves de changes pour aider ses voisins les plus
pauvres à développer leurs infrastructures d'échange
avec elle. Et surtout, elle se prépare à un changement
monétaire majeur: la convertibilité du Renminbi (RMB, la
monnaie chinoise, parfois aussi appelée Yuan, selon les auteurs, et
officiellement Yuan
Renminbi, littéralement "la monnaie du peuple").
Nous verrons plus loin pourquoi la convertibilité du Renminbi peut
être extrêmement bénéfique pour l'économie
chinoise, contrairement à ce que dit la presse mainstream qui
n'y voit qu'une menace pour les entreprises exportatrices.
Ajoutons
que, selon M. Gave, la Chine utilisera la mutualisation des forces
régionales pour en maximiser les fruits par l'échange, ce qui
éloigne le spectre de tout conflit avec Taïwan, par exemple.
Taïwan dispose d'une classe managériale formée qui manque
à la Chine. Depuis la normalisation croissante des relations entre les
deux pays, de nombreux taiwanais travaillent à shanghaï pour les
entreprises chinoises, qui ne s'en portent pas plus mal. La Chine normalise
également ses relations avec le Japon, en vue, entre autres, de
développer les échanges technologiques avec leur voisin. Un
commerce développé est le meilleur garant de la paix, les
adversaires de la mondialisation et autres protectionnistes de chez nous
feraient mieux de s'en rappeler...
Enfin,
les chinois disposent d'une épargne considérable (50% du PIB),
qui va nécessairement être dérégulée avec
la convertibilité du RMB. Cela fera de Hong Kong, à moyen
terme, l'épicentre de la finance mondiale, devant Londres
sûrement, dans un axe conjoint avec Wall Street.
Toutes
ces informations sont évidemment de nature à rendre très
optimiste pour l'économie de l'Asie orientale à moyen et long
terme. Mais à court terme, l'économie chinoise ne risque-t-elle
pas de traverser des turbulences ? Seront elles modérées ou
sévères ?
Maintenant, les mauvaises nouvelles
A
long terme, l'évolution positive de l'économie Chinoise
évoquée par Charles Gave fait sens. Toutefois, à court
et moyen terme, de nombreux autres observateurs de l'économie chinoise
observent que cette économie avance aujourd'hui sur le fil du rasoir,
car elle est plombée par de nombreux déséquilibres
conjoncturels et structurels.
Or,
comme aux USA, des politiques économiques et monétaires
inopportunes sont la cause de ces déséquilibres, même si
ces politiques furent différentes. Les deux leçons sont les
mêmes : On ne soumet pas impunément la monnaie, le
crédit, et les contrats, à l’arbitraire politique.
Les chinois inquiétés par la FED (mais
ils l’ont bien cherché)
Les
dernières
déclarations d’un officiel chinois, Cheng Siwei, ancien
vice président du parti, aujourd’hui ambassadeur
itinérant de l’économie chinoise, montrent à quel
point les politiques chinois, au moins hors de leurs propres
frontières, se montrent à la fois lucides, pragmatiques, mais
aussi très embarrassés.
M.
Chieng a déclaré, lors d’un symposium au lac de
Côme, apparemment sans langue de bois:
que: "l’or était tout à fait une
alternative au dollar, mais que les Chinois ne pouvaient faire que des achats
mesurés pour ne pas déséquilibrer les cours",
que "Si la Fed continuait à créer des dollars
à partir de rien pour racheter des bons du trésor, alors le
dollar chuterait et l’inflation aux USA réapparaitrait sous une
à deux années",
que "la Chine ne pouvait se désengager brutalement,
mais que désormais, les recettes de changes supplémentaires
seraient diversifiées en Yen, en euro, autres devises et or",
et que "le flot d’excédents commerciaux chinois
avait aussi provoqué des bulles d’actifs, et notamment
immobiliers, en Chine, et que cette bulle menaçait
d’éclater, avec des conséquences imprévisibles".
Rien
que cela.
Il
conviendra de décrypter plus avant les propos de M. Cheng, plus loin
dans l'article.
Dollar Trap
La
presse économique évoque fréquemment le
"piège", le "dollar trap", dans lequel s’est
jeté la Chine ces 10 dernières années. En convertissant
massivement ses excédents commerciaux en bons du trésor
américain, la Chine se retrouve aujourd’hui piégée
par la politique de surendettement menée par l’administration
Obama et soutenue par la FED par
une politique officielle et rampante de "Quantitative Easing".
Si
la Chine, selon les termes de M. Cheng, arrête d’augmenter ses
encours de dette du trésor US, alors le trésor US perdra un peu
plus de capacité à trouver des clients pour financer
l'augmentation de ses dettes, du moins à un taux
d’intérêt compatible avec la remise en forme d’une
économie malade de surendettement. La FED devra donc poursuivre sa
politique de Quantitative Easing, et de répurgation des dettes du
système financier américain par création
monétaire, ce qui pourrait finir par créer une inflation forte
(pronostic controversé, mais partagé par M. Cheng Siwei), et
donc faire tomber la valeur des bons du trésor à des niveaux
abyssaux.
Mais
si elle continue d’en acheter, rien ne dit que ce sera suffisant, tant
les besoins du trésor US en nouveaux acheteurs de dette
américaine sont immenses. Les réserves de bons de la chine ne
représentent "que" 2000 milliards sur un encours circulant
qui va atteindre prochainement 12 000 milliards et plus : les
achats chinois ne sauraient donc à eux seuls garantir la
solvabilité de l’état américain, ne feront pas
disparaître le spectre d’un recours au Quantitative easing, et de
tensions sur la valeur de la monnaie… Par conséquent, se
surexposer en obligations du trésor US aujourd’hui paraît
suicidaire, surtout que 2 000 milliards de dollars représentent tout
de même, aujourd'hui, près de 50% du PIB Chinois.
Ceci
dit, la banque de Chine peut elle réellement cesser de se renforcer en
dette libellée en dollars ? Nous y reviendrons plus tard.
Zugzwang
La
Chine n’a pas de bonne décision à prendre, elle
s’est mise dans une situation où elle devra choisir, entre deux
maux, le moyen de réduire ses pertes.
Ce
que la presse dit peu, c’est que les politiques monétaires du
gouvernement chinois, fondée sur une parité artificiellement
maintenue fixe entre le RMB et le Dollar, ont grandement contribué
à le mettre dans cet embarras, prouvant une fois de plus que la
monnaie est une chose trop sérieuse pour être
gérée sous la contrainte du pouvoir politique. Voyons pourquoi.
Réécrivons l'histoire: Si le RMB avait
flotté ?
Dans
un régime de monnaies à cours flottant, c'est à dire
fluctuant sur un marché international de devises au gré de
l'offre et de la demande de RMB, jamais la Chine n’aurait pu accumuler
de tels excédents, et ce n'aurait pas été plus mal.
En effet, imaginons qu’un fabricant d’ordinateurs de Shanghai
vende pour 200$ de produits à un revendeur américain. Avec ces
200$, il doit payer des salaires, des amortissements d’investissement,
des taxes, des intérêts de prêts, le tout libellé
en RMB.
Si le RMB était une devise de marché, il proposerait ses
dollars (lui ou sa banque) sur ledit marché mondial, et demanderait
des RMBs en échange. Or, comme la Chine exporte beaucoup plus vers les
USA que l’inverse, une telle politique conduirait à un
excès d’offre de dollar et de demande de RMB : le cours du
RMB par rapport au dollar s’inscrirait à la hausse. La perte de
compétitivité monétaire des produits chinois par rapport
aux concurrents payant leurs frais en dollars serait largement
compensée par, d’une part, la baisse du coût d’achat
des matières premières achetées hors de Chine,
libellées en dollars le plus souvent, et d’autre part par la
baisse du coût des investissements nécessaires pour augmenter la
productivité des salariés chinois, sous réserve que des
contraintes politiques et fiscales n’obèrent pas ces
investissements. Nous y reviendrons.
Autrement dit, la hausse du RMB sur les marchés mondiaux des devises
forcerait les entreprises chinoises à gagner en productivité
pour maintenir leurs parts de marché à l’export, mais en
contrepartie, permettrait aux salariés chinois d’importer plus
de biens que la Chine ne peut produire elle-même, ce qui
améliorerait l’offre à laquelle ils ont accès et
donc leur pouvoir d’achat. Les excédents commerciaux de la Chine
se seraient donc réduits, mais cela n’aurait en rien
constitué un appauvrissement pour les chinois.
Rappelons que contrairement à ce que suggère une vision
superficielle des choses, exporter, c’est s’appauvrir, car on
vend en dehors du pays le produit de son travail, généralement
utile, contre de la monnaie, qui n’a d’utilité que
indirecte, alors qu’importer, c’est s’enrichir,
puisqu’on bénéficie du travail des autres, contre de la
monnaie. Dans un monde normal de libre échange, il convient toutefois
que ces dits échanges ne soient pas trop déséquilibrés,
pour que les importateurs nets ne puissent trop longtemps vivre sur la sueur
des exportateurs. Faire l’effort d’exporter ce que
l’on sait faire le mieux est donc l’indispensable contrepartie du
pouvoir de s’enrichir en important ce pour quoi les étrangers
sont plus efficaces. Mais si une nation exporte plus qu’elle
n’importe vis-à-vis d’une autre nation, sa monnaie doit
prendre de la valeur par rapport à celle du pays importateur, ce qui
est une juste reconnaissance de la meilleure contribution du travailleur
exportateur à enrichir le consommateur importateur, que
l’inverse.
Mais hélas pour lui et sa population, le gouvernement chinois a choisi
une autre voie, apparemment porteuse à court terme, mais dont les
dangers se matérialisent aujourd’hui. Il a choisi de maintenir
arbitrairement un change fixe par rapport au dollar. Quelles en ont
été les conséquences ?
Conséquence des parités fixes
L’ouvrier chinois est mal payé, car la conversion de son pays
à l’économie de marché, et encore, de marché
très dirigé, est récente, et l’on ne rattrape pas
en 20 ans des siècles de modèles de développement peu
favorables, avec pour paroxysme les années Mao, qui ont
coûté au pays des millions de morts et un désastre
économique parmi les plus dramatiques, même au sein des pays
communistes. Seul le cambodgien Pol Pot a poussé le délire
meurtrier plus loin encore.
Voilà donc un pays où une jeune classe d’entrepreneurs
co-optés par le parti est priée de faire du business pour
sortir le pays de la pauvreté, et où produire ne coûte
rien, car les salariés y sont dociles, intelligents, et mal
payés.
Notre fabricant d’ordinateurs peut donc exporter des milliers de
petites boites qui lui rapportent 200$ chacune. Tout le monde y trouve son
compte. Le revendeur d’ordinateurs américain peut faire des
marges très correctes tout en vendant plus de petites boites beiges
à 500$ que s’il vendait du "made in USA", qui lui
reviendrait 600$ pièces, et qu’il devrait suer sang et eau pour
arriver à les vendre à 800$.
Notre entrepreneur chinois doit payer ses charges en RMB. Il va donc à
sa banque, laquelle va à sa banque centrale, reçoit 200 dollars
moins les frais, et émet toujours la même quantité de
RMBs.
De fait, les cours des monnaies ne se réajustent pas, et la banque
centrale chinoise accumule des dollars et met en circulation des grands
volumes de RMBs.
Ajoutons que l’ouvrier Chinois, déjà appauvri par le
refus de sa banque centrale de voir reconnaître la valeur de son
travail pour l’importateur américain, en laissant
s’apprécier ses Yuans durement gagnés, s'appauvrit une
seconde fois en se voyant refuser la possibilité d’acheter plus
de bons produits étrangers, puisque sa monnaie reste artificiellement
sous cotée.
Voilà qui serait, partout ailleurs, fortement inflationniste. En
effet, les entreprises chinoises produisent massivement pour
l’exportation (donc la chine s’appauvrit), donc la
quantité de production accessible aux chinois est insuffisante par
rapport à la quantité de RMBs mise en circulation : la
politique de changes fixes est donc inflationniste. Mais nous allons voir
qu’en Chine, rien ne se passe comme ailleurs.
Vous me direz que si le patron Chinois à plein de RMBs à
dépenser, il doit en contrepartie être mis sous pression par ses
salariés pour augmenter les salaires, et que de fait, sa
compétitivité va baisser, alors que les anticipations
salariales vont exercer une pression à la hausse sur les prix à
la consommation, incitant alors les patrons chinois à augmenter la
part de leur production écoulée sur le marché
intérieur, ce qui équilibrerait le système.
Et il est vrai que les chiffres d’inflation en Chine sont plus
élevés qu’en occident. Mais pas autant qu’ils le
devraient. Pourquoi ? En Chine, rien ne se passe jamais comme on
l’attend !
Soft slavery
La chine n’est pas exactement une démocratie, et le parti
communiste chinois, même s'il n' plus qu'un lointain rapport avec ce
qu'il était sous Mao, n’ a que peu à faire du bien
être de l’ouvrier de base, pourvu qu'il soit maintenu au dessus
du seuil de douleur provoquant la révolte.
Les ouvriers chinois peu qualifiés, venus massivement des campagnes
pour travailler en ville, sont soumis à un régime
d’esclavage soft décrit abondamment par Thierry Wolton (à
ne pas confondre avec Dominique Wolton), grand connaisseur des
sociétés communistes, dans son dernier opus sur la chine, "Le grand Bluff
Chinois" (2007), dont on peut trouver une
bonne recension ici.
Lorsqu’il arrive d’une campagne, l’ouvrier chinois doit
d’abord obtenir un permis de travail en ville. Ce permis a un
coût forfaitaire, représentant plusieurs mois de salaire
d'ouvrier. Mais en plus, s’il change d’employeur, il devra
racheter un nouveau permis !! Voilà qui n’incite
guère les employés peu qualifiés à faire jouer la
concurrence inter-employeurs en changeant souvent d'emploi !
En revanche, ceux dont les qualifications augmentent suffisamment, ou
suffisamment entreprenants pour devenir leur propre patron, n’ont pas
se problème, car le prix du permis de travail devient
négligeable par rapport à leur revenu.
Notre vendeur d’ordinateurs va donc devoir, avec sa pluie de RMBs,
choyer ses cadres, qui vont encaisser la majeure partie des fruits de
l’exportation, va lui-même bâtir rapidement une fortune
importante, mais en contrepartie, il pourra maintenir ses salariés peu
qualifiés à un niveau de rémunération bas.
Ce modèle se révèle incroyablement inégalitaire,
permettant à une classe de super riches et un groupe important de
classe "moyenne supérieure" de se jeter dans les bras de la
société de consommation, ce qui n’est pas une mauvaise
chose en soi, mais maintenant à des niveaux de vie extrêmement
faibles 75% d’une population de plus d’un milliard trois cent
millions d’individus.
Mais le riche a beau consommer tant et plus, au bout d’un moment, que
faire de tous ces RMBs ?
Une spéculation effrénée
Les chinois sont naturellement épargnants, culturellement parlant,
souvenir des années difficiles. L’épargne
d’aujourd’hui est la promesse d’une vie meilleure demain.
En outre, les systèmes de retraites chinois n’inspirent que
modérément confiance à une population qui se sait
vieillissante. Alors ceux qui le peuvent mettent beaucoup d’argent de
côté, argent qu’il faut bien placer. Mais comme partout,
les marchés chinois (financiers, immobiliers, etc…) sont encadrés
de nombreuses réglementations qui tendent à empêcher les
offres de s’adapter aux demandes.
Notamment, les taux de rémunération servis aux
épargnants sur livret sont strictement limités par la loi, et
tendent à être maintenus artificiellement bas. Les banques ont
donc eu à disposition pendant des années des monceaux
d’argent à prêter à des taux bas. C’est bon
pour l’investissement, me direz-vous ? Et c’est vrai
qu’en première approche, les taux d’investissement en
Chine sont importants. Mais, tout comme aux USA, les distorsions
étatiques à la baisse des taux d’intérêt
accessibles aux entreprises tendent à favoriser des projets hautement
spéculatifs à la rentabilité douteuse, notamment dans
l’immobilier.
Beaucoup de riches ont du capital en excès, et la Chine ne manque pas
d’épargne mobilisable pour financer du crédit
artificiellement rendu bon marché. Il en résulte la formation
de bulles. Bulles d’actifs (la
bourse de Shanghaï est connue pour sa volatilité), et
surtout une bulle immobilière qui est en train d’éclater.
Car dans les grandes cités d’affaires aussi, des immeubles
pharaoniques ont été construits massivement, et ces espaces
peinent à trouver preneur (vidéo).
Selon le LA times, dans la seule ville de Pékin, il
y aurait plus de 10 millions de m2 vacants, alors que seuls
700 000m2 ont trouvé preneur en 2008. 14
ans de stocks ! A Pékin, le phénomène a
été amplifié par les jeux olympiques (vidéo).
Mais des vidéos peuvent être trouvées observent le
même phénomène à Shanghaï ou Ghuangzou, et
selon des professionnels de l’immobilier, dans plusieurs autres villes
d’affaires. Et cela laisse présumer de larges
surcapacités dans l'industrie du bâtiment et de
l'équipement du bâtiment (ascenseurs, chauffages, etc...). Rien
de réjouissant.
La situation ne serait pas meilleure dans le domaine
du logement. En Chine, le sol est toujours la propriété
de l’état, et la gestion des droits à développer
par cet état favorise les bulles immobilières, selon M. Yasheng
Hueng, auteur de "Capitalism
With Chinese Characteristics". Le ratio prix médian sur
revenu médian des logements "middle class" dans les grandes
villes d’affaire atteindrait un facteur 10, soit celui des grandes
villes de la côte ouest des USA avant l’éclatement de la
crise, selon l’interview de M. Cheng citée en début
d’article, qui reconnaît l’existence de cette bulle. Résultat
: les ventes de logements ont chute de 40% en 2008. Mais ni le gouvernement
chinois, ni l’appareil statistique du pays, ne semblent trop expansifs
sur cette bulle.
De plus, il semblerait que les investissements massifs consentis par
l’économie chinoise aient avant tout favorisé beaucoup de
mal investissements mais n'ait contribué à moderniser
l’appareil productif qu'au prix de nombreuses disparités entre
secteurs. En effet, si l’employeur peut maintenir des salaires
artificiellement bas, pourquoi trop investir dans la productivité du
capital ? Notamment, les campagnes et l’agricultures restent
particulièrement archaïques, selon de nombreux observateurs comme
Guy Sorman. Selon Gavekal, la
firme de recherche financière de M. Gave, les inégalités
sont également géographiques: les échanges mondiaux des
chinois reposent à 90% sur 9 régions côtières mais
laisse à la traine l'immense majorité du territoire
intérieur (22 régions sur 31).
Par contre, d'autres secteurs d'activité semblent connaître des
sur-capacités importantes: dans son interview, M. Gave évoque
l'acier. D'autres observateurs de la chine évoquent de telles
surcapacités dans toute l'industrie en Général: dans une
économie tournée vers l'exportation, la chute de la consommation
des principaux clients réduit les carnets de commande et provoque une
sous utilisation de l'appareil productif.
Quelle est l’exposition des banques chinoises à ces
bulles ? Quel effet de levier les chinois ont-ils consenti pour
maximiser le rendement de leurs capitaux investis ? Mystère, le moins
que l’on puisse dire est que l’appareil statistique chinois ne
livre pas grand-chose, du moins en anglais compréhensible. On ne sait
pas très bien si les banques chinoises sont assez solides pour
supporter des défaillances liées à des mal-investissements
de grande ampleur.
Une croissance surévaluée ?
Le plan de relance Chinois,
égal à 14% du PIB sur deux ans (si l’on avait
eu la même chose en France, le plan de relance aurait totalisé
220 Milliards d’Euros ! Il a été vendu à 26,
et en fait plutôt 20), a provoqué une hausse massive des
crédits au premier semestre 2009, où les crédits
émis sur 6 mois ont largement surpassé les octrois des
années entières précédentes ! Bref, la Chine
pratique une politique de fuite en avant dans le crédit. Les chiffres
de croissance annoncés (plus de 6%) sont donc sujets à caution.
Selon le professeur d'économie Michael Pettis, enseignant à
Pékin, -- et présent depuis quelques mois dans ma
blogroll --, les données macro économiques et la gouvernance
des entreprises en Chine sont très perfectibles, ce qui encourage des
marchés très spéculatifs (voir
son post du 31 Août 2009, liens permanents de son blog non
fonctionnels à l'heure du bouclage), faute d'information fiable
(la spéculation n'étant rien d'autre qu'une manifestation de
l'existence d'asymétries d'information):
"For example the stock market was down 6.7%
today, bringing its total decline since August 4 to 23.3%. (...)
Why did the market collapse? Forget about
fundamentals. As I have argued many times before, China lacks the necessary
tools that fundamental investors use (e.g. good macro data, good financial
statements, a clear corporate governance framework, a stable regulatory
environment, a market discount rate) and so no matter what people say, there
are no fundamental investing here. There is only speculation, and the two
things above all that drive the markets are those old speculator favorites,
changes in underlying liquidity and government signaling".
D’ores et déjà, des annonces de sévères
restrictions du crédit bancaire ont été faites au mois
d’Août, laissant
entrevoir le spectre d’un Credit Crunch. Toujours selon M. Pettis,
"Today the mainland newspapers were even more
worrying. Several reported that new loans in August would be just RMB 300
billion, after last months’ new loan total of RMB 356 billion, and RMB
1,231 billion on average during the previous six months.
RMB 300 billion is nothing to sneeze at, especially since that probably nets
out a lot of bills coming due – so that new medium-and long-term
investment is likely to be substantially higher. It is also worth remembering
that August is normally a bad month for new lending – last year net new
loans were only RMB 272 billion.
Still, after the deluge of new lending for the first half of the year, it
clearly represents a significant contraction in the rate of credit expansion,
and if you believe, as I do, that China’s “impressive”
growth rate this year is actually a very disappointing consequence of a huge
fiscal and credit stimulus, any indication that the stimulus will slow down
cannot be good for sentiment."
John Makin, de l'American Enterprise institute, estime quant à lui que
la comptabilité publique chinoise fausse totalement les données
du PIB chinois, notamment en confondant accumulation de stock et ventes
réelles (document
PDF - 8 pages). Ce que confirme une fois encore M. Pettis -- sur son blog, chercher
“14 septembre 2009” -- :
A lot of people, via emails, letters and phone
calls, have been asking me how I can be so pessimist about consumption growth
in China given the spectacular consumption growth figures coming out of China
– 15.4% year to date. An editor who asked me for a piece, after
reading it also wondered if my view – that China’s GDP growth
would be constrained by its consumption growth – was such a worrying
thing given China’s 15% growth rate of consumption.
The problem is that these are not consumption growth figures. They are
retail sales figures. Fair enough, you might think, but the retail
sales growth rate should still be a reasonable proxy for consumption
growth. It isn’t. Among lots of other noise retail sales
figures include government purchases and shipments to retailers even before
these shipments are sold to consumers. That makes it a very
bad proxy for consumption.
Bref, l’administration de l’économie chinoise par
l’état, loin de laisser cours aux forces
d’équilibre à l’œuvre dans des marchés
libres, a produit moult déséquilibres intérieurs, dont
on ne sait s’ils peuvent être supportés par un simple
soubresaut d’une économie dont la tendance haussière se
maintiendrait en toute vigueur, ou si ils vont au contraire plonger le pays
en état de crise pendant plusieurs années, avec des
phases de rémission apparentes suivies de nouvelles périodes de
fièvre.
Mais
ces déséquilibres intérieurs ne sont que la
moitié de l’équation. Ceux qui sont apparus entre la
chine et le reste du monde, et notamment les USA, ne sont pas moins
redoutables.
Exporte ordinateurs contre du vent !
En
2008, patatras, le monde découvre avec stupeur que
l’américain moyen achetait ses écrans plats chinois avec
de la dette qu’il contractait partiellement sans contrepartie en terme
de création de valeur.
L’ouvrier
chinois n’a pas de chance. Car il faut reconnaître qu’il
n’est pas pour grand-chose dans la bulle de crédit
américaine, dont les causes sont massivement endo-américaines.
Certes,
le système financier chinois, dont la banque centrale a
accumulé des dollars, s’est empressé de racheter avec ces
dollars des obligations du trésor américain, dont il
détient 2 000 milliards (pour un PIB de 4 400), ce qui en fait le
premier créancier de l’Amérique. Cela a permis
à l’état américain de financer des
déficits massifs à des taux longs qui sont restés
raisonnables (cf. cette
conférence de Marc Scitivaux), et donc de nourrir
l’économie américaine de dollars bon marché.
Autrement dit, non seulement l’américain s’enrichissait en
important le fruit du labeur chinois, mais il récupérait
à crédit les dollars par le biais de dépenses publiques
dont il ne payait pas l’intégralité du financement, avec
la complicité du gouvernement chinois et des banques de ce pays, que
les intérêts versés par l’oncle Sam contentaient
bien, quand bien même la Chine d'en bas n’en a vu qu'une partie
des fruits.
Aux
USA, la pratique généralisée du crédit
hypothécaire rechargeable, la
distorsion du marché du crédit et du
marché foncier par les gouvernements, et une banque centrale victime du
syndrome (décrit par Hayek) du planificateur dépassé
par les signaux contradictoires, ont fait le reste. Les dollars qui ont servi
à payer les consoles de jeux et les fauteuils en cuir made in China
étaient en partie fondés sur du vent, et non de la
création de valeur réelle.
Et
les banques chinoises (la banque centrale, surtout) se retrouvent avec tout
ce papier sur les bras ! Avec comme perspective de le voir perdre une
grande partie de sa valeur par rapport aux monnaies flottantes, et par
rapport aux matières premières libellées en
dollars !
Peter
Schiff, le financier proche de Ron Paul, qui avait prévu la forme que
prendrait la crise dès 2005, synthétise ainsi avec son
inimitable talent pédagogique l'escroquerie dont ont été
victimes les chinois dans son ouvrage, "crash proof":
Let’s suppose six castaways are stranded on a
desert island, five Asians and one American. Their problem is hunger.
So they sit down and divide labor as follows: One Asian will do the hunting,
another will fish, the third will scrounge for vegetation, the fourth will
cook dinner, and the fifth will gather firewood and tend the fire. The sixth,
the American, is given the job of eating.
So five Asians work all day to feed one American, who spends his day sunning
himself on the beach. The American is employed in the equivalent of the
service sector, operating a tanning salon that has one customer: himself. At
the end of the day, the five Asians present a painstakingly prepared feast to
the American, who sits at the head of a special table built by the Asians
specifically for this purpose.
Now the American is practical enough to know that if the Asians are going to
continue providing banquets they must also be fed, so he allows them just
enough scraps from his table to sustain them for the following day’s
labor.
Modern-day economists would have you look at the situation just described and
believe that the American is the lone engine of growth driving the
island’s economy; that without the American and his ravenous appetite,
the Asians on the island would all be unemployed.
The reality, of course, is that the American is not the engine of growth, but
the caboose, and the best thing the Asians could do would be to vote the
American off the island—decoupling the caboose from the gravy train.
Without the American to consume most of their food, they’d have a lot
more to eat themselves. Then the Asians could spend less time working on
food-related tasks and devote more time to leisure or to satisfying other
needs that now go unfulfilled because so many of their scarce resources are
devoted to feeding the American.
Ah, you say, but that analogy is flawed because in the real world the United
States does pay for its “food” and Asians do receive value in
exchange for their effort.
Okay, then let’s assume the American on the island pays for his food
the same way real-world Americans pay, by issuing IOUs. At the end of each
meal, the Asians present the American with a bill, which he pays by issuing
IOUs claiming to represent future payments of food.
The castaways all know that the IOUs can never be collected, since the
American not only produces no food to back them up, but also lacks the means
and the intention of ever providing any. But the Asians accept them anyway,
each day adding to the accumulation of worthless IOUs. Are the Asians any
better off as a result of this accumulation? Are they any less
hungry? Of course not.
Bref, les banques chinoises, et notamment la banque centrale, risquent de
devoir admettre que la monnaie qui a servi à financer
l’accroissement de la richesse de la Chine d’en haut et du train
de vie de l’américain moyen ne vaut pas tout à fait
autant qu’ils ne le croyaient. Par conséquent, elles vont devoir
enregistrer des pertes massives sur les produits du trésor US
qu’ils détiennent… Et entériner ainsi le vol de
valeur et de richesse dont leur peuple a été victime, en
espérant que celui ci ne comprenne pas trop l'économie...
La Banque centrale chinoise sur le fil du rasoir
La
réaction des autorités chinoises est très
pragmatique : ils annoncent qu'ils ne couperont pas le robinet des achats
de bons du trésor pour les bons venus à échéance,
afin de ne pas provoquer de panique, mais ils ajoutent que leurs
réserves additionnelles de change seront investies dans d’autres
devises et commodités, dont ils moduleront les achats de façon
à ne pas provoquer une trop grande disruption dans les cours.
Ceci
dit, certains observateurs particulièrement bien placés
estiment que les chinois, quand bien même ils le voudraient, ne
pourront pas se dégager si facilement de leurs excédents de
dollars en dehors d'achat de bons du trésor US. S'ils essaient
d'échanger significativement leurs futurs excédents en dollars
contre d'autres devises, ou de l'or, ils provoquent aussitôt un
déséquilbre de marché qui rend ces achats non rentables.
L'achat direct d'actifs américains autres (entreprises, etc...) est
incertain dans un contexte de formation d'une bulle de dette étatique.
Ils ne peuvent donc avancer que sur la pointe des pieds.
Mais en outre, s'ils coupent trop brutalement le robinet aux
américains, ils risquent d'être obligés de
réévaluer brutalement leur monnaie par rapport à un
dollar en difficulté, ce qui serait catastrophique pour une
économie tournée pour un temps encore assez long vers
l'exportation. Sans parler de risques de guerre protectionniste que pourrait
engager l'administration Obama par pure démagogie. Si demain, la Chine
ne vend plus aux américains, ce n'est pas grave pour les
américains qui achèteront plus au Brésil ou au Mexique,
mais ennuyeux pour l'économie chinoise qui dépend beaucoup de ses
exportations, quand bien même la progression de son marché
intérieur est significative. Bref, la Chine, pour l'instant,
dépend plus des USA que les USA ne dépendent de la Chine.
Leur
"chance" toute relative, par rapport à cette affaire,
est que le volume de leur commerce extérieur avec les USA est en forte
contraction: les ménages américains ont beaucoup baissé
leur consommation, donc leurs importations. Les nouveaux
excédents à placer seront donc moins élevés que
par le passé. Il est donc plausible que les chinois puissent mettre la
tactique évoquée par M. Cheng en application, mais très
progressivement, en essayant de ménager tous les équilbres en
jeu. Pas simple.
Sans
doute les déclarations de M. Cheng sont elles plus un message
envoyé aux américains ("ne jouez pas aux
inconscients avec la valeur du billet vert"), qu'une annonce ferme de
désengagement de la dette du trésor.
Bref,
les chinois se sont exposés à de mauvais investissements, et
tentent désormais de limiter les dégâts en douceur. Mais
en ont-ils le temps ? Bien malin qui peut le prévoir.
Rien ne sert de vouloir tricher avec les
mécanismes du marché.
Tout
cela ne serait pas arrivé si le gouvernement chinois avait
accepté de voir sa monnaie fluctuer au gré des variations de
ses excédents commerciaux, et si la petite main de la chaîne
n°18 de l’usine de fabrication de Jeans du quai 5 du port de canton
avait pu négocier en meilleure position sa juste part des profits
engendrés par les exportations, celle déterminée par les
forces du marché libre.
S’il
est une loi à retenir de cette crise, elle pourrait
s’énoncer ainsi : Trichez avec le marché libre,
tentez de le plier à votre volonté politique, et vous serez
toujours encore plus fortement exposé à la loi des
conséquences inattendues, qui, à la proportion de la Chine,
prennent l’allure d’une loi de Murphy au carré.
Car
rappelez-vous : les entrepreneurs chinois n’ont pas
modernisé autant qu’ils l’auraient pu leur appareil de
production, puisqu’ils pouvaient maintenir leurs salaires assez bas.
Ils travaillaient et travaillent encore sur un modèle de production de
très gros volumes avec des marges faibles.
De
fait, lorsque la consommation s’est effondrée aux USA, que
les bateaux fantômes sont restés à quai faute de
commandes à transporter, ces entrepreneurs n’ont pu
s’adapter en douveur à un choc d’une telle
rapidité : Les licenciements et les faillites ont
été nombreuses, et la Chine a vu son chômage
s’accroître de 20 millions d’unités (!) depuis le
début de la crise, selon les
propres termes de M. Cheng Siwei. Là bas, la loi des grands
nombres (la population active est estimée entre 700 et 800
millions...) transforme vite 2 à 3% en pourcentage en un
problème majeur d’adaptation de l’économie.
Or,
malgré son apparente conversion au marché,
l’économie chinoise est encore loin d’être
libérale (cf. L’ouvrage
de Huan Yasheng). On a vu que le marché du travail
était perverti par de mauvaises incitations. Mais en outre, ne devient
pas entrepreneur qui veut, et moult secteurs d’activités sont
encore corsetés par l’état. Le droit de propriété
est une inclusion récente du droit chinois, et dans les campagnes, la
terre reste souvent propriété de l’état, ce qui
empêche l’agriculture de faire tous les progrès
qu’elle pourrait espérer dans un environnement plus libre. Les
politiques économiques tendent encore, souvent par réflexe,
à favoriser les entreprises nationalisées sur le secteur
réellement privé, même si celui ci a pris une importance
considérable dans l'économie chinoise en moins de 20
ans.
Ceci
dit, il semblerait que le gouvernement chinois ait pris la mesure du
problème et tente de "profiter de la crise", comme aurait pu
le dire Tim Geithner, pour moderniser des pans entiers de son économie
encore très dépendants de l'état. Services financiers,
marchés de capitaux, la liste de mesures prises pour moderniser ces
secteurs dans les derniers mois, est impressionnante. Mais comme pour toute
décision politique, elle ne produira ses effets que progressivement,
quand des milliers d'agents économiques se seront adaptés
à la nouvelle donne.
Tout dépendra des progrès du droit
chinois vers la rule of law
Bref,
on se demande bien où la Chine créera les emplois
nécessaires à l’absorption des chocs de l'ampleur de ceux
qu'elle vient de subir, surtout s’ils viennent à se
répéter, ce que l'on ne peut exclure. Elle ne peut en tout cas
plus se contenter d'être l'atelier du monde occidental: le
modèle chinois, fondé sur l'exportation au profit d'une classe
minoritaire, sans enrichissement palpable des trois quarts de sa population,
n'est pas viable quand le reste du monde doit purger d'énormes
excès de dettes issues sans création de valeur en contrepartie.
Le
relais de croissance de la Chine est donc chez elle et dans le bassin
pan-asiatique, et la bonne nouvelle, c'est que le pouvoir chinois le sait. Si
le gouvernement libéralise réellement son droit, et notamment
son droit de propriété, son droit économique et son
droit du travail, cela permettra alors de faire fructifier pour le meilleur
la formidable épargne des chinois, permettant de substituer à
la demande étrangère atone pour quelques années un boom
du marché intérieur et du marché pan-asiatique en train
de se constituer. Une convertibilité du RMB sur un marché de
devises flottant serait de ce point de vue un signe positif, quoique
insuffisant.Il conviendra d'observer si la prévision de Charles Gave
sur ce point se matérialise dans les 3 à 5 ans.
Mais
le gouvernement chinois a-t-il la moindre velléité
d’abandonner une part importante de son contrôle sur sa
population ? C'est sans doute là le point le plus crucial qui
déterminera la trajectoire future de la Chine. Et là, bien
malin celui qui peut prévoir, et rien ne dit que le Parti communiste
chinois marche d'un seul pas quant à la réponse à cette
question. Si elle est positive, alors, passée une phase de difficile
restructurations pour purger les erreurs des années récentes,
l'avenir sera rose. Sinon, il sera bien plus chaotique.
Quant
à ce que l'avenir de la Chine réserve au reste du monde, mon
pronostic à court terme va dans le sens de celui de M. Siwei: "Mr Cheng said China had lost 20m jobs as a result of
the crisis and advised the West not to over-estimate the role that his
country can play in global recovery". A plus long terme, la
présence d'une zone de forte croissance de plus de 3 milliards
d'âmes sera une opportunité pour le monde, à condition
que les dernières stupidités protectionnistes de l'Europe et
des USA (la taxe carbone aux frontières, le Waxman Markey Bill et les
campagnes "buy american") ne soient que des paroles en l'air et ne
deviennent pas des politiques réellement mises en oeuvre. L'hypothèque
protectionniste serait la pire des voies à choisir
pour le monde occcidental.
Rien
ne sert de se raccrocher à de faux espoirs. Quel que soit son destin,
la croissance de la Chine ne sera pas la locomotive de la reprise
économique du monde occidental. C'est en nous mêmes que nous
devons rechercher les ressources nécessaires à notre sortie
de crise.
Vincent Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent
Bénard, bientôt la quarantaine, a une formation
d'ingénieur et est un ancien militant syndical de Force
Ouvrière, passé graduellement au libéralisme entre 94 et
2000, ayant fini par déduire de ses multiples expériences
personnelles et professionnelles que l'intervention de l'état ne
résolvait que rarement les problèmes de société
qu'elles prétendait combattre, mais qu'elle était au contraire
en grande partie le problème.
Vincent Bénard est Président de l'institut Hayek
(Bruxelles) et Senior Fellow de Turgot
(Paris), deux thinks tanks francophones dédiés à la
diffusion de la pensée libérale, et sympathisant des deux seuls
partis libéraux français, le PLD et AL.
Publications
:
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen",
2003, La doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec l’aimable autorisation de
Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent
Bénard.
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