Le saviez vous ?
Il y a encore peut être beaucoup de pétrole dans le sous-sol
Français. Nous ne serons jamais le Koweit, mais de nombreux
géologues estiment que les progrès dans les techniques de
forage permettraient de mettre au jour des gisements non négligeables
non pas pour les grandes compagnies pétrolières, pour
lesquelles un forage doit atteindre une masse critique élevée,
mais des petites compagnies indépendantes, l'équivalent des
"wildcaters" américains, qui exploitent des petits filons
avec des coûts de structure faibles pour être rentables.
Hélas, en
France, une administration tatillonne met en danger cette filière. Les
durées nécessaires à l'obtention de permis de forer (en
général, deux ans) remettent en cause le retour sur
investissement d'un forage (pendant
qu'on ne fore rien, les intérêts courent...), et
l'application ultra-rigide d'un code du travail inadapté aux
employés ultra-spécialisés de la filière forage
n'arrange rien. Enfin, la puissance des lobbys écologistes ajoute un
facteur d'incertitude supplémentaire sur tout entrepreneur qui se
lancerait dans cette filière.
Résultat,
une filière de moyennes entreprises florissantes jusqu'au milieu des
années 80 est aujourd'hui sinistrée et presque totalement
partie sous contrôle étranger. Cette
note de l'amicale des foreurs et métiers du pétrole de France
résume les difficultés rencontrées. Extrait:
Les
35 heures : Pendant de longues années, la réglementation
du travail sur les chantiers pétroliers relevaient de la direction des
Mines et par la suite des DRIRE. Celles-ci avaient entériné le
caractère spécifique de cette activité et
n’avaient jamais exigé sa mise en conformité avec la
réglementation, principalement au regard du repos hebdomadaire, un
principe intouchable dans le réglementation française.
Avec
la réduction de la durée hebdomadaire du travail à 35
heures des questions ont été posées et ce qui
était acquis de facto a été remis en cause. Deux
possibilités sont offertes aux sociétés :
-
soit travailler dans la plus totale illégalité, au risque
d’y laisser beaucoup de plumes en cas de plainte ou d’accident
- soit demander une dérogation qui demandera plusieurs mois à
être accordée, sera assortie de limitation de validité
dans le temps et risque d’arriver alors que l’appareil de forage
envisagé n’est plus disponible : autrement dit, retour
à la case départ.
Cette
réglementation est totalement incompatible avec les contraintes du
forage pétrolier et avec la nécessité de faire venir du
personnel de très loin : le repos hebdomadaire n’a pour ces gens
aucun intérêt, la seule chose qui les intéresse
étant d’avoir le plus possible de récupération
à la maison.
L’industrie
du forage fonctionne partout dans le monde depuis des décennies avec
des postes de 12 heures et des systèmes de rotation du type 4
semaines/4 semaines.
Pourquoi la réglementation ne pourrait-elle pas être
adaptée pour tenir compte des contraintes spécifiques à
ce métier ?
Il
est nécessaire qu’une réglementation spécifique
à cette industrie soit mise en place et l’Amicale va
s’employer à faire avancer cette idée.
La
réglementation sur les appareils électriques et les appareils
à pression : Il existe une réglementation sur les appareils
à pression qui empoisonne depuis de nombreuses années les
contracteurs de forage : elle concerne les amortisseurs de pulsation des
pompes de forage. Leur mode de fabrication (soudée) doit être
approuvée par l’Administration, mais le constructeur unique
(Hydril) refuse de livrer ce qu’il considère comme un secret de
fabrication. En conséquence, l’usage de ces bouteilles est
illégal en France.
Un
appareil de forage venant de l’extérieur doit avoir ces
appareils approuvés : comme ceci est impossible, il ne peut pas
travailler sans risquer les foudres de l’administration.
Autre
réglementation, beaucoup plus contraignante : elle concerne les
appareils électriques. Les appareils de forage électriques sont
tous de conception et de fabrication USA et les standards en vigueur
là-bas ne sont pas conformes à la réglementation
française : c’est un problème de conception impossible
à résoudre.
Un
tel appareil peut travailler partout dans le monde, sauf en France :
voilà une aberration de la réglementation qui est très
dissuasive pour un contracteur et qu’il faudrait absolument revoir.
Et oui ! En
France, on n'a pas de pétrole, mais on a l'administration...
Et si on revenait
aux bases du droit de propriété, à savoir confier la
propriété du sous-sol aux propriétaires fonciers
plutôt qu'à l'état ? Ainsi, les forages seraient
d'abord soumis à l'accord entre propriétaires et foreurs, et
effectués par ces derniers sous leur responsabilité en cas de
dommages causés à l'environnement ou au voisinage, sans que
l'administration n'ait à donner d'autorisation préalable. Une
telle philosophie ne découragerait pas l'entreprise tout en
protégeant les tiers contre les abus d'un foreur éventuellement
indélicat.
---
Ps. Et que l'on ne
vienne pas me dire que la propriété du sous-sol par
l'état, ou sa gestion administrative, soient garantes de
l'intérêt général. La façon dont
l'état a géré les effondrements de puits de
mines désaffectées en Lorraine en est
la preuve.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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