Dans un article où j’avais utilisé l’expression « fachosialisme » que vous pouvez lire ici je
faisais part de mon point de vue et de mon analyse qui me conduisait à
formuler l’hypothèse d’une suspension à durée plus ou moins indéterminée de
nos processus électoraux.
Pour tout vous dire, si à mon sens la conclusion risque de ne pas faire
beaucoup de doute (supression des élections), reste à voir les contours des
méthodes qui seront utilisées pour permettre au gouvernement (forcément
gentil et démocrate) d’annuler des élections, sans passer pour de vilains
dictateurs, en tout cas le moins possible!
Et c’est alors que j’en étais là de ma réflexion que je suis tombé sur cet
article exceptionnel de Libération, un grand journal de gôche et très
démocrate tant que vous pensez comme Libération et que vous votez comme on
vous demande de le faire ce qui est une conception parfaitement stalinienne
de la « démocrassie »!
« Pourquoi nous demandons au Conseil d’Etat d’annuler les élections
régionales »
C’est le titre de cet article que je vous invite à lire avec attention. Je
vous passe le raisonnement lumineux qui consiste à prendre les électeurs pour
des abrutis qui votent mal c’est-à-dire pas PS (et FN) ce qui signifie qu’ils
n’arrivent plus à « bien penser » à cause de l’actualité (les
attentats) et que donc pour les protéger d’eux-mêmes il convient d’annuler
les élections!!!! C’est juste exceptionnel en terme de conception de la vie
démocratique.
Il n’y a que les staliniens et les maoistes qui raisonnent de cette
façon-là…
« Chacun doit avoir conscience que maintenir ces élections, les 6 et
13 décembre 2015, serait une faute morale et civique extrêmement grave.
Pourquoi nous demandons au Conseil d’Etat d’annuler les élections
régionales.
Au nom du droit des électeurs français à la sûreté, et au nom de leur droit à
la libre expression du suffrage, nous avons l’honneur de demander au Conseil
d’Etat l’annulation des élections régionales des 6 et 13 décembre 2015.
L’action a été officiellement entamée ce jour.
Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint Denis constituent un
«acte de guerre». Le Président de la République les qualifie ainsi le 14
novembre dans un message radiotélévisé à la Nation. Le 16, lors de son
discours devant le Parlement réuni en congrès, il affirme que «la France est
en guerre». Entre-temps, il décrète l’état d’urgence en application de la loi
du 3 avril 1955, conformément à son article 1er qui le rend notamment
possible en cas de «péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre
public». Saisi pour avis, le Conseil d’Etat confirme le 17 qu’«eu égard à la
nature de l’attaque dont a été victime notre pays et à la persistance des
dangers d’agression terroriste auxquels [le pays] demeure exposé», «la
déclaration de l’état d’urgence, comme sa prolongation pendant trois mois,
sont justifiés».
Le précédent de 1955
On a bien raison de comparer cette situation gravissime à la guerre
d’Algérie. C’est en effet dans le contexte d’alors, sous la menace grave et
persistante d’attentats, qu’est adoptée la désormais célèbre loi de 1955. En
même temps qu’elle crée la possibilité de faire appel à l’état d’urgence et
définit son régime juridique, elle l’instaure pour une durée de six mois. Le
7 août 1955, la menace demeurant prégnante, une nouvelle loi le prolonge
d’encore six mois. Cependant des élections générales sont prévues en Algérie
française le 2 janvier 1956. Le gouvernement décide alors de reporter ces élections,
par un décret du 12 décembre 1955. Le motif de cette décision est frappé au
coin du bon sens: les «circonstances exceptionnelles qui rendent impossible,
actuellement, le déroulement d’opérations électorales libres et sincères». De
fait, «ces circonstances constituent un cas de force majeure obligeant le
gouvernement à prendre, sous sa responsabilité, la décision d’ajourner les
élections prévues pour le 2 janvier 1956»…. blablablablabla vous pourrez lire
la suite directement sur le site de Libé ici
Sinon, vous pouvez aussi, et c’est encore plus passionnant, lire
directement l’intégralité de la requête qui a été adressée au Conseil d’Etat dont on attend
la réponse avec impatience ici.
Encore une fois, l’immense majorité veut croire que tout redeviendra comme
avant, alors qu’au moment où j’écris ces lignes il est fort possible que nous
soyons face à une forme de « coup d’Etat » nom pas militaire mais
d’une classe politique dépassée qui pour survivre préfère confisquer la
démocratie et changer la Constitution ce qui est en cours.
Je vous laisse imaginer ce que l’on dirait si Poutine V, changeait sa
Constitution! Et si les dictateurs n’étaient pas ceux que l’on croyait?
Charles SANNAT