La
saisonnalité s’observe pour toutes sortes de produits et
activités. Le commerce, la
vente, la production, les inventaires, les heures de travail et la période
des soldes sont tous partiellement déterminés par les effets
saisonniers. Il en va de même pour l’or. Les fluctuations de son
prix apparaissent généralement de manière
prévisible d’année en année. Quelle en est la
cause, quelle est l’importance de cette saisonnalité, et comment
pouvons-nous en profiter ?
Deux choses
affectent principalement la fluctuation des prix : l’offre et la
demande.
Pour ce qui
est de l’or, l’offre demeure remarquablement fixe. Le
métal est extrait à un rythme constant au fil de
l’année, les facteurs climatiques et pluviométriques ayant
bien moins d’influence sur la production d’or que sur les autres
marchés, tels que celui des produits agricoles de base. En plus de
cela, l’offre d’un bien issu de l’exploitation
minière ne peut varier que graduellement, dans la mesure où il
faut en moyenne dix ans pour commencer l’extraction de gisements
d’or récemment découverts. La saisonnalité du prix
de l’or doit tout de même être attribuée aux
variations de l’offre et de la demande en or à
différentes périodes de l’année. Et ce dans la
mesure où l’offre peut être augmentée par
l’intervention d’entités non-minières, telles que
la vente de leurs réserves d’or par les investisseurs.
Vous pourrez
apercevoir ci-dessous la tendance moyenne du prix de l’or depuis 1969.
Pour élaborer ce graphique, j’ai simplement additionné
les retours mensuels de chaque année depuis 1969, et les ai
divisés par le nombre d’années étudiées
– soit 43.
Le premier
jour de chaque année est calculé sur une base de 100. Chaque
jour successif est comparé au précédent : si jour 2
est supérieur à jour 1, l’indice augmente en fonction du
pourcentage d’augmentation sur ces deux jours, et vice versa.
La tendance
est claire : en moyenne, le prix de l’or a augmenté chaque
mois au cours de ces 43 dernières années. Cela dit, cette observation
n’est pas utile pour ce qui concerne la saisonnalité du prix de
l’or. Selon ce graphique, il n’existe en effet aucun
‘meilleur’ moment d’acheter de l’or au cours de
l’année, dans la mesure où les retours sur investissement
sont positifs et linéaires. Une analyse plus poussée est donc
nécessaire.
Ce second
graphique dépasse les limites du précédent. En premier
lieu, pour créer ce graphique, je n’ai non pas basé mes
observations sur les 12 mois de l’année, mais sur les 250 jours
ouvrables de l’année au cours desquels l’or est négocié.
La courbe présentée par ce second graphique est donc bien plus
détaillée. Il permet non seulement d’observer la tendance
du prix de l’or de mois en mois, mais également de semaine en
semaine, ou encore de jour en jour. J’ai également basé
mon étude sur 11 années, et non 43, ce qui permet des
informations plus détaillées. Il est inutile de préciser
que le marché de l’or d’avant le développement du
flottement généralisé des monnaies était
très différent de ce qu’il set devenu
au cours de cette dernière décennie. Une étude sur 11
ans permet donc d’en peindre un tableau plus réaliste.
Au cours de
ces 11 dernières années, entre fin avril et début
juillet, le prix de l’or n’a que très peu
augmenté : une moyenne haussière sur cette période
de plus ou moins 1,3%, ce qui correspond à un retour annuel de 6,1% -
en comparaison à un retour annuel moyen de 19% entre 2001 et 2011.
Deux périodes
méritent toutefois notre attention. La période d’Avril
à Juillet, généralement synonyme de faiblesse des cours,
et la période d’Aout à Octobre.
Les mois
d’avril à juillet sont connus sous le nom de marasme estival. Les
traders anglo saxons ont l’adage suivant pour
cette période : « sell in
May and go away ». De nombreuses raisons sont
invoquées pour ce ralentissement estival. Il pourrait correspondre au
départ en vacances de nombreux traders, d’où une forte
diminution de la demande sur le marché. Il est facile de
s’imaginer la manière dont la demande en or est
corrélée à l’activité économique.
L’activité économique ralentissant en été,
il en va donc de même pour la demande en or. Ce ralentissement pourrait
également être dû à la simple perception
qu’ont les traders du marasme estival : ils savent que le
marché devrait rester calme à cette période de
l’année, et évitent donc de prendre des positions importantes.
La phase
haussière des mois d’août et de septembre est un peu plus
simple à comprendre. Cette période de l’année
coïncide avec la fin de la moisson en Asie et en Inde. Les producteurs
agricoles et fermiers de cette région relativement pauvre n’épargnent que
très rarement leurs revenus sous la forme de monnaie papier. Ils
préfèrent traditionnellement investir sur l’or, et leur
nombre entraîne une hausse du prix de l’or. L’Inde est
également le plus large importateur d’or de la planète.
Il existe de nombreuses raisons culturelles à cela, mais il est clair
que l’or occupe une place importante dans la culture indienne. Et tout
particulièrement au cours de la saison des mariages, démarrant
au mois d’octobre, et au cours de laquelle l’or est souvent offert aux
jeunes mariés en cadeau de mariage. Les bijoutiers du monde
développé contribuent également à la hausse du
prix de l’or du mois de septembre. Afin de s’assurer une
production de bijoux suffisante pour le mois de novembre et la période
de Noël, les bijoutiers acquièrent traditionnellement leur
métal entre les mois d’août et de septembre.
Tous les
facteurs cités ci-dessus contribuent aux variations
saisonnières du prix de l’or, et devraient être pris en
considération par toute stratégie d’investissement.
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