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Publié le 18 novembre 2016
1557 mots - Temps de lecture : 3 - 6 minutes
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Rubrique : Editoriaux

Non pas que je cherche à remuer le couteau dans la plaie, mais les Etats-Unis ont craché Hillary Clinton la semaine dernière comme s’il elle n’était rien qu’une boule de poils – le piège étant, bien évidemment, qu’ils aient ensuite eu à avaler le bolus couleur Cheetos que nous connaissons sous le nom de Trump. Voir le smog de suffisance d’Hillary se dissiper en direct sur les chaînes de télévision en a valu la chandelle, le brouillard du « Je suis avec elle / C’est son tour » n’ayant été qu’une couverture pour l’opération de pillage qu’est devenu l’établissement de Washington DC, Fondation Clinton incluse.

Bien évidemment, la nation toute entière est désormais prise d’épisodes émétiques, et éprouve des difficultés à comprendre la signification de tout cela. Pour moi, le grand moment révélateur a été la diffusion du podcast gauchiste State Political Gabfest, lors duquel le modérateur David Plotz a demandé à ses acolytes, John Dickerson (de chez CBS News) et Emily Bazelon (du New York Times) ce que pourrait faire le parti démocrate pour regagner sa légitimité après le désastre électoral. Profond silence sur les ondes. Personne n’a su quoi répondre.

Une idée est alors venue à mon esprit de démocrate depuis longtemps désabusé : abandonner la politique de l’identité pour en revenir à la réalité. Hélas, c’est peut-être trop demander. Pour l’heure, le parti est en ruines, et personne n’a suffisamment de stature pour oser présenter un nouvel ensemble d’idées cohérentes plutôt que de flatter l’égo de groupes de constituants à la recherche de faveurs. Voici mon idée : que diriez-vous de former une opposition au Deep State, à la matrice du racket, à l’empire qui depuis trop longtemps prive notre sphère politique de son élan vital ? C’était jusqu’à présent impossible, parce que le racketteur en chef était au pouvoir et en tête de la liste électorale. Mais aujourd’hui, les dynamiques sont à nues et évidentes aux yeux de tous, et elles nous forcent à nous demander quoi faire ensuite.

L’autre piège, bien évidemment, est que s’opposer au Deep State du racket est exactement ce qu’a promis de faire M. Trump s’il était élu, si tant est que « drainer les marais » veuille dire quoi que ce soit. Il ne l’a jamais vraiment expliqué clairement au-delà de cette métaphore, mais je vous parie que c’est exactement là la raison pour laquelle l’établissement de DC est aujourd’hui si alarmé. Le comportement de Trump au fil de sa campagne est maintenant présenté par les médias comme un véritable coup de génie. Pour moi, il n’aurait pas pu être plus gauche, et je me demande comment un tel gaffeur pourra un jour nous frayer un chemin hors de l’empire du racket et du racket de l’empire. Il commence un peu à ressembler à un homme dans un tunnel, se tenant debout, impuissant, face à la lumière violente d’un train en approche.

M. Trump ne le sait peut-être pas encore, mais sa première tâche sera de gérer la contraction. Ce qui sera fortement problématique, puisque sa plus grande promesse – de refaire des Etats-Unis une grande nation – est basée sur la restauration de l’expansion épique des XIX et XXe siècles. Les temps ont changé. Nous ne vivons plus sur un continent vierge empli d’aubaines, de nappes de pétrole et de terres fertiles ne demandant qu’à être exploitées. A vrai dire, pour ce qui concerne ces ressources, nous sommes quasiment à sec. Et l’économie techno-industrielle bâtie sur ces actifs commence à pencher dangereusement.

Beaucoup espèrent que ce système sera remplacé juste à temps par une économie verte alternative peuplée de voitures électriques alimentées par les rayons du soleil – mais l’idiotie pathétique de la dépendance aux voitures au cœur de cette fantaisie devrait être un indice suffisant du caractère irréaliste de cet espoir vain. La contradiction à laquelle nous faisons face a ses propres mandats, qui n’incluent pas la continuation de l’automobilisme actuel. Et je suis absolument certain que les forces de Trump n’y ont même pas pensé. 

Penchons-nous sur trois problèmes qui s’avèreront déterminants dans la survie des Etats-Unis face aux désordres de la Longue urgence : la financiarisation de l’économie, le fardeau de l’empire et le fiasco de notre modèle de banlieues.

La financiarisation de l’économie atteint déjà son apogée à l’heure où j’écris ces lignes. Les marchés des obligations sont en déclin tout autour du globe. Cela signifie que les risques associés à la dette et depuis longtemps ignorés se retournent contre nous. Et ils feront valser tout ce qui se tient encore debout sur le paysage financier. Les sociétés industrielles ont emprunté à l’avenir dans des proportions grotesques des décennies durant, prétendant toujours que ces dettes étaient des actifs plutôt que des passifs. Cette perception est sur le point de changer, et avec elle, de grosses quantités de patrimoine national disparaîtront. Cela se manifestera au travers d’une hausse des rendements des obligations (et un déclin des valeurs des obligations), d’un effondrement des devises, de fuites de capital, d’urgences bancaires et de drôles de comportements de marchés. Si cela vous semble trop métaphysique, vous pouvez aussi percevoir le tout comme la contraction des économies et la disparition des relations commerciales internationales. Sans oublier le développement de conflits cinétiques, c’est-à-dire de guerres.

Selon moi, ce problème sera à lui-seul capable de surpasser les capacités du gouvernement de Trump. Nous pourrions avoir des problèmes monétaires bien pires que ceux rencontrés par FDR en 1933. Des banques pourront fermer leurs portes, des comptes pourront être saisis, et les affaires de tous les jours pourront se trouver paralysées. Voilà qui nous mènerait rapidement à des soulèvements populaires, à une détérioration générale de l’ordre public et à la paupérisation d’une majorité des Américains. La discontinuité du gouvernement pourrait en être une conséquence politique, ce qui nous mène au deuxième problème : le fardeau de l’empire.

Les Etats-Unis gaspillent leur vitalité à tenter de maintenir un empire global d’intérêts économiques, idéologiques et existentiels supposés. Ce projet malheureux les a non seulement plongés dans des guerres interminables dans des endroits dans lesquels ils n’ont rien à faire, il implique également des expériences irresponsables telles que la promotion de renversements de régimes (Irak, Lybie, Ukraine, Egypte et Syrie) et des exercices de provocation tels que le recours aux forces de l’OTAN pour s’adonner à des jeux de guerre sur la frontière russe. Les coûts monétaires de tout cela ne font qu’ajouter au désordre financier. Régner sur ces pulsions impériales pourrait s’intégrer dans l’agenda de Trump, mais ses propres prétentions impériales suggèrent qu’il puisse même aggraver la situation en confluant la réduction de notre empire et la grandeur qu’il cherche à nous redonner. Les Etats-Unis pourraient se trouver forcés, par les circonstances économiques, de récolter ce qu’a semé leur empire. Le monde est de nouveau en train de s’agrandir à mesure que le globalisme se meurt et que les nations établissent des sphères d’influence plus réalistes. Mieux vaudrait s’adapter à cette nouvelle réalité.

Vient maintenant la question de savoir comment les Américains pourront peupler le terrain disponible : le fiasco des banlieues et de leurs accessoires. Nous devrions oublier ce système. Le grand projet qui attend notre pays est la redistribution du peuple au sein de communautés adaptées aux piétons, le développement d’économies localisées et d’une agriculture de moindre échelle. Que nous l’acceptions ou non, c’est là ce qui nous attend. La question ne sera que de savoir si la transition pourra se faire sans trop de désordre. Comme vous le savez certainement, nos étendues suburbaines représentent aussi de vastes richesses présumées. La valeur investie sur les maisons de banlieue est la fondation même de la structure de nos finances. Et les partis politiques n’ont aucune idée – à l’inclusion des Verts – de comment régler le problème.

Pour commencer, Trump devrait se pencher sur les effets des centres commerciaux sur Main Street America. Ils ont littéralement détruit les économies commerciales locales au travers du pays, emportant par là-même des niches vocationnelles et des rôles sociaux qu’auraient pu jouer les communautés. Il ne pourra pas signer d’édit contre l’empire des centres commerciaux, mais ses associés pourraient commencer à ré-imaginer les réseaux d’échanges et d’activités locaux pour étouffer le modèle commercial actuel, qui est déjà en déclin en raison de l’appauvrissement de ses consommateurs et des problèmes rencontrés par les chaînes de distribution à l’échelle globale. Tout ce qui est susceptible de lubrifier la transition sera bon à prendre.

Cette semaine, nous n’avons plus cessé d’entendre parler de l’orgie de développement d’infrastructures qu’entreprendra Trump. Elle dépendra premièrement des fissures qui lézarderont le secteur financier. J’espère que nous ne gaspillerons pas plus de notre capital sur notre dépendance à l’automobilisme, une addiction qui vit aujourd’hui ses derniers jours. Je propose que Trump se concentre sur la restauration des voies de chemin de fer des Etats-Unis afin que nous puissions au moins continuer d’arpenter notre nation lorsque la grande fiesta de l’automobilisme touchera à sa fin. Voilà qui offrira de nombreux emplois et aura de véritables bénéfices de long terme. C’est aussi un projet envisageable qui pourrait nous encourager ensuite à nous pencher sur les autres secteurs qui réclament notre attention.

Au cas où vous vous poseriez la question, je n’ai pas sauté de joie suite à l’élection de Trump. Je me suis simplement réjoui à l’idée qu’Hillary avait perdu. Il nous faut désormais faire avec.  

 

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James Howard Kunstler est un journaliste qui a travaillé pour de nombreux journaux, dont Rolling Stones Magazine. Dans son dernier livre, The Long Emergency, il décrit les changements auxquels la société américaine devra faire face au cours du 21° siècle. Il envisage un futur prochain fait de crises sociales à répétition, la fin de la Surburbia et du modèle économique associé et une guerre mondiale pour les ressources en énergie. Il prédit la déconstruction des empires européens et américains et pense que, lorsque les convulsions seront terminées, le monde reviendra à un modèle décentralisé et local.
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"J’espère que nous ne gaspillerons pas plus de notre capital sur notre dépendance à l’automobilisme, une addiction qui vit aujourd’hui ses derniers jours. Je propose que Trump se concentre sur la restauration des voies de chemin de fer des Etats-Unis afin que nous puissions au moins continuer d’arpenter notre nation lorsque la grande fiesta de l’automobilisme touchera à sa fin. "

Génial, je ne peux m'empêcher de commenter tout cela !
Enfin, la fin de ce gaspillage planétaire des ressources, va laissez la place à une économie plus sage, relocalisée, pour mettre à bas ces délires de marché mondial inhumain !
"Les Etats-Unis gaspillent leur vitalité à tenter de maintenir un empire global d’intérêts économiques, idéologiques et existentiels supposés"

Comme l'empire romain, l'empire américain est sucé jusqu'à la moëlle par son gigantesque effort d'égémonie mondiale.
Face à la toute puissance du Capital, rappelons cette phrase de Marx dans Critique de l'économie politique :"L'économie c'est de la merde, la politique c'est de la merde"
Et aussi :"A bas l'argent, à bas l'Etat !", "les politiques ne sont que les fondés de pouvoir du Capital".
Et Jacques Chirac (peut-être un grand marxiste devant l'Eternel LOL) : Le communisme (qui n'est en fait qu'un capitalisme d'Etat, que Marx aurait désavoué), et le capitalisme n'ont aucun avenir.
Vivement que cette illusion, pète comme une bulle de savon.
Les américains broient vraiment du noir, mon cher James. Où est-il ce pays de libertés, ce monde nouveau rêvé par les loupiotes (pardon, les Lumières avec un grand L, encore un mythe en voie d'effondrement, qui n'aura pas tenu le dixième de ce qu' a tenu le christianisme qu'il prétendait mettre à bas) ?
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samideano - 18/11/2016 à 09:33 GMT
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