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Entre quelques posts sérieux, une
petite respiration. Je réponds à un "tag" de H16,
le blog anti-dépresseur - parce
que pendant cette foutue crise, qu'est-ce qu'on peut bien se marrer !
- qui me demande d'exhumer mes trois premiers billets politiques. Tout
dépend de ce que l'on appelle politique, d'ailleurs, mais ne
pinaillons pas.
Ce blog est né fin mars 2003. Ne vous laissez pas abuser par la
présence d'une page d'archives pour Janvier de cette même
année, j'y ai seulement mis un post anti-daté pour y stocker le
"best of" du blog.
Le tout premier post dont mes archives gardent trace est une synthèse du livre d'Hernando de Soto, "Le
mystère du capital", ouvrage essentiel mais
qui n'entre pas dans la définition du livre politique. Je pense
toutefois que ce n'est pas le premier post que j'ai écrit, mais que
que les tous premiers posts, qui datent de cette époque, ont du sauter
lors du transfert de ce blog de sa première plate-forme, u-blog, vers
typepad.
Le second billet dont il reste trace, le 9 avril 2003, est
indubitablement politique, puisqu'il célèbre la fin du
régime de Saddam Hussein, alors qu'à l'époque, la France
médiatique et politique résonnait de cris anti
américains, anti israéliens, traitait Tony Blair de bon chien
de garde de l'Amérique Bushiste en Europe, et que les rares
"dissidents" de cette pensée unique pouvant accéder
aux médias, comme Alain Madelin, Arno Klarsfeld, Bernard Kouchner,
Pierre Lellouche, se faisaient littéralement insulter par la bien-pensance
dans notre presse gramsciste.
Ce blog fut d'ailleurs lancé non pas à la suite d'une
démarche réfléchie, mais bien comme une réaction
quasi impulsive à la pensée dominante anti libérale et
anti atlantiste de l'époque.
Je ne dis pas que sachant tout ce que j'ai appris par la suite, je commenterais
les évènements de l'époque avec le même
enthousiasme, mais je ne regrette pas une seconde mon soutien à la
destitution de Saddam Hussein, quand bien même la conduite de
l'après chute ait été pour le moins difficile.
Plusieurs billets suivants ont traité du même sujet, n'y
revenons pas.
Le 14 avril 2003, je
vitupérais le soutien annoncé de Jean-Pierre Raffarin
concernant un plan de sauvetage du jeu Vidéo avec l'argent du
contribuable. Force est de constater que ces pratiques d'arrosage de lobbys
amis avec l'argent des autres n'ont jamais été aussi
répandues 6 ans plus tard.
Enfin, le 18 avril, je
m'interrogeais sur la déliquescence de l'application du droit en
France et tentais une première analyse des causes de cette
déliquescence, dont je copie colle un extrait :
Pourquoi
cette déliquescence ? Les causes sont sans doute
multiples, mais la responsabilité de l'état me paraît
primordiale. En France, l'état a préféré
multiplier ses interventions sociales et économiques, au
détriment de l'exercice de ses fonctions régaliennes.
Lorsque
l'état oublie son rôle dans l'application du droit pour se
concentrer sur l'interventionnisme économique et social, il engendre
un certain nombre d'effet pervers:
·
La crainte pour individu de voir ses droits de
propriété bafoués sans possibilité de recours
efficace va stériliser sa volonté d'investir, ou de faire
fructifier son capital. Dans le domaine du logement évoqué
précédemment, cela se traduit par un désengagement
croissant des propriétaires du marché de la location, plusieurs
millions de logements seraient vides à ce jour en France... Quel
gâchis de capital.
·
L'inefficacité judiciaire créée des
vocations à la délinquance. L'individu évalue son
espérance de gain en fonction des risques encourus, et si cela ne
contrarie pas sa morale personnelle, il choisira les voies de la spoliation
si elles lui semblent plus prometteuses que celles du travail.
·
Plus l'état se donne le pouvoir de redistribuer le
fruit d'importantes ponctions fiscales à telle ou telle
catégorie, plus il créée d'incitation au lobbying pour
appartenir aux catégories bénéficiaires de ces
largesses. Il en résulte une prise d'importance excessive du rapport
de force entre groupes de pression et donateurs publics.
·
L'expression de ce rapport de force peut
dégénérer si la justice se montre incapable de
réprimer les violations des droits de propriétés qui en
résultent, ce qui conduit des groupes à privilégier
l'action violente pour s'approprier des avantages que leur mérite
propre n'aurait pu leur procurer. Mouvements pseudo-syndicaux violents,
revendications communautaristes extrémistes, terrorisme,
prospèrent sur ce terrain fertile.
·
Plus ces comportements d'appropriation imméritée
par pression collective sur l'état deviennent
"légitimes" aux yeux d'une population
anesthésiée par leur répétition, voire leur
"normalisation", plus l'atteinte violente aux droits de
propriété est légitimée dans l'esprit d'un nombre
croissant d'individus. "Pourquoi pas moi si cela marche pour d'autres".
·
Et par conséquent, l'appareil policier-judiciaire se
voit submergé par la constatation de nouveaux cas de violation de la
loi, qu'il se donnera de moins en moins la peine de réprimer.
Par
la faute d'un état qui ne sait plus les faire respecter, violer les
droits de propriété d'autrui devient un mode d'accroissement de
plus en plus ordinaire de son patrimoine.
En
contrepartie, c'est la nation toute entière qui s'appauvrit, celle des
"travailleurs", comme dirait l'autre, celle des artisans, des
commerçants, des petits entrepreneurs, des retraités, des
salariés, et de la masse silencieuse des gens honnêtes
contrainte de subir en silence cet inexorable déclin des valeurs qui
ont fait notre prospérité.
Réduire,
voire supprimer, des pans entiers de notre "welfare state", et
réaffecter une petite partie de ces moyens dans l'efficacité et
l'équité de notre police et de notre justice, ne serait non pas
une régression, mais une immense source de progrès social.
Mon analyse est sans doute aujourd'hui plus mûre, plus aboutie, mais
sur le fond, je n'ai absolument pas changé de point de vue.
Enfin, ce retour en arrière ne serait pas complet sans la note du 14
mai 2003 intitulée "Libéralisme,
définition et courants", qui reste une des
notes les plus consultées de l'histoire de ce blog, même si
aujourd'hui, je la re-rédigerai bien dans un sens plus percutant.
En 6 ans et demi, environ 800 notes ont été publiées,
certaines dont je suis assez fier, d'autres que j'aurais
préféré ne pas avoir écrites, mais il ne faut pas
se cacher ses erreurs, juste plutôt en tirer des leçons.
Me reste à Tagguer d'autres blogueurs pour perpétuer la chaine.
Pas facile.
Au hasard: Aurélien Véron, président du
PLD, Jean-Paul Oury,
qui vient de rebaptiser son blog, et le délicieusement réac' Franck
Boizard.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, bientôt la quarantaine,
a une formation d'ingénieur et est un ancien militant syndical de
Force Ouvrière, passé graduellement au libéralisme entre
94 et 2000, ayant fini par déduire de ses multiples expériences
personnelles et professionnelles que l'intervention de l'état ne
résolvait que rarement les problèmes de société
qu'elles prétendait combattre, mais qu'elle était au contraire
en grande partie le problème.
Vincent Bénard est Président de l'institut Hayek
(Bruxelles) et Senior Fellow de Turgot
(Paris), deux thinks tanks francophones dédiés à la
diffusion de la pensée libérale, et sympathisant des deux seuls
partis libéraux français, le PLD et AL.
Publications
:
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec
Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen",
2003, La doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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