« L’océan
agonise, le plancton a cessé d’exister… c’est les cadavres. Le Soleil vert
est fait de cadavres. Ils nous nourrissent de cadavres. Demain, ils nous
reproduiront tel du bétail pour se nourrir. Dîtes-leur ! Vous devez le
leur dire ! »
Voilà quels ont été les
derniers propos de Charlton Heston dans le film de 1973, Soleil vert...
et voilà qui pourrait ressembler à l’avenir désespéré qui nous attend.
L’océan, d’après ce que
nous pouvons en voir, est à l’agonie – ce qui est donc aussi le cas de nos
réserves alimentaires. Les causes en sont nombreuses, et s’entrecroisent. De
grands nombres d’espèces animales meurent.
Les causes naturelles et
environnementales sont partiellement responsables ; mais il en va de
même pour les corporations humaines, la centrale de Fukushima qui laisse
s’échapper des eaux irradiées dans le Pacifique, les effets cumulés de nos
produits chimiques et déchets agricoles modernes qui dégradent la qualité de
l’eau et perturbent la reproduction animale.
Un récent rapport nous
explique avec des termes clairs que la côte pacifique de la Californie se
transforme peu à peu en désert. Autrefois pleine de vie, elle devient
désormais une terre stérile, et les animaux marins, les oiseaux de mer et les
poissons en meurent. Voici ce que nous dit Ocean Health :
Les eaux du Pacifique,
sur la côte californienne, sont aujourd’hui d’un bleu clair et brillant, si
transparent qu’il est possible de voir le fond de l’eau. Une eau transparente
est une eau qui se transforme en désert, et la réaction en chaine qui est
responsable de cette amère clarté est peut-être plus évidente sur les plages
du Golden State, où des milliers de bébés lions de mer amaigris sont menus s’échouer.
[…]
Au cours de ces trois
dernières années, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a
relevé un nombre accru de mammifères marins échoués sur les plages de
Californie et du nord-ouest du Pacifique. En 2013, 1.171 lions de mer se sont
échoués, et 2.700 se sont déjà échoués en 2015 – ce qui indique que quelque
chose de grave est en train de se passer, puisque les lions de mer les plus
jeunes ne sont habituellement pas laissés seuls jusqu’à la fin du printemps
et le début de l’été.
Un nombre inhabituel de
lions de mer se sont échoués en 2013, et nous devons nous en inquiéter. Tout
indique qu’il y ait eu un problème de disponibilité de nourriture bien avant
que l’océan ait commencé à se réchauffer. « Une telle situation ne
s’était jamais produite, c’est incroyable. C’est si peu habituel que nous n’avons
aucune explication à apporter au phénomène. Il y a des chances que le
problème continue », a expliqué Nate Mantua, chercheur en climatologie à
la NOAA.
Les experts blâment un
manque de nourriture dû au réchauffement des eaux marines. L’eau du Pacifique
est trois à six degrés plus chaude que la normale, comme l’explique Mantua,
en raison de la faiblesse des vents du nord sur la côte ouest. Les vents du
nord influencent habituellement le courant et créent des remontées qui
apportent les nutriments dont se nourrissent les sardines, les anchois et
d’autres poissons dont se nourrissent à leur tour les lions de mer adultes.
Fox News a ajouté ceci :
Le réchauffement de
l’océan réduit certainement les réserves alimentaires des lions de mer –
calamars, sardines et anchois – et, plus au nord, force les mères à
abandonner leurs petits pendant parfois huit jours pour aller leur chercher
de quoi survivre.
Les plus jeunes, selon
les scientifiques, ont un sevrage précoce parce qu’ils sont désespérés et
cherchent à s’en sortir seuls, malgré leur sous-pondération et leur
incapacité à chasser.
[…]
« Ces animaux sont
désespérés. Ils sont en fin de vie. Ils sont en crise… et tous ne s’en
sortiront pas », a expliqué Keith A. Matassa, directeur du Centre
pacifique pour les mammifères marins, qui accueille aujourd’hui 115 bébés
lions de mer.
La même chose peut être
dite des oiseaux de mer de la côte de l'Etat de Washington :
Parmi les débris qui
jonchent les plages de l’Etat de Washington, Bonnie Wood a pu apercevoir
quelque chose de terrible : les corps décomposés de douzaines de jeunes
oiseaux de mer. Pendant sa marche d’un kilomètre le long de la plage du Twin
Harbors State Park dans la journée de mercredi, Wood a pu compter plus de 130
carcasses de Stariques de Cassins – des oiseaux à pattes bleues et de la
taille de la paume de la main, victimes de ce qui est devenu le plus grand
dépérissement d’oiseaux de mer jamais enregistré. « C’était une vision
désolante », se remémore Wood, une volontaire qui patrouille les plages
du nord-ouest du Pacifique à la recherche d’oiseaux morts ou échoués.
« Ils y en avait partout. Tous les trois mètres, je trouvais de nouveau
des corps de ces pauvres petites bêtes ».
« C’est du jamais
vu », a déclaré Julia Parrish, écologiste de l’Université de Washington
spécialisée dans les oiseaux marins, qui contrôle le programme du Coastal
Observation and Seabird Survey Team (COASST), qui contrôle les morts d’oiseaux
marins depuis vingt ans. « Jusqu’à présent, nous avons recensé entre
50.000 et 100.000 cadavres ». (source)
Statistiquement parlant,
100.000 oiseaux ne semblent pas représenter grand-chose. Mais l’historique
des morts animales recensées jusqu’à présent suggère que c’est un nombre
hors-norme. Même le National Geographic qualifie les évènements de
« sans précédent ». Le réchauffement des océans est dit être
responsable de la famine de nombreux mammifères.
L’année dernière, les
scientifiques ont sonné l’alarme suite à la mort de millions d’étoiles de
mer, une mort de masse pour laquelle ont été blâmés le réchauffement de l’eau
marine et un « mystérieux virus » :
Les étoiles de mer sont
décimées par millions sur la côte ouest, ce qui a poussé les scientifiques à
nous mettre en garde contre la disparition localisée de certaines espèces.
Alorsque des virus se propagent, les chercheurs se concentrent sur le
possible lien entre le réchauffement des eaux marines et le nombre d’étoiles
de mer retrouvées mortes. (source)
[…]
L’épidémie, qui menace
de transformer les réseaux alimentaires côtiers et de modifier la faune des étendues
d’eau salées pour les années à venir, semble être la conséquence du
développement d’un virus encore jamais identifié, comme l’ont montré les
recherches d’une douzaine de chercheurs de l’université Cornell, l’UC Santa
Cruz, l’aquarium de Monterey Bay et d’autres institutions. (source)
Les fluctuations de la
température des eaux de l’océan Pacifique, influencées par les cycles
naturels des vents, transforment les populations animales et déciment des
espèces tout au long de la chaine alimentaire, ce qui nous prouve de la
fragilité de l’équilibre de la vie océanique.
Plus récemment, l'effondrement de la population de sardines a été la
cause d’une crise pour les pêches et la vie marine sur la côte ouest :
La pêche commerciale de
sardines sur la côte ouest canadienne est estimée à 32 millions de dollars –
mais la population de sardines est aujourd’hui en extinction. En octobre
dernier, des pêcheurs ont dit rentrer les mains vides, sans avoir pêché un
seul poisson après plus de douze heures d’attente et plus de 1.000 dollars de
carburant épuisé.
Sandy Mazza, du Daily
Breeze, a rapporté un phénomène similaire au centre de la
Californie : « Les sardines ont été si abondantes pendant tant
d’années – elles ont parfois été le poisson le plus trouvé dans les eaux
côtières – qu’il est choquant aujourd’hui de ne plus en trouver une seule en
l’espace d’un été. Et ce bien que ce ne soit pas la première fois qu’elles
disparaissent ».
[…]
« Est-ce lié à El
Nino ? L’oscillation décennale du Pacifique ? A La Nina ? Un
changement climatique de long terme ? De plus en plus de mammifères
marins mangent-ils soudainement plus de sardines ? Les sardines
sont-elles toutes parties pour le Mexique ? Nous n’en savons rien. Mais
nous sommes certains que leur population a décliné. Nous y prêtons une grande
attention parce que nous ne voulons pas nous retrouver avec un nouveau
Cannery Row, alors quand les populations de sardines sont en déclin, nous
réduisons les activités de pêche », a expliqué Kerry Griffin, de la
National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).
Selon un rapport publié
par le Daily Mail, certains évènements ont éliminé jusqu’à 90% de certaines
populations animales, les portant presque jusqu’à l’extinction, et créant
ainsi une rupture de la chaine alimentaire et des écosystèmes.
Les facteurs
environnementaux sont connus pour avoir joué un rôle, la contamination
chimique des eaux rejetées par les usines étant responsable de 20% ou plus
des grandes extinctions de populations animales jamais étudiées. De
nombreuses extinctions ont impliqué des facteurs cumulés.
Les grandes extinctions
animales ont vu leur fréquence accélérer au fil des années depuis ces dix dernières
décennies, selon une récente étude.
Selon les chercheurs, de
tels évènements, qui peuvent voir disparaître jusqu’à 90% d’une population
animale, affectent de plus en plus souvent les oiseaux, les poissons et
les invertébrés marins.
Les raisons de ces
extinctions sont diverses, et leurs effets sont liés à l’Homme, la
contamination environnementale étant responsable d’un cinquième de ces
catastrophes.
Le ruissellement
agricole de Big Agra a introduit des niveaux élevés de fertilisants et de
pesticides dans l’eau, ce qui a créé des zones privées d'oxygène dans lesquelles les poissons et
mammifères marins ne peuvent plus survivre. D’autres conséquences des rejets
agricoles sont les produits chimiques qui influencent le ratio sexuel des
espèces - comme ceux que l’on trouve dans l’Atrazine, qui est utilisée dans
l’agriculture, les antibiotiques et les hormones, mais aussi dans la
production de bétail - ce qui a de lourdes conséquences pour les populations
marines :
Le bétail se libère
d’hormones naturelles – œstrogènes et testostérones – ainsi que d’hormones synthétiques
pour pouvoir grandir et se développer. Dépendamment de leur concentration et
de la sensibilité des poissons, ces hormones peuvent troubler la reproduction
des populations marines ou déséquilibrer leurs ratios sexuels. (source)
Les contaminants
pharmaceutiques sont aussi responsables des transformations sexuelles des
poissons et des réductions de populations marines. Une récente étude a
déterminé que les composants du Prozac transforment le comportement de la vie
marine, et multiplient les chances de voir les
crevettes "se suicider" en nageant vers des zones plus
lumineuses où elles deviennent des proies faciles.
Les fermes piscicoles
ont également introduit de gros volumes d’antibiotiques et de pollution
chimique dans les rivières et les océans :
Les bassins clos dans
lesquels sont conservés les poissons (combinés à leur alimentation peu
naturelle) font que des maladies se propagent parfois très rapidement. Dans
les fermes piscicoles, des antibiotiques sont déversés dans l’eau, voire
injectés directement dans les poissons.
Malheureusement, les
poissons des fermes piscicoles sont souvent conservés dans des bassins dans
l’océan, ce qui signifie que des pathogènes peuvent se développer rapidement et
contaminer les poissons avoisinants – et les antibiotiques peuvent aussi
affecter les poissons sauvages au travers de l’aquaculture et du
ruissellement d’eaux usées. (source)
Les extinctions de masse
d’espèces marines sur la côté brésilienne ont été liées à la pollution due au
déversement d’eaux d’égouts et d’ordures.
Ces quelques derniers
jours, nous avons pu lire que l’extinction de masse des dauphins à bec dans le Golfe du
Mexique est liée à la marée noire de Deep Water Hoziron. Des cas de lésions
de glandes surrénales ont été relevés, une condition rare liée à l’exposition
aux produits pétroliers. Plus d’un cinquième des dauphins ont aussi souffert
de pneumonie bactérienne, une infection pulmonaire mortelle qui est
habituellement très rare parmi les populations dauphines.