Quand on investit dans les métaux précieux, et plus particulièrement dans l’or
et l’argent, il vaut mieux s’orienter sur les pièces car elles
permettent de fractionner ses avoirs en unités de valeur plus facilement
négociables que les lingots. Néanmoins, il existe deux manières d’envisager
ce type d’investissement, selon qu’on souhaite miser en priorité sur le métal
(en anticipant des fluctuations des cours, par exemple) ou que l’on envisage
plutôt de privilégier la rareté ou la nature exceptionnelle des pièces
acquises.
Pour rappel, certaines pièces se négocient en effet plus cher que la
valeur du métal précieux qui les constitue, soit parce qu’elles sont
particulièrement rares, soit qu’elles s’avèrent difficiles à fabriquer, soit
encore qu’elles sont d’une qualité exceptionnelle. Cette différence entre le
prix du métal et le prix de la pièce s’appelle la prime, et
elle peut aller jusqu’à doubler la valeur des métaux contenus. Ainsi, tandis
que certains acheteurs ne jurent que par les pièces démonétisées, dont la
valeur ne tient qu’à leur teneur en métaux précieux, d’autres préfèrent
investir dans des pièces dotés d’une prime sur laquelle il est parfois
possible de spéculer (en revendant par exemple les pièces avec une prime plus
élevée que lors de l’achat initial).
Une tendance parfaitement équilibrée entre avantages et inconvénients
Évidemment, chaque stratégie a ses avantages et ses inconvénients, mais
aucune ne semble véritablement l’emporter sur l’autre : plusieurs sondages
récents réalisés sur différents sites internet spécialisés montrent que la
tendance générale est… parfaitement équilibrée, avec 50% des
acheteurs qui choisissent des pièces primées en priorité, et 50% qui ne
recherchent que le métal sous forme de pièces plus faciles à
transporter et à négocier.
Avec leur extrême pureté (supérieure à 990 millièmes pour
l’argent et 99,5 % pour l’or), les pièces primées ont généralement pour elles
le fait qu’elles sont neuves (ou en tout cas récentes et exemptes de marques
d’usure), d’un poids juste et certifié, très largement reconnues au niveau
international, et certaines sont même dotées de dispositifs d’identification permettant une sécurité et
une traçabilité sans faille. Inconvénients : on peut parfois regretter de
ne pas payer uniquement leur poids en or ou en argent et de devoir consacrer
une partie de son investissement à acheter de « l’intangible » (la
prime), susceptible de fluctuer indépendamment des cours du métal
lui-même. Du reste, en particulier pour les pièces d’argent, si une
pénurie du métal blanc devait se déclarer ou si la demande de l’industrie
devait continuer à croître beaucoup plus vite que la production, il est
probable que les cours explosent… mais que seul le poids d’argent pur
comptera.
De leur côté, les pièces démonétisées, sans prime, ont
l’avantage d’être valorisées sur le seul poids de métal précieux
qu’elles contiennent. Ou plus exactement, qu’elles sont censées
contenir, et c’est peut-être l’un des inconvénients majeurs. En effet, les
pièces les plus anciennes ont souvent une « histoire », un passé au
cours duquel elles ont pu être manipulées, ou en tout cas conservées dans des
conditions aléatoires, avec le risque d’une éventuelle perte de
matière, ou en tout cas d’une dégradation notable. Ainsi, même s’il
existe un cours plus ou moins officiel la plupart des « modèles »,
chaque pièce prise individuellement aura souvent sa valeur propre, dépendant
directement de son état et de son poids exact ; la revente sera donc
fréquemment une affaire de négociation de gré à gré. Néanmoins, certaines
pièces démonétisées bénéficient en France d’une excellente liquidité, comme la
fameuse « Semeuse » par exemple — qu’il s’agisse de la 50
centimes, de la 1 franc, la 2 francs ou la 5 francs —, dont l’alliage lui
assure une grande solidité. Certes, la teneur en métaux précieux de ces
pièces, notamment en argent, est souvent bien moindre que dans les pièces
« primées » (835 millièmes pour les Semeuses), mais comme leur
valeur dépend de ce qu’elles contiennent réellement, ce n’est pas bloquant.
La solution : diversifier
Finalement, la bonne solution consiste sans doute à diversifier ses achats
sur les deux tableaux :
- des pièces à prime dont la notoriété internationale
permettra une liquidité sans discussion, non seulement
en temps normal — avec éventuellement une plus-value sur la prime
—, mais aussi en cas de crise grâce à leur formidable pureté (Eagles,
Maple Leaf, Philharmoniker, Vera Valor… sans oublier les indétrônables
Napoléons en France !),
- et des pièces démonétisées pour leur qualité de réserve
de valeur en métal à moindre coût.
Dans tous les cas, attention toutefois à ne pas se laisser séduire par des monnaies trop pauvres en métal précieux (souvent
trop chères et difficilement recyclables), et surtout à se méfier des
contrefaçons.