La
Commission
européenne préparerait un plan d'investissements de deux cent
milliards d'euros d'investissements publics et privés pour
« réactiver la croissance en Europe », selon le
journal espagnol El
País. Il s’agirait
d’investir deux cent milliards d'euros en infrastructures,
énergies renouvelables et technologies de pointe.
L’article
détaille les deux voies possibles de financement, tandis que la Commission européenne
dément timidement les chiffres avancés par le quotidien
espagnol.
La
première voie impliquerait l'injection, de la part des pays membres,
de dix milliards d'euros au capital de la Banque européenne
d'investissement (BEI). L’état des comptes publics indique que
ce financement passerait évidemment par la création
monétaire.
L'autre
solution de financement serait celle d’un montage financier qui
s'appuierait sur la BEI et le Mécanisme européen de
stabilité financière (MESF). Il s'agirait d'utiliser les douze
milliards d'euros encore non utilisés du MESF comme garantie pour
lancer des projets d'infrastructures publics-privés, et attirer ainsi des
fonds privés qui viendraient renflouer la BEI. Le montage
s'appuierait sur des obligations garanties par l'Union européenne qui
in fine peut créer des milliards de liquidité si
nécessaire…
Dans
tous les cas, il faut avoir une chose en tête : si un certain
nombre de pays européens ont bénéficié du Plan
Marshall au sortir de la deuxième guerre mondiale,
c’était pour reconstruire une Europe détruite par la
guerre. Détruite au sens strict.
La
situation de l’Union européenne est aujourd’hui tout
à fait différente. Quelle guerre a dévasté
l’Europe depuis cinquante ans ? Quels bombardements justifient un
plan de reconstruction d’urgence ? La crise violente qui secoue
les pays de l’Union est justement le résultat d’une sorte
de « perfusion Marshall », qui alimente
artificiellement l’économie depuis bientôt quarante ans,
et plus clairement encore depuis la création de l’Euro. Et
quelle que soit l’ingéniosité des solutions de
financement imaginées, ce plan de sauvetage alourdira
inéluctablement la dette publique, et aggravera la crise au lieu de la
combattre.
Compter
sur les fonds privés devant la sécheresse des comptes publics
ou sur la création monétaire, c’est une fois de plus retarder
le problème en reportant sur l’avenir la dépense
mobilisée aujourd’hui pour financer le Plan. Dépense
à laquelle il faudra bien sûr ajouter les taux
d’intérêts auxquels cet argent sera prêté.
Et
quand viendra l’heure de rembourser, devant des caisses toujours
désespérément vides, il faudra inventer un nouveau
dispositif et trouver des montages de garantie. Dans la tourmente, il y aura
sans doute un économiste inspiré pour proposer d’injecter
massivement de l’argent dans l’économie afin de relancer
la machine avec tous les risques inflationnistes que cela représente.
Comment
comprendre que les échecs à répétition de tous
les plans de relance n’ébranlent jamais les croyances des
économistes keynésiens et des dirigeants politiques
qu’ils conseillent ? Comment observer sans épuisement nos
États attendre que les mêmes causes produisent soudainement des
effets différents ?
Devant
cette troublante obstination, nous répétons
inlassablement :
Non,
les excès du crédit ne seront pas épongés par
plus de crédit ; non, s’endetter ce n’est pas
s’enrichir ; non, quand on crée de l’argent, on ne
crée pas de richesse ; et non, ce n’est pas en dépensant
plus que l’on dépensera moins.
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