En faisant s’abattre une
augmentation d’impôts sur les Français les plus riches et
les grandes entreprises, François Hollande n’a pas
déçu les promesses qu’il avait faites à ses électeurs.
Mais cette façon d’honorer ses engagements en matière de
responsabilité budgétaire n’est pas une solution durable.
Le déficit accablant les
finances de l’État
français est tout simplement trop grand. Les 7 milliards d'euros de
nouveaux impôts ne permettront au gouvernement que de maintenir le
déficit budgétaire sous la barre des 4,5% du PIB en 2012.
Comment pénaliser la réussite peut-elle être la
solution ?
Il est beaucoup plus difficile de
savoir comment le gouvernement trouvera les 33 milliards d’euros
qu’il lui manque pour ramener ce déficit à 3%.
Le gouffre des finances publiques françaises
ne peut être comblé
par des hausses d’impôt seules. François Hollande veut
plus de croissance économique et moins de chômage. En
d’autres termes, il souhaite le retour à la
prospérité. Il n’est pas le seul. La question est de
savoir comment atteindre ces objectifs ?
Il n'y a pas d'exemple dans
l'histoire économique moderne d'un pays qui a réussi à
réduire son déficit budgétaire en augmentant les
impôts à un niveau si élevé. Au contraire, une
telle fiscalité décourage l’activité
économique et conduit à une augmentation du déficit de
l’État.
Vers une réduction des dépenses de l’État ?
Le nouveau Président de la République
devra réduire le niveau des dépenses de l’État, y compris dans des domaines électoralement sensibles mais
extrêmement coûteux pour le contribuable comme les
dépenses de santé et la fonction publique.
On a vu le nouveau gouvernement
accepter un objectif moins irréaliste en matière de croissance
économique. C’est un bon début. Mais François
Hollande n'aurait pas dû limiter sa marge de manœuvre en
s'engageant à maintenir le niveau d’effectif global d’une
fonction publique pléthorique.
A cause de cela, le voilà
forcé d'étendre un gel des
salaires déjà très controversé et de priver les
fonctionnaires de leur système de promotion si baroque. Cette
demi-mesure lui épargnera-t-elle une défaite lors des
prochaines élections locales ?
Le défi de la compétitivité
Le président
français devrait être félicité pour sa
détermination à s'en tenir aux objectifs budgétaires
convenus avec Bruxelles. Après des années de promesses non tenues,
le manque de crédibilité de l’État français est presque aussi grand que son déficit
budgétaire. Mais les promesses de François Hollande ne sont pas
suffisantes. Il doit donner aux créditeurs un plan crédible
à moyen terme.
Son plus grand défi est de
s'attaquer aux obstacles à la compétitivité de la
France. Une grande partie de la protection sociale imposée par
l’État aux Français est
financée par des taxes sur les employeurs et les employés. Un
récent rapport de la Commission européenne a souligné
que le taux d'imposition total sur le travail en France était de 41%,
un des plus élevés au sein de l'Union européenne. Philippe
Varin, directeur général de Peugeot, a estimé
qu’en 10 ans, le coût horaire d'un ouvrier a augmenté de
31% en France, comparé
à seulement 19% en Allemagne.
Pour l’instant, en lieu et
place d’un environnement moins défavorable, les entreprises
françaises s’attendent à des impôts encore plus
élevés et un marché du travail un peu plus rigide.
Certains affirment qu’une
réforme du marché du travail verra le jour en automne,
après concertations avec les syndicats oligopolistiques. A voir.
Lorgnette électorale ou hauteur de vue européenne ?
Avec une solide majorité au
parlement pour soutenir son mandat de cinq ans, il est peu probable que
François Hollande change le cap de sa politique. La
société civile devra donc à nouveau courber
l’échine et tenter de limiter les dégâts.
Mais ce que François
Hollande va réaliser ou non à moyen terme ne concerne pas
seulement la France, mais aussi l'Europe. Sans réformes structurelles de
l’État français, on ne peut
que douter d’une sortie de crise de la zone euro.
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