Bien que je ne
sois pas particulièrement fan de Gordon Brown, force est de
reconnaître qu'il semble parfois comprendre des
phénomènes hors de la compréhension du dirigeant
français moyen. A
moins qu'il ne lise "objectif liberté", mais j'en doute fort.
En effet, Gordon
Brown veut profiter de l'éclatement de la bulle immobilière
britannique (cf. Financial
Times) pour forcer les communes rurales du royaume
à desserrer l'étau sur leur foncier constructible, afin de
maintenir durablement les prix immobiliers dans une évolution
tendancielle proche de celle des revenus des ménages. En effet, en
Grande Bretagne, où l'on se cache moins les problèmes que chez
nous, plusieurs rapports (Barker (pdf), Taylor)
ont mis en évidence le rôle de la sur-réglementation du
foncier constructible dans la formation de bulles immobilières et la
volatilité des prix du marché immobilier, volatilité
tellement néfaste au bon fonctionnement du marché du
crédit hypothécaire, comme nous le constatons.
Certes, la
législation en préparation ne concernerait que les communes
rurales, certes, elles ne constitue qu'une extension des limites des
ceintures urbaines instaurées par le Town and Country Planning Act de
1947, renforcé en 1965, et non leur suppression. Et certes encore, la
réforme proposée reste fortement empreinte de logique
planificatrice. On est très loin d'une réforme de large libération
foncière telle que celle que je propose dans mon livre.
Mais il s'agirait
tout de même d'une avancée intéressante dans un pays
où les gains théoriques de pouvoir d'achat sont
régulièrement massacrés par la formation
de bulles immobilières qui absorbent l'essentiel
des gains financiers des ménages.
Ce mouvement, que je conseillais moi même il y a quelque semaines
à notre gouvernement (sans espoir, bien que j'aie des lecteurs au cab' de
la reine Christine) est habile: en effet, libérer le
foncier au sommet d'une bulle laisse craindre une réaction très
négative des propriétaires établis qui voudront
protéger à tout prix la valeur affichée de leur bien,
fut elle artificiellement gonflée. Mais une fois que
l'éclatement de la bulle de crédit a ramené les cours de
l'immobilier au plus bas, les incitations des propriétaires à
monter au créneau contre un tel projet sont bien moindres: la
libération foncière ne peut alors être tenue pour
responsable de la perte de valeur des logements.
Espérons
que M. Brown puisse mener cette importante évolution
législative à son terme.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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