|
Voici
un extrait détaillé d’une conférence que j’ai
tenue en janvier à Cheviot, sur le thème de la monnaie saine.
Bien que cette conférence soit
officiellement appelée « Discussion sur les métaux
précieux en tant que monnaie », je préfère l’intituler
« Guide pratique et argumentaire pour la remonétisation de
l’argent ». Vous pourrez consulter la présentation de
cette conférence ici. Je vous
présente ci-dessous un extrait de la troisième partie, selon
moi la plus importante.
En ce qui me concerne, je ne suis pour le moment pas
formellement favorable au retour à un étalon or ou argent. La
raison à cela est que je ne souhaite pas que les nations
développées et dominantes monopolisent et fixent de
manière formelle le cours de ces métaux précieux comme
elles le font déjà de manière informelle, du simple fait
de la nature instable et conflictuelle de leurs systèmes financiers.
Il serait selon moi préférable d’adopter,
avec l’aval de l’Etat, une monnaie de confiance à cours
flottant, pouvant être utilisée en parallèle à
toute monnaie à cours forcé actuellement en place sous les
divers régimes monétaires.
On pourrait ainsi parler de « remonétisation »
de l’argent, mais pas de l’imposition formelle d’un
étalon or ou argent. Ceci aurait deux avantages importants : la
possibilité de pouvoir dévaluer ou réévaluer de
manière informelle la monnaie nationale à cours forcé
grâce à un système sain permettant à
préserver la richesse individuelle et à promouvoir
épargne et accumulation d’investissements productifs du capital.
Un pays pourrait également choisir de traiter le gain (ou la perte) de
valeur de sa devise comme étant non imposable, procurant ainsi une
certaine aide à la population au cas où la banque centrale se
permettait d’imprimer davantage de monnaie ou de pratiquer un
quantitative easing. Cela serait assez similaire
à la situation actuelle, si ce n’est que cette monnaie
représenterait un moyen d’épargne bien plus fiable et
plus pratique aux yeux des populations. Le système des métaux
précieux actuel est en effet grandement abusé par l’utilisation
de positions courtes non couvertes et d’un levier financier papier,
abus provenant notamment des banques déjà à l’origine
de la dévastation du système financier mondial.
J’imagine que le cartel
anglo-américain et ses amis du gouvernement s’opposeront
à cette idée, puisqu’elle est assez inamicale envers le
contrôle absolu du système de papier monnaie et le processus de
confiscation des richesses sous la forme d’inflation, de taxes et d’escroqueries.
Je pense cependant que le pouvoir de ce cartel a atteint son apogée,
et qu’en raison de ses trop nombreux excès, il est en train de
se laisser submerger par un raz-de-marée. Si ce système venait
à être adopté, personne ne sentirait le vent changer,
puisqu’il est basé sur un processus de changement lent.
Je pense
sincèrement que cette proposition offrira une opportunité
unique au pays qui le premier sautera le pas, puisqu’une monnaie
métallique à valeur flottante peut aussi bien être
utilisée pour les transactions publiques et privées au sein d’un
pays que dans toutes les autres régions du monde. Après tout, l’une
des premières monnaies utilisées dans la nouvelle
Amérique fut le dollar espagnol, pièce d’argent de huit Reales, d’où l’expression « pièce
de Huit ».
Grâce au développement des
technologies modernes permettant une limitation des fraudes et l’utilisation
de matériel simple pour identifier les pièces de monnaie,
certains pays chanceux pourraient s’établir comme les
premières nations à introduire une monnaie alternative saine
pour eux-mêmes ainsi que pour le monde entier, face à un
système post Bretton Woods
en dislocation, pour le plus grand bénéfice de leurs citoyens.
Je n’imagine pas les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne
innover en ce sens, puisque pour les raisons citées plus haut, ils
résistent tous deux à tout type de changement. Il est plus
probable que le pays innovateur se trouve être l’un des pays
émergeants, tels que le Mexique, l’Inde, le Venezuela, la Russie
ou encore la Chine ; ou peut-être encore une
confédération de pays ou d’Etats agissant pour le
bénéfice de leur peuple face au puissant lobby bancaire de New
York ou Washington.
Selon
moi, cette situation est importante du simple fait de la perte
de confiance dont souffre actuellement le dollar US, ainsi que de l’instabilité
d’un régime commercial international proche de l’effondrement
puisque victime d’une corruption financière pernicieuse. Obama
ayant failli à réformer le système monétaire, je
pense que nous en sommes désormais à un point de non-retour.
Je crois fermement en un péril de l’ouest,
particulièrement en ce qui concerne le domaine de la propriété
privée, du fait d’un système bancaire ayant
augmenté son pouvoir grâce à la
dérégulation et au marché libre, ce dernier ayant
été utilisé comme un mécanisme de pillage de la
richesse des nations. Une expropriation à large échelle, rendue
possible par un processus coercitif hautement contestable et frauduleux,
pourrait parfaitement être envisageable. Une épargne
détenue en termes de données digitales est bien plus simple
à contrôler, escroquer, dévaluer et adultérer.
Je
suis d’avis que la confiance en les marchés financiers est au
plus bas, en dépit des campagnes de relations publiques agressives
conduites par les banquiers, banques centrales et gouvernements centraux
visant à affirmer le contraire.
Il existe donc un besoin réel et
évident, à l’échelle universelle, de
posséder un moyen de stockage et de conservation de richesse. Ce
dernier se doit d’être liquide, mais non sujet aux caprices d’un
système bancaire mafieux et de la ploutocratie financière. Afin
de parvenir à cela, il serait nécessaire de bannir les
positions courtes non couvertes et de forcer les régulateurs du
marché à jouer le jeu en accomplissant le devoir pour lequel
ils ont prêté serment envers le peuple. Mais cela semble bien
trop improbable et facilement corruptible. Une monnaie physique pratique et
très largement répandue apparaît donc comme la meilleure
alternative. La question à se poser n’est alors pas tant « Cela
va-t-il se produire ? » que « Qui sera le premier ? ».
L’ironie de la situation serait portée à son
apogée si un tel mouvement en faveur de la liberté
économique provenait d’un pays non occidental.
Le monde est plongé dans un hiver d’insatisfaction
financière, il est temps de faire se lever le Soleil.
La Conférence de Cheviot sur la monnaie saine,
Une
discussion des métaux précieux en tant que monnaie.
Hugo Salinas Price
|
