L'économiste
Henri Lepage, dont le retour à l'écriture est réellement
une grande nouvelle, revient sur les
phénomènes monétaires qui ont conduit à la
formation de l'actuelle bulle immobilière,
couplée à une bulle du crédit, et à son
éclatement.
Lumineux. La
première synthèse à la fois pédagogique,
brève et pertinente sur le sujet à ma connaissance. Extrait:
Le
rôle des excédents chinois
Le
mécanisme est (en gros) le suivant. Les dollars acquis par la voie de
l’excédent commercial sont cédés à la
banque centrale chinoise qui les replace essentiellement en bons du
Trésor américain. Cet afflux de demande exerce une pression à
la baisse sur les taux d’intérêt de la dette américaine.
Si
les changes flottaient librement, la monnaie chinoise subirait un mouvement
progressif de réévaluation qui ferait monter les prix des
produits chinois vendus en Occident avec, à la clé, une
réduction, voire une disparition des excédents commerciaux.
Mais comme les autorités chinoises refusent toute
réévaluation, et que la valeur du Renminbi reste
rattachée au dollar, ce n’est pas ce qui se passe.
L’accumulation persistante d’excédents a pour effet de
bloquer les taux américains à des niveaux anormalement bas par
rapport à ce qui devrait normalement être le cas.
On
sait ce qui se passe lorsque les taux d’intérêt restent
durablement et anormalement bas. Les banques ouvrent les vannes du
crédit, et les gens s’endettent à qui mieux mieux.
C’est le mécanisme classique du boom macroéconomique. Le
schéma que tous les économistes connaissent.
Mais
la théorie économique autrichienne nous enseigne que le
maintien de taux d’intérêt durablement bas entraîne
aussi un effet qui n’est pas pris en compte par les schémas
macroéconomiques traditionnels. Le maintien de taux anormalement bas
provoque une distorsion de la structure de production. C’est ce sur
quoi Hayek insiste dans son fameux livre écrit au moment de la Grande
Dépression : lorsque le taux d’intérêt est trop
bas, cela fait monter la valeur relative des investissements longs par
rapport aux biens à cycle de production court. Cela favorise les biens
capitaux par rapport aux biens de consommation ; notamment et surtout les
placements et les secteurs d’activité qui recèlent les
potentialités spéculatives les plus grandes.
Donc, comme je
l'ai dit par ailleurs, si tous le sol américain
avait été géré comme celui de Houston ou Dallas,
l'immobilier n'aurait pas "recelé de grandes potentialités
spéculatives", et l'argent prêt à se perdre dans une
bulle serait allé ailleurs. Les perdants de la bulle auraient autant
à perdre, mais ce ne serait pas nécessairement les mêmes
et l'objet de la perte ne serait pas leur maison...
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France,
"Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à
l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose
proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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