À
lire la presse athénienne, les Grecs ont désormais la certitude
d’avoir affaire à des gens sans parole. Le parlement a
voté à l’arraché les mesures exigées par la
Troïka, mais le versement de la tranche d’aide qui en
était la condition reste toujours en suspens. Avec l’aval
discret de la BCE, le gouvernement en est réduit à
émettre des obligations à un et trois mois que la Banque
nationale grecque va acquérir, afin de ne pas faire défaut sur
sa dette le 16 novembre prochain.
Arvind Virmani,
qui siégeait au conseil d’administration du FMI jusqu’au
mois denier et qui représentait le fonds en
Inde, vient de mettre les pieds dans le plat. « La dette grecque ne
peut pas être supportable sans un effacement de dette massif,
qu’on désigne poliment sous le terme de restructuration, quelles
que soient les réformes que le gouvernement grec appliquera »
vient-il d’expliquer. Au passage, il a dévoilé le pot aux
roses : « les nouveaux fonds apportés au pays servent surtout
à rembourser des prêteurs imprudents »
déplore-t-il, en précisant que ce sont ceux dont les
établissements financiers ont quitté en urgence la
Grèce.
Depuis
Athènes, Daniel Cohn-Bendit a expliqué qu’ « il ne
faut pas que la Grèce rembourse maintenant sa dette mais qu’elle
utilise l’argent [des prêts de l’Union européenne et
du FMI] pour des investissements, pour faire redémarrer son
économie et ensuite on va penser comment rembourser la dette ».
Angela
Merkel prépare de son côté son
voyage à Lisbonne de lundi prochain, qui s’annonce
spectaculaire. Une interdiction de l’espace aérien portugais est
envisagée par les autorités et des Portugais ont
commencé à draper de noir toutes les statues de la ville. Le surlendemain
aura lieu une grève générale simultanée des
Portugais, des Espagnols et des Grecs.
À
Madrid, une manifestation spontanée a eu lieu à l’annonce
d’un deuxième suicide lors d’une saisie
immobilière, les Madrilènes scandant « banquiers
assassins! » et « honte, honte ! ». Le FMI, toujours lui,
avait sans doute quelque raison de redouter que «
l’austérité devienne politiquement et socialement
insoutenable ».
Billet rédigé par François
Leclerc
Son livre, Les CHRONIQUES DE LA GRANDE PERDITION vient de
paraître
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