Bon, le mariage homosexuel, c’est fait. L’égalité et la sexualité genrée à l’école, c’est fait, à fond. Retourner à Florange en serrant des fesses, c’est fait aussi. La courbe du chômage qui s’inverse et fait des petits loopings rigolo, c’est bon, c’est fait aussi. Tout est bien en ligne. La croissance repart autant que les impôts baissent, bref, c’est le bonheur. Il est plus que temps de relancer un ou deux chantiers sociétaux.
Bien évidemment, avant de se projeter dans l’avenir et pour pouvoir correctement réenchanter la fiscalité pardon la politique, il faut préparer un peu le terrain. De la même façon qu’il a fallu vendre le mariage homosexuel et le dégenrage à l’école aux masses molles d’un peuple français qui ne demande qu’à être acquis à ces belles causes moyennant une propagande information soigneusement dispensée, il faudra procéder par petites touches subtiles de propagd’information pour tout nouveau chantier qu’on lancera. C’est un peu comme les ponts & chaussées : avant de construire un bel édifice, on travaille le terrain, à coup de pelleteuses s’il le faut.
Et c’est donc en plein milieu des coups de pelleteuses qu’on découvre les nouvelles pistes de réflexion du gouvernement en matière de bidouille sociale débridée. Bien sûr, pour le moment, il s’agit d’organes périphériques, d’institutions orbitales au gouvernement, ou de cette partie molle et sombre de la « société civile », qui pensent à ces sujets. Mais moyennant quelques ballons d’essais lancés dans la presse, toujours complaisante pour ce genre de conneries nouveautés, les constructivistes socialistes sauront convaincre les acteurs de show-business qui nous servent de ministres que la cause est entendue, qu’un petit projet de loi passera comme une lettre d’anthrax à la Poste, et roulez jeunesse : rapidement, le remodelage de la société française aux goûts plus adaptés à leurs lubies pourra reprendre son cours.
Ok, ici, je pourrais sombrer dans la facilité et aller fouiller dans les meilleurs détritus articles que propose Pue89, épave socialoïde de pure-player putassier acoquinée sans honte aux plus grasses subventions étatiques. Par exemple, il me serait facile d’exhiber cet article, sorte de pelure de melon laissée trop longtemps à la chaleur (après tout, je suis protégé, j’ai un masque à gaz, je ne crains pas ces odeurs putrides); il serait ensuite facile de se moquer des âneries consternantes d’une sociologue tentant d’aborder des questions assez gravement économiques (la pauvre, elle n’est visiblement pas outillée), d’autant qu’elle le fait en basant ses gentilles élucubrations pelucheuses sur les travaux d’illustres pipoconomistes comme Piketou Piketty ou un prix Nobel comme Stiglitz (dont le keynésianisme quasi-revendiqué le rend tout indiqué en posologie massive, matin, midi et soir, pour ce pays qui baigne, comme chacun le sait, dans un turbolibéralisme débridé). Avec des « Club de Rome », « croissance zéro », « Grenelle de l’Environnement », on comprend qu’on est en pleine valse des mots-clefs socialaud-compatibles avec des bouts d’éco-citoyen impliqué dedans ; et le Bullshit Bingo est immédiatement atteint lorsqu’on parle des 35 heures :
« l’opération des 35 heures n’a pas été parfaite, parce qu’on n’est pas allé jusqu’au bout. »
… tout comme le communisme n’a pas fonctionné parce qu’il n’a pas été jusqu’au bout. C’est magique, tout y est. Tiens, pour la peine, je vais mettre une image vaguement en rapport.
Mais tabasser ce pauvre article serait trop facile : la réduction du temps de travail en France est un tel vaudeville ridicule que disserter sur ce sujet revient à tirer sur une ambulance. Seuls quelques dogmatiques imbéciles ou d’inutiles idiots y croient encore.
En revanche, deux autres chantiers se profilent à l’horizon qui, eux, n’ont pas eu l’heur d’être mis sur la place publique depuis un moment. Cette absence de médiatisation récente leur offre une semi-virginité pratique (pour information, la semi-virginité n’est pas une oxymore et est même aussi possible que le régime de semi-liberté, surtout de nos jours où l’on peut très bien être en prison et détrousser du citoyen en même temps).
Le premier de ces chantiers est celui de l’âge de la majorité, lancé avec le tact et le doigté d’un hippopotame sous amphétamines par une certaine Dominique Bertinotti. Vous ne la connaissez pas, c’est normal : d’une discrétion qu’on pourrait qualifier de mortelle, muette comme une tombe, elle était parvenue à rester sous le radar de ce blog en réduisant son travail au ministère de la Famille à sa plus simple expression : ne rien faire. Un vide chimiquement pur qui s’est confirmé pendant le précédent lifting général de la société française sous la direction de Taubira, par exemple. Et un néant cosmique qu’elle a donc abandonné au profit d’une tonitruante révélation de son existence : pour elle et son ministère, il faut sérieusement envisager une minimajorité, pardon une prémajorité parce que voyez-vous,
«Il existe actuellement quelque chose d’assez soudain dans les droits que l’on acquiert à 18 ans, précise-t-on au ministère. Ce statut de prémajorité figure dans le cahier des charges du groupe de travail. Il ne s’agit pas de basculer tous les droits de 18 à 16 ans, mais de “grapiller” ce qu’il serait possible de faire dès 16 ans.»
C’est tout à fait mignonnet : comme nos enfants passent subitement de 17 ans et 364 jours à 18 ans, et donc, deviennent littéralement majeurs du jour au lendemain, ça peut choquer les pov’petits. Ou, disons qu’ils ont besoins de se préparer à ça (évitons leur un choc traumatique) et accordons-leur de veauter à 16 ans. Je dis bien, veauter : quel cerveau est plus impressionnable, plus manipulable que celui d’un enfant ? Quel enfant ne se sent pas investi d’une mission et d’une importance nouvelle lorsqu’on lui octroie le droit de décider du sort de toute une nation en glissant un petit bulletin dans une urne, en votant correctement ? Et puis rappelez-vous, les enfants : des gens sont morts (mais si, mais si !) pour ce droit de vote (challenge : trouvez trois noms de bons Français tombés pour l’urne). Alors, après une dizaine d’années à frotter ses fonds de culotte au sein d’établissement scolaires dont la doxa (républicaine, laïque, citoyenne, festive, écoconsciente et solidaire) n’est pas du tout orientée, on comprend que, du point de vue de l’élu et du politocard, il y a tout intérêt à faire voter le plus tôt possible. 16 ans est d’ailleurs encore un peu vieux ; en faisant voter dès 5 ans, on assurera enfin une large assise au président des bisous.
Parallèlement à cette manœuvre assez grossière de Bertinotti qui consiste à la fois à accroître le nombre de gogos électoraux et à occuper le terrain médiatique avec une distribution de droits en carton qui ne coûtent, financièrement parlant, à peu près rien à l’État, on a laissé toute latitude au dernier prétexte féminin socialo-compatible nommé à l’Observatoire de la Laïcité, Dounia Bouzar, pour exprimer les fulgurances colorées qui lui passent par ce qu’elle prétend être un cerveau (à la relecture, cette phrase est trop longue, mais elle élimine justement les personnes dont on parle, incapables de stocker autant de mots dans leur mémoire de court terme ; pratique, non ?)
Tout comme je ne me suis qu’un peu vautré dans la facilité en rigolant grassement sur les âneries de la sociologue de Pue89 qui réclame encore moins de travail (et qui devrait s’appliquer consciencieusement ses préconisations, ça nous ferait des vacances), je renoncerai à cette autre facilité d’éplucher le pédigrée de l’anthropologue (dont le nom réel est Dominique Amina Bouzar, moins glamour et probablement moins laïco-compatible) ou même à noter qu’elle siégea un temps au Conseil français du culte musulman, ce qui laisse planer un petit doute sur sa neutralité religieuse. Non. Je me contenterai de regarder ce qu’elle propose, en l’espèce, de sucrer deux fêtes chrétiennes du calendrier pour les remplacer par deux autres fêtes, Yom Kippour et l’Aïd.
Encore une fois, la consternation se dispute à l’agacement devant cette nouvelle intervention punitive de l’État sous motif d’égalitarisme ratiboisant. Ce genre de saillie déclenche une véritable avalanche de question : quelles fêtes chrétiennes sucrer ? Comment gérer les inévitables collisions (l’Aïd ou Yom Kippour peuvent tomber près d’autres fêtes chrétiennes, et on imagine immédiatement le casse-tête dans les entreprises)? Pourquoi ces deux religions et pas d’autres ? Comment justifier auprès des chrétiens (a priori majoritaires en France) qu’on leur enlève une fête et qu’on ne retirerait pas une de ces merveilleuses fêtes républicaines à la place (1er mai, 14 juillet) ? Pourquoi l’Aïd et pas une autre fête musulmane ? Pourquoi spécialement Yom Kippour ? Mieux : puisqu’on en est à bidouiller les fêtes chrétiennes, pourquoi ne s’attaque-t-on pas aux dimanches ? Après tout, le vendredi et le samedi sont de bons candidats pour un jour de repos, non ?
Bref, le règne de l’arbitraire est ici total alors que d’autres pays ont parfaitement résolu cette question… En retirant les gros doigts gras de l’État (et les recommandations sociétales fumeuses et constructivistes à la Dounia Bouzar) du calendrier : cinq jours sont disponibles en plus des 5 semaines de congés payés, au motif de « fête religieuse », que le salarié répartira comme il l’entend ou que l’entreprise répartira comme elle l’entend. Charge aux adultes responsables de s’arranger ensuite entre eux.
Bien évidemment, il ne s’agit ici surtout pas de laisser des gens se passer des politichinels. Comme le fait de se passer de syndicats, on voit où cela mène. Et comme pour le vote à 16 ans, ou la réduction du temps de travail, petit à petit, nos amis socialistes veulent redéfinir la société. À coups de droits bidons, à coups de lois, à coups de taxes. Puis, lorsque les gens râleront, à coups de matraques.
Ce pays est foutu.