Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Dans la passivité la plus totale de l’ensemble des corps constitués, comme si un immense consensus traversait l’ensemble des sociétés européennes de bas en haut de l’échelle sociale, nous assistons à un véritable massacre social organisé.
N’imaginez pas que je sois favorable à la gabegie financière actuelle et c’est en particulier le cas en France avec une accumulation assez hallucinante d’aides de toutes sortes provoquant un esprit d’assistanat massif. N’imaginez pas que je soutienne des idées « communisantes ». Mais soyons honnêtes, quel est l’intérêt d’une nation, la justification d’un État si ce n’est de protéger ses citoyens et ses ressortissants ? Toute politique y compris économique doit donc être mise au service du peuple et non l’inverse.
Ce véritable massacre social n’est pas uniquement économique et c’est sans doute ce qu’il y a de plus grave et de plus inquiétant.
L’éducation ou plus précisément l’instruction est LE contre-pouvoir à tous les abus !
Il y a un immense paradoxe dans ce qui est affiché par le système et en réalité fait par le système. Publiquement, on vous explique qu’il faut rendre les gens plus compétents et mieux formés pour aborder de façon compétitive notre siècle qui est basé sur « l’économie de la connaissance ». C’est une grande escroquerie car si d’un côté on affiche une ambition internationale importante, la réalité est totalement inversée et jamais nous n’avons vu un tel démantèlement des écoles et de l’instruction partout dans le monde. Dès 2015, aux États-Unis, il n’y aura plus d’enseignement de l’écriture scripturale. En clair, plus besoin d’apprendre à écrire. Or l’instruction sépare les pays développés des pays sous-développés mais l’instruction est aussi la base essentielle de la démocratie. Sans éducation, point de connaissance et de savoir permettant aux citoyens d’exercer leurs droits.
En France, et je vous indique un lien vers le site de TF1, c’est l’éducation nationale – ou ce qu’il en reste tant cette institution marque l’échec volontaire de notre société dans l’ensemble – qui réfléchit doctement non pas à améliorer le niveau scolaire déplorable de nos enfants mais à changer le système de notation des dictées. Nous ne comptabiliserons plus désormais que les mots qui sont bien écrits… et même comme ça, je peux vous garantir qu’il va falloir de très longues dictées pour que certains puissent atteindre la moyenne en alignant 10 mots convenablement écrits (et je ne suis pas un ayatollah de l’orthographe ayant moi-même un niveau nettement moins bon que celui de mes propres parents !). Comme dit ma femme, nous sommes en train de préparer des générations entières de gamins incapables d’écrire, de formaliser et donc de penser mais aussi et surtout de supporter toute contrainte ou échec. L’échec fait partie de la vie et de l’apprentissage. On apprend de ses erreurs. C’est l’erreur qu’il faut dédramatiser, pas l’échec qu’il faut supprimer.
Ce mouvement vers l’inculture n’est pas français mais international
Rassurez-vous, c’est le grand méchant capital qui est à la manœuvre partout dans le monde. Pour être un bon con-sommateur, il faut être assez crétin pour gober le marketing de masse. Il faut donc crétinifier au maximum les populations. Double avantage. D’une part, sans éducation nous ne sommes pas grand-chose et nous sommes incapables de réfléchir ou de nous révolter tant que les gamelles sont pleines. D’autre part, c’est tout bénef pour les bénéfices plantureux de marques qui sont ni plus ni moins que des voleurs autorisés à voler en vous vendant un truc inutile servant simplement d’alibi au fait de vous faire les poches. Ce mouvement est international, si notre pays est largement touché, le pire c’est bien aux USA où la connerie ne connaît plus de limites.
L’Autriche sabre dans l’éducation pour sauver une banque
Néanmoins, la palme revient aujourd’hui à l’Autriche et je remercie le camarade contrarien Gilles, qui se reconnaîtra, d’avoir mis la main sur cette perle tout de même assez révoltante !
C’est un article de La Tribune qui nous apprend que : « Où trouver de l’argent lorsque l’on doit sauver une banque en faillite ? Le gouvernement de «grande coalition» autrichien a une solution : en réduisant le budget de l’éducation. C’est en tout cas la seule parade que Vienne a pour le moment trouvé pour combler le financement nécessaire du «sauvetage» de Hypo Alpe Adria, une banque nationalisée en 2009 et criblée de créances douteuses.
Hypo Alpe Adria (HAA) était une petite banque reprise par la bavaroise BayernLB dans la première partie des années 2000. Basée dans la capitale du Land de Carinthie, Klagenfurt, elle a connu alors une forte croissance dans les pays de l’ex-Yougoslavie grâce à la garantie accordée par le Land, alors dirigé par le populiste Jörg Haider. Mais avec la faillite de Lehman Brothers en 2008, HAA est devenue incapable de se refinancer sur les marchés, alors même que son portefeuille d’actifs se dévalorisait à grande vitesse. En 2009, BayernLB jette l’éponge. Le gouvernement fédéral autrichien nationalise la banque, mais n’agit pas plus avant.
Au fil du temps, HAA devient un cauchemar pour l’Autriche. Les pertes se succèdent, lourdes. En 2013, la banque a encore perdu 2,7 milliards d’euros. En tout, HAA a déjà coûté 3,6 milliards d’euros au budget autrichien. Pour les politiques viennois, il faut faire cesser l’hémorragie. Mais comment ? HAA est invendable en l’état. Quant à la faillite, elle est exclue car elle activerait immédiatement une garantie de la Carinthie de 12 milliards d’euros. Ignorer cette créance reviendrait pour la Carinthie à se déclarer en faillite. Et comme chacun s’attend à ce que l’État fédéral se porte solidaire de ses Länder dans ce cas, le crédit de l’Autriche en aurait affreusement souffert ! »
Où trouver du pognon, se demande l’Autriche ? Simple ! Réduisons le budget de l’école !!
« L’effort a été demandé au ministère de l’Éducation. Sur le papier, les économies ne semblent pas considérables : 57 millions d’euros cette année, 60 millions d’euros l’an prochain. Mais dans la pratique, les effets de ces mesures vont être durement ressentis parce qu’ils touchent directement l’organisation des établissements et la scolarité quotidienne des élèves. L’une des principales mesures concerne ainsi la taille des classes qui est fortement relevée.
Pour simplifier, le nombre d’élève par classe pourra dépasser 30 élèves, ce qui était impossible jusqu’ici. Dans le nouveau projet de collège (Neue Mittelschule, NMS) lancé en 2012 et qui a vocation à devenir la règle l’an prochain, la principale innovation, le travail en équipe de deux professeurs, est réduite d’un tiers par rapport à ce qui se fait aujourd’hui. Surtout, plusieurs parlementaires considèrent qu’il faudra aller plus loin, car ils estiment qu’il faudra 200 millions d’euros d’économies. On pourrait donc avoir un gel des salaires des enseignants ainsi que la remise en cause de l’école tout au long de la journée (Ganztagschule) et de la généralisation de la NMS… »
Hier, je vous annonçais que le G20 voulait prendre des mesures impopulaires et qu’il était temps de le faire. Vous en avez ici un parfait exemple !
La triste réalité c’est que l’on préfère sacrifier l’avenir de nos enfants pour sauvegarder les bénéfices des banques. Le problème en soit n’est pas que l’on passe de 25 à 35 élèves par classe. Le problème ce sont les raisons pour lesquelles on le fait.
Ce sont les banques et le système financier qui ont pris le pouvoir avec les grandes multinationales. Passivement, nous laissons faire. Pourtant, l’ennemi aujourd’hui n’est pas la Russie de Poutine ou Ben Laden. L’ennemi, le véritable, est le pouvoir que nous avons laissé à ces grandes entreprises, qu’elles soient financières ou non d’ailleurs car ces entreprises nous font faire absolument tout et n’importe quoi avec uniquement en tête leurs intérêts financiers propres.
Notre classe politique est internationalement vendue à ces intérêts privés. Il faut s’en débarrasser démocratiquement avant qu’affamés, nous soyons obligés de le faire par une révolution sanglante.
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »