Suite de la première
partie
L’hyperinflation est
un phénomène politique, pas un phénomène
monétaire
Il
est important de noter que l’hyperinflation n’est pas
réellement un phénomène monétaire. Elle est
plutôt un évènement politique engendré par les
gouvernements.
Jeff Harding, du Daily Capitalist, se demande pourquoi une hyperinflation fait son apparition.
Chacun
des épisodes modernes d’hyperinflation que nous avons pu
recenser est né d’une décision politique, non économique.
Dans une majeure partie des cas, une hyperinflation se développe
à la suite d’une guerre ou d’une transformation politique
majeure telle que l’effondrement de l’Union Soviétique, la
montée au pouvoir d’un dictateur ou d’un
socialiste-populiste, ou de toute autre forme d’agitation politique.
Tout au
long du XXe siècle, nous avons pu assister à un certain nombre
cas d’hyperinflations. J’ai consulté la liste
Wikipédia des hyperinflations qui ont été
enregistrées depuis la première guerre mondiale et me suis
penché sur les climats politiques qui les ont engendrées. Ces
climats politiques peuvent être classés selon trois
catégories : perturbations d’après-guerre,
agitations politiques qui ont suivi l’effondrement de l’Union
Soviétique, et régimes socialistes.
Nous savons
par exemple ce qu’il s’est passé en Allemagne après
la première guerre mondiale. Les hommes politiques, pour la plupart
des socialistes, ont fait porter le blâme de leurs problèmes
économiques sur les réparations de guerre tout en imprimant
tant de monnaie qu’une brouette pleine d’argent ne suffisait
même plus à acheter une baguette de pain. Ils n’avaient
littéralement aucune idée de ce qu’ils faisaient.
La
situation politique post-URSS est plus simple à comprendre puisque les
anciens régimes communistes/socialistes se disputaient le pouvoir et
bataillaient avec les politiques économiques. Bon nombre de ces pays
ont réformé (ou ont été forcés de
réformer) leurs politiques monétaires et fiscales.
Un
certain nombre de régimes socialistes-Marxistes étaient des
gouvernements populistes d’Amérique-Latine qui avaient
employé des idées anticapitalistes révolutionnaires pour
fonder leurs politiques économiques. Le Chili et l’Argentine en
sont de parfaits exemples. L’Argentine a traversé de nombreuses
années d’inflation et d’hyperinflation depuis 1980. En
Afrique, de nombreux gouvernements consistaient en une association
d’hommes-forts et de politiques Marxistes. Je ne suggère pas que
ces gouvernements étaient purement socialistes, mais plutôt
qu’ils saisissaient ou contrôlaient d’importants secteurs
industriels et contrôlaient une grande partie de
l’activité économique.
Les cas d’hyperinflations du XXe
siècle ont un dénominateur commun : en période
d’instabilité, les dépenses gouvernementales étaient
utilisées en tant qu’outil politique jusqu’à ce que
la situation devienne hors-de-contrôle. Je comprends parfaitement que
la situation de chaque pays était unique et qu’il est
certainement injuste de mettre l’Argentine dans le même sac
qu’Israël. Mais chacun de ces pays a fait face à des
facteurs politiques qui ont entraîné une instabilité ou
une crise nationale. Leurs gouvernements ont beaucoup dépensé
pour obtenir le soutien populaire et ont eu recours aux presses pour financer
leurs dépenses.
Harding a raison. C’est exactement
comme cela que je vois moi-même les choses…
Le Zimbabwe et Weimar
Au Zimbabwe, le président Mugabe a instauré un
programme de réforme du territoire visant à corriger la
distribution terrestre inadéquate née des lois coloniales. Ses
tentatives d’aider les pauvres aux dépens des plus
fortunés sont à l’origine même des fuites de
capital et de la perte de confiance dont a souffert sa devise.
Ses réformes ont non seulement entraîné des
fuites de capital financier et humain, elles ont également
poussé les Etats-Unis et l’Europe à agir et à lui
imposer des sanctions. Mugabe s’en est donc tourné vers
l’impression monétaire mais, malheureusement pour lui, la perte
de confiance envers sa devise avait déjà atteint son
apogée.
Sous la république de Weimar, l’impression
monétaire visant à financer les réparations de guerre
ont entraîné une hyperinflation. Wikipédia
présente brillamment la situation ici : Inflation in the Weimar Republic.
Il n’est certainement pas impossible que le dollar souffre
d’une perte totale de confiance, mais les chances que cela se produise
sont infimes.
La Fed peut-elle entraîner une hyperinflation ?
Je ne pense pas que la Fed elle-même puisse entraîner
une hyperinflation. Et plus important encore, je suis persuadé que
même si elle le pouvait, elle ne le ferait pas. La raison à cela
est simplement qu’une hyperinflation mettrait fin à son jeu.
·
Une hyperinflation, par définition, détruirait
sa devise et donc ses banques
·
Une hyperinflation ruinerait les plus riches
et leurs placements sur obligations de sociétés
·
Une hyperinflation détruirait la Fed
·
Une hyperinflation ruinerait la classe
politique
Pour
bien comprendre l’impuissance de la Fed, il est nécessaire de
comprendre la différence entre la monnaie et le crédit et
l’importance de la première par rapport au second.
L’hypothèse
d’hyperinflation est complètement absurde
Ceux qui s’attendent à voir
apparaître une hyperinflation sont extrêmement malavisés.
Une hyperinflation est loin d’apparaître.
D’un point de vue politique, aucun pays
n’est sur le point de demander des réparations de guerre aux
Etats-Unis. Les Etats-Unis ne sont pas sur le point de lier leur devise
à une autre, et la Fed est encore moins sur le point d’imprimer
50 trillions de dollars en une seule nuit (ce qui n’aurait de toute
façon aucune importance à moins que le Congrès ne
dépense cette somme dans son intégralité), et le
gouvernement ne prévoit pas de confisquer des terres au point de
causer des fuites de capital monétaire et humain…
Les réserves d’or des Etats-Unis
et le fait qu’ils possèdent les plus importants marchés
de capitaux et d’obligations du monde, couplés à une
facilité d’y monter une entreprise plus grande que dans d’autres
pays du monde, il est impossible qu’une hyperinflation s’y
développe avant longtemps.
L’hypothèse
d’hyperinflation est donc complètement absurde.
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