La semaine
dernière je présentais le
One Man Show totalement décomplexé de Walter, Belge et méchant. Voici un entretien avec
l’humoriste.
Charlotte :
Tu déclares dans ton spectacle que tu as récemment
changé de carrière pour devenir humoriste. Que faisais-tu avant
et qu’est-ce qui a motivé ta décision ?
Walter :
Je faisais du conseil en entreprise et à un moment donné il
m’a semblé que j’avais fait le tour de la question.
J’aime les humoristes depuis tout petit, je regardais les humoristes
notamment Thierry le Luron et j’ai pris très tôt des cours
de Café Théâtre. Je me suis
donc inscrit à un cours de « One Man Show » aux
cours Florent. J’y ai rencontré Stéphanie Bataille (qui
assurait le cours) et qui depuis est devenue mon metteur en scène.
J’ai fait ma première scène à la soirée
« Le
Point-Virgule fait l’Olympia » en 2010 et depuis je joue
mon One Man Show au Point-Virgule principalement. J’ai toujours fait
des choix dans ma vie non pas en fonction des risques mais en suivant ce que
j’aime.
Charlotte :
Dans ton spectacle, tu égratignes pas mal d’institutions dont
Coluche et les Restos du cœur. Lorsque tu as écrit ton spectacle
comment as-tu choisi les sujets que tu voulais aborder ?
Walter :
Je choisis évidemment les sujets qui me font rire. Et ce qui me fait
beaucoup rire dans la vie, c’est de dire ce que je pense sans me
préoccuper de ce que peuvent penser les gens. J’aime
épingler des choses que tout le monde voit mais que personne ne va
relever.
Par exemple,
si dans la salle, quelqu’un a un rire absurde, si je le fais remarquer cela fait rire
puisque tout le monde l’a remarqué. Quand je parle de la mort de
Coluche, je lui rends évidemment hommage et je suis sûr
qu’il aurait adoré. Je crois que tout le monde le comprend bien.
Charlotte :
Les critiques te comparent souvent à Pierre Desproges. Qu’en
penses-tu ?
Walter :
C’est très flatteur. En réalité, le pauvre
Desproges est repris à toutes les sauces malgré lui. Je pense
que si l’on compare mon humour au sien, c’est une façon
d’indiquer au spectateur le type de spectacle qu’il va voir.
Dès qu’il s’agit d’un spectacle à texte, on parle de Desproges, que
j’adore par ailleurs.
Charlotte :
Est-ce que tu te considères comme un humoriste politiquement incorrect ?
Walter :
Non. Je n’aime pas trop cette expression. Elle n’a plus de sens tant
elle a été utilisée pour tout et son contraire. Ce qui
me touche, c’est quand je vois un gars honnête et drôle et
je crois vraiment que « l’on peut rire de tout avec tout le
monde ». Quand on y pense, cette phrase de Pierre Desproges est
bizarre, parce qu’on ne peut pas connaître à
l’avance les opinions d’un public et préparer son
spectacle en fonction de cela. Desproges était assez politiquement
incorrect mais la forme était toujours très
élaborée.
J’ai
tout de même appris à être prudent parce qu’en entendant
la chronique de Stéphane Guillon sur Dominique Strauss-Kahn, je me suis dit qu’il était
vraiment politiquement correct avec son humour puritain pour découvrir
après que ses propos avaient déplu.
Charlotte :
La réaction de la salle est-elle différente suivant les
soirs ?
Walter :
Oui complètement. Il y a des publics très différents. Certains
sont très bobos, d’autres de banlieue, et les réactions
ne sont pas les mêmes. On voit vraiment la différence quand le
public est « corporé », qu’un comité
d’entreprise offre le spectacle aux salariés de
l’entreprise. Il s’agit sans doute du public le plus
politiquement correct parce qu’ils sont encore dans un contexte
professionnel. Leur boss est dans la salle. S’il y a une blague sur les
homosexuels et que quelqu’un rit trop fort, cela peut être mal
pris par exemple. On voit les gens regarder si les supérieurs rigolent
pour s’autoriser à rire aussi.
Charlotte :
Ton spectacle divise d’ailleurs. Tu en joues en le précisant au
moment où cela se produit. Il comporte aussi pas mal de sexe. Est-ce un humour qui fédère plus ?
Walter : Pas
forcément. Le plus dur pour un humoriste, c’est de faire rire
tout le monde. Ce qui me fait plaisir dans les commentaires que j’ai eus
de la part des spectateurs, c’est qu’ils disaient tous
« vous parlez beaucoup de sexe mais ce n’est jamais
vulgaire ». Si on veut faire rire « les bofs et la baronne » en même temps, c’est
un exercice difficile. Les blagues de sexe ne sont donc pas plus fédératrices que
les autres, il faut savoir les amener.
Charlotte :
Tu as eu deux T dans Télérama et tu t’en amuses dans ton
spectacle. Tu as une chronique régulière dans
l’émission de Michel Drucker sur Europe 1 « Faîtes
entrer l’invité » et sur TF1 dans « Vivement
Dimanche ! » Comment le vis-tu ?
Walter : Si
je mentionne les deux T dans Télérama, c’est un petit
clin d’œil parce que les journalistes de Télérama
assistent à tous les spectacles du Point-Virgule. En ce qui concerne
Michel Drucker, il a vu mon spectacle et il a aimé mon style. Il adore
que j’épingle l’invité pour lui dire ensuite
qu’il est désolé. Ce n’est pas tout à fait
la même liberté de ton que sur scène mais il y a beaucoup
moins de censure que ce que l’on croit. Je pense qu’il y a plus
d’auto censure que de réelle censure. J’ai
travaillé avec Stéphane Bern sur « Les fous du
Roi » (France Inter), j'ai rejoint de façon
régulière l'équipe de « Ce soir avec Arthur -
Saison 2 » (Comédie) et maintenant avec Michel Drucker (Tf1
et Europe 1). C’est extrêmement intéressant de travailler
avec lui car il a une grande expérience de la télé.
Charlotte :
Pour finir, cherches-tu à faire passer un message dans ton
spectacle ?
Walter :
Non vraiment pas. J’ai horreur des humoristes qui veulent faire la
leçon. Les artistes engagés sont ennuyeux. Georges Brassens, par exemple, n’était
pas un artiste engagé mais il avait un message. Alors moi, je parle de
ce qui me fait marrer et chacun y prend ce qu’il veut. Evidemment, ma
personnalité transparaît dans mon humour.
Walter, Belge et
méchant est au Point-Virgule chaque semaine.
|