Comme vous l’avez sans doute entendu déjà plusieurs fois, chaque année un
débat agite le monde autour de la clause “d’économie de marché” que réclame
la Chine et que l’Europe comme les États-Unis lui refusent.
Pour être une économie de marché, il faut que l’économie soit relativement
libre. En Chine, ce n’est clairement pas le cas, comme va vous le montrer
sans ambiguïté cet article, puisque le Parti Communiste chinois décide chaque
année des secteurs où l’on peut investir ou pas, si c’est libre ou sensible.
Bref, l’économie chinoise est tout sauf une économie libre. C’est une
dictature communiste avec des pans d’économie libre. C’est un modèle
redoutablement efficace. Peut-être même le meilleur actuellement pour
atteindre un but de domination mondiale.
La semaine dernière, la Chine a mis à jour un document curieux, peu connu
du grand public en dehors du pays : la liste des investissements « sensibles
» et « encouragés ». L’analyse de ce texte permet de comprendre vers où la
Chine dirige son argent.
Si vous êtes Chinois, vous pouvez à présent investir dans les nouvelles
villes ou les réseaux électriques à l’étranger sans restrictions
particulières, tout en comptant sur l’aide de l’État. Vous pouvez également
placer votre argent dans les hôtels ou les clubs sportifs en dehors de la
Chine, mais c’est alors une affaire privée à vos risques et périls. Selon le
quotidien Kommersant.
Ces nouvelles orientations découlent de la nouvelle liste des domaines
d’investissement du capital à l’étranger, publiée la semaine dernière en
Chine.
Ce document précise que pour investir dans un réseau de cinéma ou des
fonds d’investissement, qui plus est dans les médias ou la production
d’armement en dehors de la Chine, il faut obtenir une autorisation
officielle. Ensuite, c’est à vous de gérer. Mais les règles sont différentes
en ce qui concerne, par exemple, l’approvisionnement en électricité de
quartiers ou de villes en dehors de la Chine, ou encore les
télécommunications : vous n’avez alors qu’à avertir les autorités de telles
transactions, et ces mêmes autorités vous aideront.
Les deux listes, l’une désignant les investissements « sensibles » et l’autre
ceux qui sont « encouragés », sont périodiquement mises à jour. Par exemple,
jusqu’ici la construction de centrales électriques, de quartiers ou de villes
entières relevait des secteurs « sensibles », alors qu’à présent elle fait
partie du secteur « encouragé ».
Cette nouvelle direction est liée à un thème crucial : la stratégie de
grande nation (nation globale). Selon les méthodes de calcul, la Chine est la
première ou la deuxième économie mondiale. Il aurait été ridicule de penser
que son économie resterait cantonnée aux frontières nationales.
Ou – encore plus ridicule – que les affaires chinoises à l’étranger
pourraient se dérouler sans la participation de Pékin.
L’an dernier, les entreprises chinoises ont affiché 120 milliards de
dollars d’investissements directs à l’étranger. Les investissements directs
désignent le financement de projets concrets, alors que les investissements
dans les banques et les fonds sont calculés séparément. Il est impossible de
contrôler de telles sommes à partir des institutions chinoises. Les listes de
secteurs « encouragés » ne font donc que montrer aux investisseurs (et à tous
les autres) la stratégie globale de l’État, son intention de soutenir un
certain type de projets stratégiquement bénéfiques pour le pays.
Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la
responsabilité de l’auteur de l’article repris d’un média russe et traduit
dans son intégralité en français.