Deux mises en échec des humains par la nature dans la banane et les
oranges / citrons devraient nous faire réfléchir…
Je suis assez souvent dérangé par la manière dont l’homme traite la terre.
La terre nous nourrit mine de rien.
J’ai vu récemment une formation faîte par un spécialiste français du sol
reconnu internationalement. Il expliquait la chimie, les bactéries et les
organismes vivants présents dans la terre qui œuvraient en complément des
arbres pour maintenir en place un système étonnant qui fait vivre tout le
monde. Et il s’étonnait de cette obsession que je qualiferais de névrotique,
des agriculteurs à laisser le sol nu sans aucune végétation dessus, ces
derniers estimant qu’un sol nu et propre est le signe d’une bonne agriculture…
alors que les bactéries, clef de la fertilité meurt à partir de 41 degrés et
que le soleil qui tape un sol nu, fait monter la température facilement au
delà de 50 degrés tuant toutes les bactéries, alliées incontournables de la
fertilité et de l’agriculteur.
Face à ces absurdités, les hommes répondent qu’on peut s’affranchir du
système naturel et augmenter la productivité grâce à la chimie, aux engrais,
aux pesticides et herbicides, aux cultures maraîchères hors sol…
Et c’est là où je suis perplexe.
Peut on vraiment s’en affranchir ?
Peut on le faire à horizon 50 ans ? 100 ans ?
Car l’enjeu est juste notre survie… ce qui est loin d’être anodin.
Je trouve particulièrement téméraire que de jouer à ce jeu pour une
poignée d’euros de plus à la fin du mois si on compare le poids de
l’agriculture dans le PIB mondial…
L’agriculture idiote a été mise en place dans les années 60. Cela fait
donc grosso modo 50 ans qu’on détruit méthodiquement notre principal outil de
survie.
L’agriculture représente 4% du PIB mondial pour 42% des actifs… curieux
paradoxe. Curieux choix de civilisation aussi. En France, l’agriculture ne
représente plus que 1,5% du PIB ! Et le dédain que notre pays entier nourrit
vis à vis des activités agricoles est notoire. D’ailleurs, je vous parie que
cet article fera entre 30 à 50% d’audience en moins. Et encore, j’ai
volontairement mis un titre qui n’annonce pas la couleur, car mes plus
faibles audiences sont toujours liées à des sujets agricoles…
Difficile à ce stade d’affirmer si c’est dangereux ou non, le
leitmotiv de tous !
J’ai juste noté deux évènements majeurs récemment, donc sans attendre ne
serait que 20 ans, 30 ans, 50 ans de plus.
C’est là maintenant en 2016 que les soucis ont démarré pour nous,
humains !
Le premier est que la Floride s’est écroulée dans la production d’oranges
et d’agrumes depuis quelques années au profit du brésil.
Vous pensez que le Brésil est plus compétitif ?
Peine perdue !
Ce qui a mis en échec les américains tout puissants est la nature qui
s’est rebellée en créant un insecte capable de résister à tous les
traitements chimiques, ruinant les récoltes et tuant les arbres. Cette
industrie représentait 10 milliards $ annuel. Elle est partie en fumée en
quelques années, se propageant à tous les agrumes et commençant aussi à
attaquer aussi les vignes.
La Floride en 2015 a connu sa plus faible production depuis 50
ans, en chute de 50% par rapport à il y a seulement 4 ans !
176M$ ont été dépensés en vain en recherches…
C’est pour moi une première expérience clef.
Le premier pays au monde, le plus puissant financièrement avec les
cerveaux les plus brillants, vient d’être mis en échec depuis plusieurs
années par Dame nature.
La conséquence directe est qu’ils ont perdu de nombreux marchés au profit
d’autres pays. Bof bof, l’homme s’est donc adapaté moyennant quelques pertes
financières pour certains et quelques gains pour d’autres ?…
Oui peut être, mais philosophiquement, il y a de quoi flipper.
Que se passe t il quand dans 10, 20 ou 30 ans, les maladies se
propageront à l’échelle mondiale tuant la production alimentaire dans
certains secteurs ?
Pour l’instant, la réponse de l’homme a été de déplacer la production,
donc en rationalisant l’espace sur terre… sans attaquer les causes profondes
qui ont généré cette situation.
Une deuxième expérience a été enregistrées récemment qui n’augure rien de
bon pour le futur…
Le bananier fait face à une maladie tueuse qui a démarré en
Indonésie et qui touche aujourd’hui les trois cinquième du monde : la maladie
du Panama.
Les experts s’attendent à ce que le champignon attaque 40% de la
production mondiale de bananes.
En tant qu’européens, nous connaissons la banane comme un fruit tropical
agréable à manger. Il est non vital.
Le fait est que la banane dans les pays tropicaux pousse comme de l’herbe
et nourrit tous les locaux ainsi que les animaux. Je suis bien placé pour le
savoir car quand je suis dans ma maison au Costa Rica, je mets chaque semaine
un régime entier de bananes à 15mètres de mes fenêtres de manière à attirer
tous les animaux du coin du matin au soir et à pouvoir les regarder.
Mettre en danger la banane, c’est attaquer beaucoup plus qu’un fruit
distrayant pour les occidentaux. Cela met en danger beaucoup de vies.
Seulement 18% des bananes sont exportées dans le monde. 82% sont consommées
localement ! Nous parlons de 120 millions de tonnes par an.
Là également, les humains sont mis en échec malgré toutes leurs pseudos
techniques chimiques et leurs cultures hors sol.
Voici la liste des pays touchés par la maladie de Panama
Mes questions sont les suivantes
Je me demande combien d’expériences de ce genre, on va devoir affronter
avant d’arrêter nos conneries en matière d’agriculture et notre prétention
avec le savoir agro chimique.
Combien de temps il faut attendre avant de voir le Brésil touché par un
insecte comme en Floride ?
Je me demande aussi combien de morts dans quelques décennies il faudra
pour piger que les OGM ne sentent pas la rose et qu’on joue avec le feu comme
des gamins.
Faut il prendre autant de risques de survie pour que chacun puisse se
payer son Iphone ?
Je me demande enfin si un jour le respect de la terre reviendra dans le
coeur des hommes.
Charles Dereeper