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Objectif
Liberté commence à susciter, et j'en suis heureux, la production
d’articles de qualité de la part de personnes n’ayant pas
le temps ou l’envie de créer de blogs personnels, sur des sujets
variés.
Après MM.
Simonnot, Méra et Tajan, aujourd’hui, j’ouvre mes colonnes
à M. Jean Michel Bélouve, qui effectue un important travail de
vulgarisation autour des questions scientifiques, économiques ou
politiques liées au réchauffement climatique, visant à
rendre accessible au plus grand nombre une part de la littérature
scientifique de qualité hélas ignorée par les grands médias
et rarement traduite en français.
Compte tenu de
l’importance que j’accorde au réchauffement climatique,
sujet on ne peut plus... brûlant du fait des taxes et autres
contraintes que l'on veut nous imposer en son nom, j’ai rajouté
à la fin une conclusion personnelle.
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RECHAUFFEMENT
CLIMATIQUE AU XXème SIECLE :
LE CO2 N’EST
PAS LE RESPONSABLE
Jean-Michel
Bélouve, juillet 2009
D’après les mesures de températures
réalisées dans les stations terrestres et sur les
océans, la température moyenne globale a augmenté de
0,6° C à 0,8° C pendant le XXème siècle. Cette
augmentation est officiellement attribuée à l’effet de serre
causé par le dioxyde de carbone atmosphérique (CO2) et autres
gaz présents à l’état de traces, tels que le
méthane ou les oxydes nitreux.
Ces gaz sont émis par les activités humaines, principalement
l’industrie consommatrice de pétrole, de gaz et de charbon, la
circulation automobile et aérienne, le chauffage des locaux. Le GIEC,
organisme des nations unies regroupant de très nombreux scientifiques
du domaine climatique, s’appuyant sur des simulations
opérées à partir de modèles climatiques, estime
que le phénomène va s’accélérer et aboutir
à un réchauffement de 1,4° C à 5,6° C vers la
fin du XXIème siècle, avec des conséquences qui
pourraient s’avérer catastrophique pour l’humanité
et pour le vivant.
Notre attention est surtout attirée sur le CO2, dont la concentration
ne cesse de croitre. Des mesures précises sont effectuées
depuis 1958 au Laboratoire du Mauna Loa, aux îles Hawaï. Elles
sont confirmées par les mesures réalisées par
d’autres laboratoires équipés
ultérieurement : Point Barrow, îles Samoas et le Pole Sud.
De 1958 à 2008, la concentration du dioxyde de carbone dans
l’atmosphère est passée de 315 ppm (partie par millions,
soit 0,0315 % en volume) à 385 ppm (0,0385 %), pendant que les
émissions humaines de CO2 passaient de 12,5 gigatonnes de CO2 (1959)
à 29 gigatonnes (source :
international
Energy Agency et Wikipédia). La corrélation
entre les deux phénomènes est si élevée (0,98)
qu’il apparaît très probable que l’augmentation de
concentration en CO2 atmosphérique soit bien principalement due aux
humains.
On remarque toutefois que la concentration en CO2 croit cinq fois moins vite
que le volume des émissions, une partie du CO2 émis
étant absorbée par la végétation
(photosynthèse) ou dissoute dans les océans.
Comment ont
évolué les températures du XXème siècle ?
Sur le graphique ci-dessus, tiré du rapport 2007 du GIEC à
l’intention des décideurs politiques, on observe deux phases de
réchauffement. L’une va de 1910 à 1940, l’autre de
1975 à 2000. Pour la première phase, l’explication ne
peut se trouver dans les émissions humaines de CO2,
l’industrialisation et l’automobile étant peu
développées à l’époque,
réservée à quelques pays d’Amérique du Nord
et d’Europe. De 1945 à 1975, on observe une légère
baisse des températures, à une époque où, au
contraire, les concentrations en CO2 s’élevaient constamment.
C’est donc essentiellement la phase 1975-2000 qu’il faut nous
pencher.
Réchauffement
1975-2000 : ce n’est pas l’effet de serre !
L’effet de serre est causé essentiellement par la vapeur
d’eau. La vapeur d’eau et les nuages sont responsables à
95% de l’effet de serre total (nd
oblib. ce pourcentage varie suivant les auteurs). En effet, la
vapeur d’eau est bien plus présente dans
l’atmosphère. Le volume de vapeur d’eau est en moyenne 8
fois plus élevé que celui du CO2, et l’eau absorbe une
plage de radiations infrarouges bien plus importante que le CO2 qui ne capte
que deux étroites plages aux longueurs d’onde 4μm et 15
μm.
Pour évaluer l’effet de serre total, nous devons donc
considérer à la fois les concentrations en vapeur d'eau et en
CO2. Les scientifiques et les modélisateurs du GIEC pensent que le
réchauffement dû directement au CO2 est fortement amplifié
par l’évaporation que ce surcroit de chaleur entraîne.
C’est la théorie de la « rétroaction
positive » du GIEC : l’augmentation du CO2
atmosphérique provoquerait une augmentation de température qui
elle-même provoquerait une hausse de la concentration en vapeur
d’eau et donc de l’effet de serre global.
En toute logique, si cette hypothèse était exacte, nous
devrions donc voir l’humidité atmosphérique
s’élever sur la période 1975-2000. C’est facile
à vérifier, puisque l’agence météorologique
américaine NOAA, qui fait mondialement autorité, publie toutes
sortes de statistiques et met à la disposition du public un
outil en ligne permettant de tracer toutes sortes de graphiques.
Pour connaître la quantité de vapeur d’eau incluse dans
l’atmosphère, il suffit de tracer les courbes
d’humidité spécifique. En voici le résultat, pour
trois altitudes correspondant à des pressions atmosphériques de
700 millibars, 500 millibars et 300 millibars. Ce sont à ces altitudes
que l’effet de serre est le plus perceptible.
On voit que la quantité de vapeur d’eau décroit fortement
de 1950 à 1974, ce qui peut expliquer la relative baisse de
température. Mais à partir de 1975, la quantité de
vapeur n’augmente pas, infirmant la supposition que
l’augmentation de température (due au CO2) augmente
l’humidité et crée une rétroaction positive au
forçage radiatif. On voit au contraire que la quantité de
vapeur d’eau continue de décroître globalement depuis
1975, ce qui invalide par l’expérience la théorie de la
rétroaction positive du GIEC, et élève de sérieux
doutes sur l’augmentation réelle de "l’effet de serre
total" CO2 + vapeur d’eau.
Alors, pourquoi la température moyenne a-telle augmenté depuis
cette date ?
Réchauffement
1975-2000 : ce sont le soleil et les nuages !
La courbe ci-dessous, toujours tracée d’après les
données NOAA, donne les températures de l’air à la
surface de la Terre.
Nous observons qu’à partir de 1975, un réchauffement
important se produit – nb.la
chute brutale de 1992 est due à l’éruption du Pinatubo
qui a envoyé d’importantes quantités de poussières
qui ont fait baisser la transparence de l’atmosphère.
L’une des raisons de cette hausse se trouve dans
l’intensité du flux solaire qui a augmenté de 1,5
watt/m² au cours des deux dernières décades du
20ème siècle, ce qui se traduit par une augmentation du flux
d’énergie au sol de 0,375 watt/m², responsable d’un
échauffement de un dixième de degré. Ce n’est pas
assez ! La courbe ci-contre montre une différence de
0,7° C entre 1975 et 2005. Il faut chercher ailleurs.
Le flux solaire qui pénètre l’atmosphère est
partiellement réfléchi vers l’espace, et ce qui est
réfléchi n’est donc pas disponible pour réchauffer
notre planète. On mesure par l’albédo cette
réflexion. Un miroir parfait, qui réfléchit 100% de la
lumière a un albédo de 1. Un corps noir parfait a un
albédo de zéro. La littérature scientifique anglophone
utilise également le terme de reflectance,
terme traduit tel quel en Français.
Une partie de l’albédo terrestre provient de la surface :
les sols et les océans. Mais la source la plus importante de
réflexion est constituée par les nuages, dont
l’albédo élevé varie de 0,5 à 0,7. Une
autre cause de réflexion est constituée par les microparticules
qui flottent dans l’air, formant ce qu’on appelle des aérosols.
Ils sont soit d’origine naturelle (les pollens, le loess …) ou humaine
(pollution industrielle et automobile). Ces particules diffusent la
lumière, et en renvoient donc une partie importante, la moitié
environ, vers l’espace. En fait, ils diminuent la transparence de
l’atmosphère et empêchent la lumière de parvenir en
totalité au sol.
La couverture nuageuse varie beaucoup. Elle est donc largement responsable
des variations d’albedo.
Les satellites mesurent la partie du flux lumineux réfléchi qui
s’échappe vers l’espace. Dans une étude parue dans
l’American Meteorogical Society, Takmeng Wong, Bruce Wielicki et Robert
Lee (source
PDF) ont analysé les mesures faites par le
satellite ERBS dans les décades 1980 et 1990, et ont noté une
diminution de 2,1 watts/m² du flux d’énergie sortant dans
le spectre de longueur d’ondes de la lumière visible
(« outgoing short wave radiation ») dans la zone
intertropicale. Ce sont donc 2,1 watts/m² supplémentaires qui ont
contribué à réchauffer cette partie de la Terre,
correspondant à une élévation de température
d’environ +0,5° C. Certes, ces mesures n’ont concerné
que la zone intertropicale, mais il s’agit là de la plus importante
source de chaleur pour notre planète.
Dans un article publié dans "Atmospheric Chemistry and
Physics" (source),
Fotiadi et son équipe publient les observations faites par satellite
de 1984 à 2000, toujours en zone intertropicale, et notent une
diminution de la réflectance induisant une variation de flux de
1.9±0.3Wm-2/décade, soit une variation de 3,2 watts/m²
pour les 17 années observées, ce qui correspond à une
augmentation de température de 0,6°C. Ils ajoutent que la
couverture nuageuse a diminué de 6.6% (±0.2%) par
décade, soit 10% sur la période de 17 ans observée, ce
qui est considérable.
Dans la revue "Science" du 28 may 2004, vol 304, p 1299, (source)
E. Pallé et al présentent une mesure originale de
l’albedo terrestre en observant le reflet de notre planète sur
la lune. Les auteurs observent, pour la période 1985 à 1998,
une diminution de la réflectance terrestre atteignant 2%,
correspondant à une baisse du flux d’énergie sortant de
6,8 watts/m², soit une augmentation équivalente de
l’énergie absorbée par la Terre. Là, il ne
s’agit plus de l’espace intertropical, mais de la terre entière.
L’augmentation de température résultant d’un gain
énergétique de 6,8 watts/m² est de 1,2° C. La tendance
observée se renverse à partir de 1999, et l’albedo
remonte presque à sa valeur de 1985 en 2004.Tout cela est
cohérent avec le pic de températures observé en 1998, de
0,5° C plus élevé que la moyenne des températures
observées de 1975 à 1985, puis la légère tendance
baissière des températures observées depuis.
Il est à noter que cette valeur de 6.8W/m2 est tout à fait
considérable. Toujours selon Pallé et Al:
The decrease in Earth's reflectance from 1984 to 2000
suggested by ISCCP corresponds to (...) an additional Short Wave absorption,
R, of 6.8 W/m2 (...). This
is climatologically very significant. For example, the latest IPCC report
(10) argues for a 2.4 W/m2 increase in CO2 longwave forcing since 1850.
La baisse de la réflectance terrestre de 1984 à
2000, suggérée par les données de l'ISCPP (...)
correspond à une absorbsion d'énergie à ondes courtes de
6,8W/m2 (...). Cela
est très significatif d'un point de vue climatique. Par exemple, le
dernier rapport du GIEC argue d'un forçage grandes ondes lié au
CO2 de 2,4W/m2 depuis 1850
L’étude établit donc sans ambigüité que
les variations de flux énergétiques résultant des
variations de l’Albédo terrestre liées à
l’importance des formations nuageuses sont de bien plus grande
importance que celles liées au CO2.
Les nuages beaucoup
plus importants que le CO2 pour le climat
Les découvertes des trois études ci-dessus indiquent que les
phénomènes influant sur la formation des manteaux nuageux ont
bien plus d’influence sur la température globale de la
planète que la concentration de CO2 dans l’atmosphère.
Les mécanismes influençant la formation des nuages sont encore
mal connus, et par conséquent très mal modélisés.
Citons les recherches encore incomplètes de Svensmark
ou Shaviv sur le sujet, liant
la formation nuageuse à l’intensité du rayonnement
cosmique frappant la planète, ce rayonnement semblant varier de
façon opposée à l’intensité du rayonnement
solaire. C’est un domaine dans lequel la science climatique doit faire
des progrès majeurs si elle veut prétendre expliquer ce que sera
le climat de la planète dans plusieurs décennies.
© 2009 - J.M.
Bélouve.
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Conclusion
personnelle
par Vincent
Bénard
Les indices et
les preuves abondent aujourd’hui pour remettre en cause
l’importance de l’effet de serre sur le climat et de la
responsabilité humaine dans le réchauffement observé
depuis cent ans, et objectif liberté
s'en fait régulièrement l'écho. La
synthèse de JM Bélouve, émanant des meilleures sources,
la NOAA par exemple, ou d’études scientifiques publiées
par des experts reconnus et publiées dans des médias
réputés dans le monde des sciences, est particulièrement
convaincante, et il faudra plus que des dénégations
outragées ou des attaques ab hominem de thuriféraires du
réchauffement lié à nos activités pour la
réfuter.
Il devient de
plus en plus indiscutable que le réchauffement constaté au
XXème siècle n’a que peu ou pas de rapport avec ce que le
GIEC appelle l’effet de serre. Les courbes d’humidité de
la NOAA en apportent la preuve. Il est fort probable, au contraire, que les
phénomènes entrant en jeu dans la formation des nuages
ont joué un rôle important.
Les
modèles du GIEC sont connus pour être incapables de prendre en
compte correctement la modélisation des phénomènes
nuageux (cf. cet
article de Roy Spencer). Ils retiennent toujours
l’hypothèse d’une rétroaction positive du CO2 sur
la vapeur d’eau, ce qu’aucune mesure expérimentale ne
vérifie, a en juger par les mesures des concentrations réelles
de vapeur d’eau atmosphérique par la NOAA.
Tout cela
leur enlève toute crédibilité, quelle que soit la
puissance des ordinateurs effectuant les calculs, pour prédire le
climat des années ou des siècles à venir.
Non seulement les
pouvoirs publics mondiaux consacrent cinq milliards de dollars annuels depuis
vingt ans à la recherche climatique, dont une partie importante va aux
modélisateurs, mais c’est à partir de ces outils que sont
élaborées des politiques ruineuses de restrictions et de
contraintes pour lutter contre l’effet de serre, tentatives
dérisoires pour infléchir, sinon changer, un climat qu’on
ne sait même pas étudier. Ajoutons que la propagande et les
incitations réglementaires et fiscales détournent une masse
considérable d’argent privé vers la résolution de
« problèmes » qui n’en sont pas, ce qui est
la définition même du gaspillage, synonyme
d’appauvrissement.
On comprend aisément
pourquoi un certain nombre de scientifiques souhaitent nous induire en
erreur. Avant 1990, la recherche climatique bénéficiait
d’environ 200 millions de dollars de crédits annuels.
Aujourd’hui, c’est vingt-cinq fois plus. Le nombre
d’emplois de chercheurs qui ne vivent que sur des crédits de
recherches destinées à prouver la nocivité du CO2 et des
activités humaines est considérable. Ces professionnels, bien
entendu, ne veulent pas tuer la poule aux œufs d’or du changement
climatique.
Mais il est plus
difficile d’admettre que nos décideurs politiques, en charge de
décisions parfois capitales pour notre avenir, affectent
d’ignorer le raz-de-marée croissant des publications
scientifiques remettant en cause les thèses officielles du GIEC. Quels
que soient leurs préjugés sur ces questions, ils ne peuvent pas
ne pas être informés de l’existence d’une
controverse, et s’ils sont un brin consciencieux, ne peuvent pas ne pas
en suivre les évolutions, ce qui devrait les amener à une
certaine circonspection quant aux décisions prise. Force est de
constater que cela n’est pas le cas, en Europe et aux USA du moins.
Il convient donc
de se demander quels intérêts ces dirigeants poursuivent
lorsqu’ils nous précipitent la tête la première
vers des impasses économiques comme le Waxman Markey bill aux USA, le Grenelle de
l’environnement ou la
taxe Carbone "Rocard" en France, et peut
être bientôt le protocole de Copenhague pour le monde entier.
Vincent
Bénard
Objectif Liberte.fr
Egalement par Vincent Bénard
Vincent Bénard, ingénieur
et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones
dédiés à la diffusion de la pensée
libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il
est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement,
crise publique, remèdes privés", ouvrage publié
fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il
montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le
logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement
à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il
ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de
marché pour y remédier.
Il est l'auteur du blog "Objectif
Liberté" www.objectifliberte.fr
Publications :
"Logement: crise publique,
remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat
Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république,
bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La
doc française, avec Pierre de la Coste
Publié avec
l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits
réservés par Vincent Bénard.
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