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Cours Or & Argent

John Exter, le banquier central qui a fait fortune grâce à l’or

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Survive the Crisis
Extrait des Archives : publié le 04 février 2013
2271 mots - Temps de lecture : 5 - 9 minutes
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Rubrique : Histoire de l'or


John Exter (1910-2006)

Après avoir quitté le lycée en 1932, John Exter a poursuivi ses études d’économie à l’université d’Harvard. Ce qu’il voulait, c’était comprendre la cause de la Grande Dépression qui avait mis un terme à l’activité économique aux Etats-Unis et dans le reste du monde lors de son enfance.

En tant que banquier et économiste, Exter était destiné à une carrière légendaire. Après avoir été membre du MIT durant la seconde guerre mondiale, il intégra l’administration de la Réserve Fédérale en tant qu’économiste. En 1950, il fonda et dirigea la banque centrale de Ceylon.

En 1953, il fut nommé chef de division du Proche-Orient à la Banque Mondiale. Il retourna à New York en 1954 pour occuper la place de vice-président des relations internationales et des opérations sur les métaux précieux à la Réserve Fédérale. En 1959, Exter quitta la Réserve fédérale pour devenir vice-président de First National City Bank (aujourd’hui Citigroup) et responsable des relations avec les banques centrales et les gouvernements étrangers.

Comment Exter, un économiste, un banquier central et un banquier d’investissement, a-t-il pu faire fortune sur l’or ? C’est l’histoire que nous raconte W A Wijewardena, gouverneur adjoint de la banque centrale de Ceylon dans son article intitulé John Exter: Central Banker For All Times et publié le 28 février 2006, un an après le décès d’Exter à l’âge de 95 ans.

Ayant fait fortune sur le marché de l’or grâce à sa propre expertise et pour avoir su discerner les conséquences inévitables des mesures irresponsables du système bancaire central, Exter prit sa retraite anticipée en 1972 pour ouvrir son cabinet de conseil privé.

Selon ses propres dires, l’idée de faire fortune sur l’or lui vint après un débat amical qu’il eut en 1962 avec son ami de Harvard et lauréat du Prix Nobel Paul Samuelson.

Ensemble, ils ont discuté de l’affaiblissement du dollar et du fait que les Etats-Unis perdaient de l’or. Le diagnostic d’Exter était basé sur son expérience à la Réserve Fédérale : ‘Paul, c’est très simple. La Fed imprime trop de dollars qui affluent vers les banques centrales étrangères qui ensuite demandent à les échanger contre de l’or’.

Mais Paul Samuelson n’a pas accepté son argument et a tenté d’expliquer la maladie financière de son pays en termes d’écarts de productivité entre les Etats-Unis et les autres pays, tout particulièrement l’Europe et le Japon. Selon Samuelson, la productivité de ces nations était plus importante que celle des Etats-Unis, c’est pourquoi le dollar s’affaiblissait.

Exter aurait pourtant expliqué à Samuelson que le Japon faisait face à des difficultés bien plus grandes que les Etats-Unis, parce que la banque du Japon imprimait des billets de banque bien plus rapidement que n’importe quelle autre banque centrale du monde.

Exter s’était rendu compte que les dépenses excessives de l’administration Kennedy ne pourraient en aucun cas favoriser la stabilité du dollar et qu’un jour, l’or deviendrait l’actif de référence de par le monde.

Il a donc converti son épargne en or et a attendu patiemment. Il fut grandement récompensé lorsqu’en 1971 le gouvernement Américain fut forcé d’annuler la convertibilité du dollar en or et de laisser le prix de l’or être déterminé par le marché libre.

En l’espace d’une nuit, le prix de l’or est passé de 35 à 70 dollars l’once. Il en a bien entendu été de même pour le portefeuille d’Exter.

En 1971, Exter était au centre des discussions sur l’or aux Etats-Unis. Le président Nixon, qui décida de fermer le guichet de l’or en 1971, était influencé par les idées de Milton Friedman et pensait que les dynamiques de marché libre réguleraient bien mieux les devises papier que la discipline rigide de l’or. Mais Friedman se trompait.

Paul Volker, secrétaire adjoint du Trésor sous l’administration Nixon, demanda à Exter son avis sur la question. Exter lui recommanda d’augmenter le prix de l’or afin qu’il corresponde à la pression qui était alors portée sur le dollar. Volker lui répondit que c’était politiquement impossible. La seule solution était donc de fermer le guichet de l’or, ce que Nixon fit deux semaines plus tard.

Exter commenta plus tard cette décision :

Le dernier lien qui subsistait entre l’or et le dollar a été rompu. Le dollar n’est désormais rien de plus qu’une devise fiduciaire et la Fed est désormais libre d’élargir la base monétaire à son bon vouloir. La conséquence en sera bien entendu une explosion de la dette.

Gold Wars, Ferdinand Lips, Foundation for the Advancement of Monetary Education, New York (2001)

Aujourd'hui, Exter est plus connu pour ce que l’on appelle la ‘pyramide inversée de John Exter’, un exemple de ce qu’il se produit lors d’un effondrement déflationniste lorsque les investisseurs fuient des actifs non-liquides pour d’autres actifs offrant plus de sécurité et de liquidité.



LA PYRAMIDE INVERSEE DE JOHN EXTER

L’erreur fatale du paradigme des banquiers n’est autre que leur orgueil. Les économistes les ont convaincus qu’en imprimant de la monnaie, ils pourraient atteindre le plein emploi (Keynes) ; que sans l’or, les marchés libres seraient capables de stabiliser les devises (Friedman) ; et qu’en élargissant la base monétaire, une dépression pourrait être évitée (Friedman) – ou combattue par le biais de l’emprunt (Keynes).

Les Keynésiens de gauche et les Friedmaniens de droite étaient convaincus que  la gestion de la monnaie papier par les banques pourrait mieux fonctionner sans l’or, et qu’un château construit sur du sable était bien plus solide qu’un château construit sur du roc. Mais comme on l’entend parfois dire, si la pensée n’a pas de limites, l’irréflexion n’en a pas non plus.

Exter, un ami de Ludwig von Mises, était membre de l’école Autrichienne, une discipline économique dédaignée par les économistes qui préféraient les opportunités apparentes du crédit et de la dette. Après une discussion quant aux idées Autrichiennes d’Exter, Paul Samuelson lui a dit : ‘Tu as peut-être raison, John, mais tu es bien le seul’.

Lors d’une conversation que j’ai moi-même eue avec la fille d’Exter, Jane Exter Butler, cette dernière m’a confessé qu’elle aurait aimé que son père puisse vivre assez longtemps pour pouvoir observer de ses propres yeux l’effondrement économique qu’il avait prédit. Exter est décédé en 2006, deux ans avant l’effondrement.

Je lui ai répondu que j’étais certain que son père n’avait pas besoin d’une telle preuve. Il avait la certitude d’avoir raison. Il avait raison à l’époque, et il a encore raison aujourd’hui.

JOHN EXTER : LA DEPRESSION ET L’OR

La bonne compréhension qu’avait Exter des facteurs économiques lui a permis de prédire avec précision les évènements économiques à venir. Il était certain qu’une dépression se profilait à l’horizon et qu’elle serait bien pire que celle des années 1930. Voici l’extrait d’une interview de John Exter datant de 1981 :

J’ai vécu la Grande Dépression. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je sais ce qu’elle a fait aux gens. Je me souviens du taux de chômage de 25%. Et cela ne me fait certainement pas plaisir de dire que la dépression à venir sera bien pire.

Un jour viendra où le prix des propriétés diminuera tant que les acheteurs les plus récents perdront l’ensemble de leurs fonds propres. Lorsque cela se produira, ils se demanderont sûrement pourquoi ils doivent continuer de payer leur banque. Il se pourrait bien que naissent des défauts sur prêts immobiliers et que les saisies se multiplient.

Plus de saisies signifie également plus de pression sur les valeurs immobilières. Lorsque les gens feront défaut de leurs dettes, les ennuis se multiplieront. C’est la raison pour laquelle je pense impossible d’éviter un effondrement du secteur bancaire.

Je pense que les gens sont très nombreux à se rendre compte qu'une dépression approche, ou que les temps se font de plus en plus difficiles. Lorsque vos revenus diminuent et que vous êtes endetté, le fardeau que représente votre dette devient insupportable et vous faites tout pour emprunter plus. Je pense que le gouvernement répondra à la déflation en alimentant l’inflation. Attendons-nous à de très importants déficits budgétaires. Quant au dollar, il ne vaudra bientôt plus rien.

La Réserve Fédérale a déjà fait défaut. Lorsque je n’étais encore qu’un jeune homme, la Fed devait rembourser ses obligations en or à hauteur de 20,67 dollars par once. Chacun d’entre nous pouvait se rendre à la banque avec un billet de 100 dollars et demander cinq pièces d’or de 20 dollars. Pour maintenir ce système en place, la Fed aurait dû éviter les emprunts de court terme et les prêts de long terme. Mais elle ne l’a pas fait. En conséquence, les dollars en circulations ne représentent aujourd'hui plus des promesses de paiement. Ils ne sont plus que des obligations de rien du tout.

Le papier n’a aucune valeur en tant que valeur de réserve. La seule chose qui puisse donner au dollar de la valeur est la promesse qu’il puisse être échangé contre un actif de valeur par la personne qui le détient. Le gouvernement n’a pas tenu sa promesse, et ses obligations ne valent désormais rien de plus que le papier sur lequel elles sont imprimées.

Tôt ou tard, le public réalisera que le dollar n’a plus aucune valeur. A mesure que la crise s’intensifiera, les débiteurs commenceront à faire défaut de leur dette ; et à mesure que s’installeront la dépression et la déflation, l’or entrera à nouveau en jeu en tant que valeur de réserve par excellence.

Je trouve ces mots difficiles à prononcer en tant que banquier, mais s’il est un conseil que je puisse vous donner, c’est de rester loin des banques. Les dépôts bancaires sont des obligations papier. Une banque vous doit des billets de la Fed. Et même les billets de la Fed ne valent rien. Une banque est tout ce qu’il y a de pire, parce qu’elle-même pourrait faire défaut de sa promesse de vous payer vos billets de papier. Retenez bien ceci : l’or ne fait jamais défaut.

2013 : BEN BERNANKE ET SHINZO ABE, LES CO-SPONSORS DE L’EFFONDREMENT DEFLATIONNISTE PREDIT PAR JOHN EXTER

En octobre 2011, Jay Taylor, un expert en actions sur l’or, interviewait le beau-fils de John Exter, Barry Downs. Au cours de cette interview, Downs a discuté des signes contre lesquels nous mettait en garde Exter, ceux qui annonçaient l’arrivée d’un retournement économique.

Au sein des économies basées sur le crédit, la dette doit augmenter constamment parce que si elle ne le fait pas, c’est un signe que l’économie entre une phase dangereuse. Et si la dette se contracte, la situation est bien pire, puisqu’elle signale une dépression déflationniste. En 2008, comme l’a précisé Downs, la dette des Etats-Unis a commencé à se contracter.



Note : l’interview de Barry Downs par Taylor se trouve entre les minutes 20 et 30 :  http://www.voiceamerica.com/episode/56715/pondering-the-possibilities-of-a-greater-deflationary-depression .

C’est pourquoi la Fed, la banque du Japon, la banque d’Angleterre et la BCE continuent d’emprunter dans une tentative désespérée de sauver le schéma Ponzi du crédit et de la dette qui les a jusqu’à présent si bien servi.

Exter aurait dit à Barry Downs qu’une fois que la dette totale commencerait à se contracter, les banquiers centraux ne pourraient plus rien faire pour renverser le processus. Un tsunami de la dette viendrait balayer toute tentative d’injecter assez de crédit dans l’économie pour inverser le processus.

QE3 et QE4 ne pourront pas mieux faire que QE1. Aucune politique de rachat d’obligations ou de développement du crédit ne pourra arrêter le tsunami du défaut. Et nous avons déjà atteint le point de non-retour.

Le crédit excessif des banques centrales ont engendré des niveaux de dette tels qu’aucune quantité de crédit ne puisse plus régler le problème. Nous approchons de la fin du jeu. Le capitalisme basé sur le crédit prenait la route de sa propre mort dès 1694. En 2013, il y est finalement arrivé.


La banque centrale du Japon a fixé ses objectifs d’inflation à 2% cette année (contre 1% en 2012) et prévoit d’embrasser les politiques de stimulus employées par la Réserve Fédérale et la BCE.

Financial Times, 21 janvier 2013

LA FIN DE LA PARTIE ET LES BEAUX JOURS A VENIR

Les tentatives manquées de Ben Bernanke à régler le problème du chômage et à stimuler la croissance économique grâce à des politiques de QE sont aussi futiles que les tentatives de Lance Armstrong à sauver sa réputation.

Il n’est aucune quantité d’optimisme, d’abnégation et de crédit qui puisse venir réparer ce que les banquiers ont brisé. Rien n’est éternel. Pas même le rêve des banquiers de vivre de la productivité, du travail et de l’ingénuité des autres en imprimant des coupons qu’ils leur prêtent en tant que monnaie.

Souvenez-vous de ceci : l’or ne fait jamais défaut.

John Exter

Dans ma récente vidéo (2013: The Mother of All Paradigm Shifts), j’explique comment est né le paradigme des banquiers, et présente comment l’effondrement de ce paradigme coïncide avec la fin d’un paradigme bien plus ancien : l’inégalité des genres. Voir ce lien : http://youtu.be/EZ7HTALQ4JU.

Comprenez bien que l’arrivée d’une nouvelle dépression a des airs pessimistes, mais qu’elle laissera derrière elle naissance à un nouveau monde. Bien que le processus s’annonce difficile, nous en profiterons bien plus que nous pouvons le croire.

John Exter savait que lorsque les lois échouent, les Hommes qui disposent d’une conscience morale peuvent faire des miracles.

W A Wijewardena, gouverneur adjoint de la banque centrale de Ceylon.

Les vautours ne se nourrissent ni des pâtures des taureaux ni des réserves des ours. Ils se nourrissent que de l’ignorance des autruches.

Darryl Robert Schoon, Time of the Vulture: How to Survive the Crisis and Prosper in the Process, 3rd ed. 2012

Achetez de l’or, achetez de l’argent, et gardez la foi.


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