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Joseph de Maistre et la Révolution française

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Publié le 16 décembre 2011
925 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Rubrique : Or et Argent

 

 

 

 

En ces temps de crise économique, marqués par une percée toujours plus profonde des idées progressistes, il pourrait paraître désuet de lire des auteurs réactionnaires du XVIIIe siècle, surtout lorsqu’ils s’attaquent à un dogme aussi infaillible que celui de la Révolution française. Est-il permis, en France, de considérer que cet événement de l’histoire a eu des répercussions négatives sur notre pays, voire, de par la circulation des principes véhiculés, partout dans le monde ? Peut-on avoir l’audace de critiquer la Révolution française dès ses origines en 1789 ?


En effet, la distinction entre 1789 (« période libérale et bienfaitrice ») et 1793 (« dévoiement des idéaux révolutionnaires par les Jacobins ») n’est pas satisfaisante. Dès 1789, un certain culte de la violence fit son apparition, symbolisé rapidement par les propos du comte de Mirabeau – qui répondit à une injonction royale de dissoudre l’Assemblée constituante – de la façon suivante : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ».


De même, il ne faudrait pas oublier que la guillotine fut théorisée, en 1789, par le docteur Guillotin, via une proposition d’article en des termes sinistres : « Le criminel sera décapité ; il le sera par l’effet d’un simple mécanisme. ». Ensuite, en cette année où, soi-disant, la propriété fut pleinement consacrée par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, il ne faut pas non plus oublier que les biens du clergé furent « mis à la disposition de la Nation ». L’intérêt national supplante alors les intérêts privés. Et dire que cette idée fut initiée par le « libéral » Talleyrand…


Certains argueront que ces biens ont été mal acquis. Outre que celui qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, on pourrait légitimement répondre que n’importe quel bien peut être suspecté d’avoir été mal acquis. La véritable raison de la nationalisation de ces biens était le besoin de remplir les caisses vides de l’État.


Si on veut lire avec profit un auteur antirévolutionnaire, ne succombant pas à la segmentation de cette période historique, il conviendra de se tourner vers un auteur mésestimé : Joseph de Maistre[1]. Cela tombe bien, la maison d’édition Robert Laffont a publié l’essentiel de ses œuvres en 2007. Certes, il s’agit d’un philosophe ultramontain (ce qui signifie qu’il souhaitait une extension de la puissance papale), favorable, en outre, à la souveraineté publique. Néanmoins, sa pensée n’en est pas moins intéressante. En effet, Maistre montre comment l’élimination de tous les contre-pouvoirs a laissé l’individu seul face à la puissance publique. Il écrivait ainsi que la Révolution, théoriquement conçue par les philosophes des Lumières, avait entraîné le mépris de l’autorité et l’esprit d’insurrection (p. 119 des Œuvres). Parmi lesdits philosophes, Locke, pas le moins adepte de la Tabula Rasa, en prend pour son grade puisqu’il est « accusé » d’avoir encouragé la révolte de l’orgueil contre toutes les vérités reçues (p. 120). Faut-il s’étonner, dans ces conditions, de voir les Révolutionnaires français combattre non seulement la Royauté mais, plus généralement, l’ordre ancien symbolisé, entre autres, par l’Église ? Ce n’est ainsi pas un hasard si les dirigeants bolchéviques, si hostiles à la religion, se sont profondément inspirés de l’œuvre des Révolutionnaires français.


On pourrait évidemment se demander quels enseignements tirer des écrits d’un penseur « arriéré » sur une période de l’histoire ancienne. Il ne faut pas oublier que nombre de libéraux (La Rochefoucauld-Liancourt, Talleyrand…) étaient favorables à cette Révolution et que, pourtant, elle n’a pas freiné la croissance de la puissance publique. Au contraire, Joseph de Maistre en souligna un travers très contemporain : l’inflation législative. Ainsi, pas moins de 15479 lois furent votées entre le 1er juillet 1789 et le 26 octobre 1795 (p. 236).


Les Révolutions, loin d’amener la liberté promise, débouchent souvent sur des bains de sang puis sur l’avènement de régimes autoritaires. Ainsi, après la Révolution française, l’Hexagone fut gouverné par Napoléon Bonaparte. La Russie du XXe siècle et certains pays d’Amérique latine subirent eux aussi le joug de gouvernements autoritaires mis en place à la suite de révolutions sanglantes.


Autre point commun à toutes les Révolutions : elles se nourrissent généralement d’un ennemi commun et ce, dans le but d’empocher un soutien populaire fort. Comme on l’a vu précédemment, le clergé fut une des cibles « favorites » des révolutionnaires français. En Russie, les grands propriétaires fonciers, les banques et les grandes industries furent montrés du doigt. Le problème est que le régime révolutionnaire ou post-révolutionnaire ne se contente plus de harceler cet adversaire singularisé. Toute personne peut être, par la suite, arbitrairement qualifiée d’« ennemi de la Révolution ».


Le risque ne s’est pas dissipé de nos jours, y compris en Occident. Le mouvement des Indignés stigmatise actuellement les banques et le grand capital. Certes, le secteur financier porte une lourde part de responsabilité dans la crise actuelle. Mais que dire des grands médias qui ont soutenu activement la politique des bas taux d’intérêt pendant des années ? Et des politiciens qui subventionnent des « poids lourds » comme General Motors qui s’adonne à un lobbying intensif ?... Un mouvement révolutionnaire porte toujours en lui le risque de déboucher sur une nouvelle page de terreur, tant la liste des « coupables » peut s’étendre. La tentation de la tabula rasa est grande. Elle est cependant extrêmement dangereuse et doit être écartée au profit de réformes profondes mais pacifiques. Les leçons de l’histoire doivent nous servir d’avertissement.




 

 



[1] Bien qu’il ait, au départ, vu la Révolution avec un œil favorable.

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L'horreur du supplice de Damien sous Louis XV, (des heures de supplice public, nu devant la foule, avec le plomb le souffre etc..) pour un coup de canif sur la majesté royale, avait frappé les esprits. Dans cette mise à mort, tout avait été prévue pour retarder la fin, et faire durer la souffrance et la porter à son paroxysme.
Il était d'une violence et d'une barbarie oubliés depuis quelques siècles et bien plus horrible que la guillotine qui à l'époque était plutôt un progrès pour éliminer proprement.
L'exaltation du sadisme et de la cruauté, pour l'exécution du très jeune Chevalier de La Barre, coupable de blasphème, montre un régime et un clergé aux abois, prêt à tous les excès pour se maintenir au pouvoir.
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Damien a commis l'impensable, l'innaceptable, l'insupportable, la tentative de régicide. Son supplice, absolument atroce, fut à la mesure du crime commis, à l'aune de la mentalité de l'époque.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Fran%C3%A7ois_Damiens

Rappelez vous toutefois qu'il attaqua Louis XV dans un jardin, ce qui en dit long de la proximité du roi et de ses sujets.

De Gaulle n'épargna pas Bastien Thierry, et la terreur fut une boucherie inutile, même si la guillotine vous semble un moyen propre d'exécuter en masse.
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"à l'aune de la mentalité de l'époque", c"était plutôt l'aune mérovingienne alors, pas celle de Mozart ou de Rameau, dont la musique évoquait une toute autre humanité. Il reste indéniable, qu'une grande partie des contemporains, furent choqués par la barbarie d'un autre âge du pouvoir royal.
Je suis tout aussi révolté, par la manière dont le jeune Louis XVII, fut violenté de manière ignoble par ses gardes révolutionnaires vers ses dix ans, pour le seul crime d'être fils de roi. Notre indignation ne doit jamais être à sens unique.
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Refaire l'histoire semble être une des activités préférées des intellectuels. Il faut être jeune pour y croire ! Et la récupération, doublée d'interprétations ad hoc, est largement utilisée pour défendre des croyances actuelles.
Si nous revenons aux fondamentaux, il est aisé de trouver que chaque évènement de la petite histoire correspond aux us et coutumes des époques mais que la finalité reste toujours la même : éliminer celui qui ne pense pas comme moi ou, plus prosaïquement, qui me gène !
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"à l'aune de la mentalité de l'époque", c"était plutôt l'aune mérovingienne alors, pas celle de Mozart ou de Rameau, dont la musique évoquait une toute autre humanité. Il reste indéniable, qu'une grande partie des contemporains, furent choqués par la bar  Lire la suite
Roxan - 18/12/2011 à 08:35 GMT
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