Suite à la
publication d’extraits de mon récent entretien avec Ted Butler, des questions
m’ont été posées concernant les flux enregistrés par les entrepôts de l’ETF
SLV.
Pouvez-vous voir des mouvements
similaires sur les autres marchés des marchandises ?
Pensez-vous que l’ETF
SLV est réellement garanti par du métal physique ?
Ted : Ces
mouvements ne sont pas visibles sur les marchés de l’or, du cuivre ou de n’importe
quelle marchandise du Comex ou du Nymex. Et je ne crois pas qu’ils soient
visibles sur un quelconque autre marché.
L’un des entrepôts d’or
livrable du Comex pourraient être une exception. Il s’agit d’un entrepôt
Brinks situé à Hong Kong. Mais il n’est pas entièrement intégré au système du
Comex. Il est relativement jeune et présente un grand nombre de mouvements,
qui ne sont pas liés à ce à quoi nous nous intéressons ici.
J’en suis tout à fait
conscient, c’est pourquoi je ne fais pas entièrement confiance aux
statistiques publiées par la Chine. Quand j’ai téléphoné au Comex pour en savoir
plus, personne n’a pu me répondre. Il ne s’agit pas réellement d’un entrepôt
du Comex, dans le sens où il est différent de ses autres entrepôts d’argent
ou de cuivre, des entrepôts d’or, de platine et de palladium, mais aussi des
entrepôts du Nymex.
L’argent est unique en
son genre. Bien qu’il puisse exister des mouvements entre cet entrepôt et l’ETF
SLV, un océan sépare ces deux entités, ce qui ne rend pas les transferts
faciles.
Nous avons un turnover
important sur le SLV, ce qui est aussi contre-intuitif. En d’autres termes,
certains des dépôts et retraits enregistrées sur le SLV sont fait pour des
raisons qui ne sont à premier abord pas très évidentes.
Comptent parmi ces
raisons le contournement d’exigences de la SEC et le déplacement de métal qui
pourrait être nécessaire ailleurs. Mais en général, je n’ai aucune raison de croire
que le SLV ne dispose pas du métal nécessaire à la garantie de ses parts. Et
je ne suis pas le seul.
J’ai écrit quelques
articles publics sur le sujet en 2006-07, et j’ai à l’époque posé des
questions au propriétaire de l’ETF, Barclays Global Investors, quant aux
numéros de série et au poids des barres disponibles dans ses entrepôts, des
informations qui à l’époque n’étaient pas rendues publiques.
State Street, le sponsor
de GLD, a publié la liste des quatre-cent barres d’or déposées dans les
entrepôts de son ETF alors même que Barclays refusait encore de rendre les
numéros de série de ses barres publiques.
Pour résumer la
situation, ils n’ont pas hésité à me fournir des détails. Ils ont très vite accepté
ma demande. La liste des barres déposées dans les entrepôts de SLV a été
rendue disponible. Vous pourrez la consulter sur son site web. Vous pourrez
voir qu’elle implique toute une chaine de responsabilités. De gros noms
apparaissent, comme celui de JP Morgan, qui ment tellement que vous ne
pourrez peut-être penser rien d’autre que « c’est faux, ils ne cessent
jamais de mentir, et ils le font une fois de plus ».
BlackRock, le plus gros
gestionnaire monétaire du monde, avec près de quatre trillions de dollars d’actifs
sous sa responsabilité, verrait sa réputation ruinée s’il se trouvait que cet
argent avait disparu. J’ai tendance à être très suspicieux, peut-être même
plus que la plupart des gens, mais je m’arrête aux acrobaties de l’esprit qui
mènent à croire que l’argent de SLV n’est plus où il devrait se trouver.
Une fois de plus, ce n’est
pas un si gros problème que ça. Je n’essaie de convaincre personne d’acheter
SLV. J’ai investi moi-même, mais je ne touche aucune commission. Si vous ne
voulez pas acheter, n’achetez pas. Et si vous préférez posséder de l’argent
physique, une fois encore, c’est votre choix.
Avec la possession
directe, le problème est que vous obtenez tant de métal pour la somme
investie que vous devez très vite le stocker quelque part. Vous ne pouvez pas
vous charger vous-même de sa mise en sûreté. Les barres de mille onces
représentent le meilleur rapport qualité-prix. Et elles pèsent plus de trente
kilos. Quinze mille dollars, ce n’est pas grand-chose. Mais d’un point de vue
pratique, une barre d’argent de trente kilos, ce n’est pas rien. Si vous
achetez de l’argent physique, vous avez besoin que quelqu’un le protège pour
vous, et vous avez besoin du meilleur mécanisme de stockage disponible.
C’est important. Vous
voulez vous assurer que votre métal soit bel et bien où il doit se trouver.
En tant qu’actionnaire
du SLV, vous n’obtenez pas votre propre numéro de série. Mais si vous déposez
de l’argent dans l’un des entrepôts du Comex, comme le font beaucoup de gens,
vous devez impérativement vous assurer de disposer du poids de votre barre,
de sa marque et de son numéro de série. C’est votre seule manière de vous en
assurer la propriété.
Il existe deux types d’argent.
Il y a l’argent que vous pouvez déposer et dont vous connaissez les
informations. C’est l’argent véritable. Et puis il y a un argent placé sur un
compte commun, non-alloué, pour lequel vous n’obtenez aucune information ou
numéro de série.
Je serais
personnellement très suspicieux face à un argent pour lequel je ne
disposerais pas de numéro de série. Rien n’indique que je puisse obtenir mon
métal physique et me le faire livrer.
Et les gens perdent de l’argent.
Bullion Direct vient de faire faillite, ce qui coûtera à ses clients plus de
vingt millions de dollars. La société disait conserver de l’or et de l’argent
pour ses clients, mais elle ne l’a jamais fait.
Comment les individus
peuvent-ils se protéger ? Il faut pour cela s’armer de bon sens. Si vous
voulez investir sur une barre de mille onces parce qu’elle représente le
meilleur rapport qualité-prix, vous devez vous assurer que vous l’achetez auprès
d’un ETF digne de confiance et que votre contrat est garanti par du métal
physique. Une autre solution est d’avoir votre propre lieu de stockage. Et
soyez sûr de disposer de tous les détails spécifiques.
C’est ainsi qu’a été montée
une poursuite contre Morgan Stanley il y a plusieurs années (dix, peut-être ?
Je me fais vieux).
L’un de mes lecteurs ne
cessait plus de me poser cette question : « Ecoutez, j’ai de l’argent
chez Morgan Stanley, et ils ne veulent pas me donner de numéro de série. Qu’est-ce
que je peux faire ? »
Et je lui ai répondu :
« Vous n’avez pas d’argent. Si vous n’avez pas de numéro de série, vous
n’avez pas d’argent. Et eux non plus. »
Je ne dis pas qu’ils n’offrent
pas un prix intéressant. Mais je ne vois aucune raison pour laquelle refuser
de livrer un numéro de série, si ce n’est que l’argent n’est pas là. Mon
lecteur a persisté et engagé un avocat, ce qui a donné lieu à une poursuite.
Morgan Stanley a dû payer plusieurs millions de dollars d’amende, mais le
problème reste le même. Assurez-vous que votre métal est là.
La discussion commence à
la 52e minute.
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