Le nouveau Premier
ministre grec, Alexis Tsipras, fait revenir à la mode les dépenses
déficitaires. Le Premier ministre, qui ne manque pas de charisme, a prévu de
démanteler le cruel programme d’austérité dont souffre son pays, en rejetant
tout projet d’extension de son plan de sauvetage international et se heurtant
de plein fouet à l’Union européenne. Incorrigiblement candide, il est entré
en scène telle une rock-star anti-austérité, et fait la sérénade à ses fans
avec un retour aux dépenses et une hausse des salaires de base et des
pensions.
On pourrait dire toutefois
que ces cinq dernières années d’austérité commençaient à porter leurs fruits.
La nation est passée d’un déficit important, qui a porté les rendements des
obligations grecques sur dix ans à 40% en 2012, à un surplus primaire limité
de 2,7% de son PIB. Le déficit primaire du pays était de 10,7% de son PIB en
2009. Malheureusement, ces chiffres n’ont apporté que très peu de salut aux
électeurs grecs. Pour eux, l’austérité a apporté des prix trop élevés, un
chômage de 26%, et de 50% chez les jeunes. Les taux d’intérêt qui ont grimpé
en 2012 et manifestaient l’irresponsabilité fiscale du pays sont aujourd’hui
un souvenir lointain. Une croissance faible et un taux de chômage élevés ont
poussé les plans de frugalité les mieux intentionnés vers l’extinction.
La Grèce cherche
aujourd’hui à mettre fin à l’austérité et à s’en retourner à des dépenses
déficitaires. En Espagne, des dizaines de milliers de gens ont protesté
contre les réductions d’aides sociales lors de manifestations organisées par
le parti de gauche Podemos – qui est désormais en tête des sondages dans le
pays.
L’Italie, qui comme la
Grèce souffre d’une économie stagnante, d’un chômage astronomique chez les
jeunes, et d’une dette de 132% de son PIB, espère que la Grèce pourra lui
montrer le chemin vers l’extinction de l’austérité. Si l’Italie s’alliait à
la Grèce et que les autres pays endettés de la zone euro, tels que le
Portugal et l’Espagne, faisaient pression sur l’Union européenne, les mesures
d’austérité pourraient s’alléger, et des politiques fiscales plus importantes
pourraient être mises en place. Ces nations endettées menacent de faire
défaut et de quitter l’Union européenne et l’euro, ce qui génèrerait des
paniques bancaires de grande échelle et un chaos économique au travers de
toute l’Europe.
Ce sentiment
anti-austérité semble se propager même dans les nations d’Europe centrale. Le
président français François Hollande fait face à un taux de chômage très
élevé et a demandé un ralentissement des mesures d’austérité. Même le
président de la Commission européenne a récemment remis en question l’utilisé
de l’austérité, et souligné que ses conséquences ont jusqu’à présent été un
ralentissement de la croissance et une multiplication des souffrances
sociales.
En Europe, l’austérité
est sous respiration artificielle, mais le désir insatiable de dépenser de se
limite pas qu’à cette région du monde. Le président Obama a récemment publié
son nouveau programme budgétaire, qui s’est avéré empli de surprises pour ses
citoyens. Contrairement à l’année passée, alors qu’Obama cherchait à obtenir
un accord fiscal avec les Républicains, le budget de cette année de présente
aucun compromis. Il n’y a plus de demande d’un indice des prix à la
consommation stable, et les réductions de bénéfices liés à la sécurité
sociale et à d’autres programmes fédéraux ont disparu. Les limites qui
existaient en 2010 ont disparu, comme par exemple le plafond pour les
dépenses fédérales. Ces limitations ont été remplacées par une série de
propositions de suppléments comme l’accès gratuit à la maternelle et au
collège.
Séduits par des taux
d’intérêt faibles, les gouvernements du monde tentent de s’en retourner à
leurs habitudes dépensières. Grâce à la couverture offerte par la baisse des
ratios déficit/PIB – causée par des taux plus bas que jamais – les
politiciens se tournent de nouveau vers leur premier amour… la dépense
déficitaire. Par exemple, les paiements d’intérêts sur la dette nationale des
Etats-Unis sont inférieurs aujourd’hui à ce qu’ils étaient en 2008, malgré le
fait que la dette nationale s’élève aujourd’hui à 9 trillions de dollars
supplémentaires. En revanche, cette prérogative ignore des faits importants, la
première étant ce qu’il se passera lorsque les taux d’intérêt se trouveront
rééquilibrés.
Lorsque les taux
d’intérêt passeront au-dessus de leurs niveaux manipulés, non seulement les
paiements d’intérêts relatifs à la dette augmenteront, mais les bulles sur
les actifs générées par les banques centrales au cours de ces sept dernières
années exploseront. Le problème, c’est que la croissance du PIB enregistrée
au travers du monde développé depuis la Grande récession a provenu de la
création et du maintien de ces bulles sur les actifs. Ainsi, la combinaison
de la baisse du PIB et de la hausse des paiements d’intérêt causeront des
déficits plus importants encore en termes de pourcentage de PIB, pire encore
que ceux enregistrés pendant la Grande récession.
Le niveau nominal de la
dette mondiale a augmenté de plus de 40% depuis 2008. Nous sommes désormais
en passe de voir les déficits flamber à mesure que la confiance en les
banques centrales disparaîtra. Les dépenses additionnelles proposées par les
politiciens, qui ont été renforcées par la manipulation des taux d’intérêt et
la croissance du PIB, ne feront qu’exacerber la situation. Après que sera
passé l’effondrement, nous serons à jamais forcés de retirer l’austérité de
la liste d’espèces en voie de disparition.