Peter Thiel,
c’est l’histoire d’une réussite exceptionnelle. Diplômé
de Stanford en philosophie, élève de
René Girard, il a poursuivi des études de juriste avant de se lancer
dans les affaires. En 1996, il fonde le Thiel Capital Management, un fonds à multi
stratégies.
Puis, en 1999, il fonde Paypal. En moins d'un an, trois millions de comptes Paypal sont ouverts via le site d'enchères en
ligne Ebay. La société Paypal est
officiellement créée en 2001 et cotée en bourse en 2002.
La même année, eBay achète Paypal
pour un milliard et demi de dollars et Peter Thiel
empoche 55 millions de dollars.
Selon
Thiel, PayPal est un
moyen de transférer de l'argent partout sans aucune restriction. Bloomberg Markets
l'exprime ainsi : « PayPal est une question
de liberté. Il permet aux gens d’échapper au
contrôle des devises et de déplacer de l'argent dans le monde
entier ».
En
1998, il co-signe un livre intitulé Le mythe de la diversité, une
attaque contre le gauchisme et l'idéologie multiculturaliste
qui domine à Stanford. Il affirme que le multiculturalisme
a conduit à une diminution des libertés individuelles. En 2004, Mark Zuckerberg,
étudiant à Harvard, lance Facebook et sollicite Peter Thiel, qui investira 500 000 dollars dans le projet. Il
possède aujourd’hui environ 7% de Facebook.
Thiel est considéré dans la Silicon
Valley et sur la scène américaine du
capital risque comme un gourou libertarien des
nouvelles technologies. En
mai 2011, il a annoncé la création d’une bourse de 100 000$ destinée aux
étudiants les plus brillants de moins de 20 ans qui abandonneraient
leurs études pour créer leur entreprise.
George Gilder est
l’un des économistes de l’offre qui ont inspiré
Ronald Reagan. Il a écrit quelques-uns
des livres les plus influents de notre époque, comme La richesse et la pauvreté ou Microcosm : The Quantum Revolution
in Economics and Technology
(Microcosme: la révolution quantique en économie et dans les
technologies). Il est aussi celui qui a popularisé la loi de
Moore, qui affirme que la puissance des ordinateurs double tous les 18 mois
tandis que les coûts diminuent de moitié.
Un
constat alarmant
Au cours du débat, Peter Thiel s’est montré très pessimiste.
Selon lui, dans de nombreux domaines, le progrès s’est
arrêté à cause des restrictions abusives des
gouvernements.
Il a donne
toute une série d’exemples très parlants. Ainsi, depuis
des centaines d'années, l'humanité a cherché à se
déplacer plus rapidement - d'abord avec des voiliers plus rapides,
puis avec des navires à vapeur et ensuite avec les trains, les
automobiles et les avions. Il y a cinquante ans, on avait prédit que
les avions commerciaux voyageraient à une vitesse de 2000 milles
à l'heure ou plus. Cela ne s'est pas produit.
Le Concorde, qui est devenu le premier
avion supersonique commercial en 1976, a été abandonné
il y a huit ans. Les avions aujourd’hui ne volent pas plus vite que
dans les années 1960 en raison de la réglementation. En outre,
les fonctionnaires américains de la Transportation Security
Administration (TSA) ont réussi à augmenter le temps de voyage
d’une heure ou deux en ralentissant vainement le traitement des
passagers dans les aéroports.
L'énergie nucléaire
était censée nous apporter l'électricité bon
marché. Mais les réglementations excessivement
coûteuses des gouvernements ont fait grimper les prix de
l'énergie, en termes réels, après des siècles de
baisse.
Après les premiers alunissages,
certains prédisaient qu’il y aurait des bases permanentes
habitées sur la lune. Aujourd’hui, le programme de la navette
spatiale a été abandonné, malgré trois
décennies de bon fonctionnement, sans solution de remplacement.
Les autorisations de mise sur le
marché de médicaments délivrées par la Food and
Drug Administration ne cessent de baisser par rapport à ce
qu’elles étaient une décennie plus tôt. Pendant ce
temps, on attend la guérison promise pour le cancer, même si des
progrès ont été accomplis.
Dans certains secteurs, comme
l'éducation, la productivité y est même devenue
négative. Il en coûte davantage aujourd'hui en termes
réels pour fournir le même niveau d'éducation dans les
écoles primaires et secondaires qu’il y a quatre décennies.
Une
lutte titanesque pour l’innovation
George Gilder,
tout en admettant la critique de Peter Thiel, est
plus optimiste en ce qui a trait à la capacité des
investisseurs en capital risque et des
entrepreneurs à surmonter le poids des règlementations
administratives.
Ce n'est pas un secret, a-t-il
expliqué, que les bureaucrates recherchent le pouvoir, notamment le
pouvoir de taxer et de réglementer les innovations. En
conséquence, les gens ne profitent pas des avantages de la
réduction des coûts permises par ces innovations. Mais il faut
un certain temps à l’administration pour comprendre comment
réglementer les nouvelles industries. Le secteur privé fait
presque tout plus vite, moins cher et mieux que le secteur public. Et le gouvernement n'a pas encore
compris comment détruire Internet et les progrès de
l'informatique.
Gilder note par exemple que la loi de Moore continue
de se vérifier plusieurs décennies après que Gordon
Moore a décrit le processus. Tous les dix ans, nous avons vu une
augmentation au centuple
de la puissance des ordinateurs et une multiplication de la bande passante
par 524. C'est pourquoi il est possible aujourd’hui de regarder des
films sur un téléphone cellulaire.
On observe ainsi, selon Gilder, une course de vitesse titanesque entre ceux qui
tentent d'innover et les gouvernements qui cherchent à imposer des
restrictions réglementaires et fiscales. Il n'est pas surprenant de
constater que plus les gouvernements se
développent, plus le rythme des progrès technologiques ralentit.
Les deux conférenciers ont fini
par conclure d’un commun accord que les innovations technologiques
constituent le meilleur moyen de prendre de vitesse les bureaucraties et de
maintenir un peu de liberté et de prospérité.
Chroniques de la Freedom Fest à Las Vegas
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