1. Puisqu'en France, on aime bien la cuisine, la bonne cuisine de
préférence, que penser de la "sauce Lyssenko" qui est versée en
permanence, implicitement, par les hommes de l'état pour enrober l'économie ?
Certes, elle n'a rien à voir avec la cuisine, au moins au sens premier du
mot, car l'économie de la France n'est en aucun cas un mets qui permette de
se pourlécher les babines.
2. Mais, d'un point de vue rhétorique, on peut toujours considérer qu'elle
nappe l'économie par ce qu'on dénomme la "comptabilité nationale"
au point que celle-ci la fasse disparaître des goûts et des couleurs.
Soit dit en passant, la comptabilité nationale n'est pas non plus un mets,
mais un "objet frontière" qui devrait défier n'importe quelle
imagination (cf. ce texte
de février 2010 ) .
3. Et elle-même ruisselle de l'"équilibre économique", aujourd'hui
de la "croissance", entité
polylogique - et toujours pas mets - chère
à certains économistes, à quoi sont sensibles les hommes de l'état.
Soit dit en passant là encore, les seconds ont l'attention des premiers et,
par vague, se vautrent dans le "conseil d'analyse économique".
Le C.A.E. est une entité qui a été instaurée par décret (décret n°97-766 du 22
juillet 1997) par Lionel Jospin, alors Premier ministre du gouvernement
de l'Etat, dont la "version consolidée au 6 novembre 2012",
précise, en particulier, que:
"Vu le décret n° 90-437 du 28 mai 1990 fixant les conditions et les
modalités de règlement des frais occasionnés par les déplacements des
personnels civils sur le territoire métropolitain de la France lorsqu’ils
sont à la charge de l’Etat, des établissements publics nationaux à caractère
administratif et de certains organismes subventionnés,
Article 1
Il est créé auprès du Premier ministre un Conseil d’analyse économique
ayant pour mission d’éclairer, par la confrontation des points de vue et des
analyses, les choix du Gouvernement en matière économique. "
4. Que vient faire, plus précisément, la dénomination "sauce lyssenko" en relation avec l'économie de la France,
la comptabilité nationale et l'équilibre économique ou la croissance, me
direz-vous?
Elle est, en vérité, une expression centrée sur le nom d'un natif de Russie,
à savoir Trophim Denissovitch
Lyssenko, en russe, Трофим Денисович Лысенко (1898-1976)
qui a été le maître de la biologie soviétique sous Staline et Khrouchtchev.
5. Il faut savoir que l'homme en question a combattu la génétique en
montrant que les enseignements à quoi elle donnait lieu étaient contraires à
la théorie marxiste.
Selon l'analyse de Lyssenko, la science progressiste, celle qui découlait de
la théorie marxiste, appelait à la transformation de la société et s'opposait
à l'autre science, à la science qualifiée de réactionnaire, qui justifiait le
conservatisme et l'inégalité.
Pour être fidèle à l'inspiration de Lyssenko, à défaut de comprendre ce qu'il
pouvait bien vouloir dire, et comme y invite la sauce éponyme, il convenait
donc de suivre tous ceux qui s'attaquaient aux théories des
"réactionnaires" et, à l'opposé, de dénoncer au minimum ceux qui
soutenaient les propos de ces derniers dans tous les domaines de la science.
6. Dans le cas de l'économie de la France, la "sauce Lyssenko"
consiste à transformer la comptabilité nationale, déjà bien ébranlée par
naissance (décennie 1940), en une structure plus marxiste encore et à la
faire dominer le discours économique, n'en déplaise au décret précédent.
7. Exemplaire, et devrait faire sursauter chacun, est qu'on parlât de
"produit intérieur brut" au lieu de parler d'"échange
intérieur brut" convenu, comme si tout procédait de la production alors
que tout procède en réalité des échanges de vous et moi.
D'ailleurs, la théorie de l'équilibre économique général ou la théorie macroéconomique
n'ajoute-t-elle pas au produit intérieur brut, dans sa soif de mesure, les
importations, type d'échanges extérieurs, pour introduire les
"ressources" dont a disposé l'économie de la France, au cours d'une
période de temps?
Comme pour prévenir la critique précédente, certains préciseront à l'occasion
que le "produit intérieur brut" est le nom donné à la "somme
des valeurs ajoutées", une de ces diverses définitions (cf. définitions
de l'I.N.S.E.E.).
8. Reste que la "valeur ajoutée" n'est pas une notion de théorie
économique.
"Valeur ajoutée" et "valeur" font deux et quand bien même
elles feraient un, la "valeur" a trop de définitions aujourd'hui en
économie politique pour s'en satisfaire.
La "valeur ajoutée" n'est qu'une expression conçue ou convenue par
quelques hommes de l'Etat farfelus ignorants de l'économie politique.