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1. Le
prétendu obstacle aux échanges internationaux.
L’étalon-or a été abandonné
progressivement, à partir de la décennie 1920, à
l’échelle du monde et, en particulier, à l’occasion
de la conférence internationale tenue à Gènes
en 1922.
Le prétexte en a été que la définition des prix
des monnaies nationales en or était un obstacle à
l’expansion des échanges internationaux, un frein à la
croissance économique pour la principale cause que la production
d’or était inélastique au prix de l’or.
C’en était donc fait de l’organisation naturelle,
spontanée qu’avait été l’étalon-or,
une organisation artificielle prendrait sa place.
La décision "internationale" finale interviendra en 1971-73.
2. Organisation
naturelle et organisation artificielle.
Près d’un siècle plus tôt, Frédéric
Bastiat avait eu l'occasion de souligner que les socialistes n’ont pu
se mettre en quête d’une organisation artificielle que parce
qu’il ont jugé l’organisation naturelle mauvaise et
insuffisante ; et ils n’ont jugé celle-ci insuffisante et
mauvaise que parce qu’ils ont cru voir dans les intérêts
humains un antagonisme radical, car sans cela ils n’auraient pas
recouru à la contrainte. Il n’est pas nécessaire de
contraindre à l’harmonie ce qui est harmonique en soi.
Ce qui sépare radicalement les diverses écoles socialistes de
l’école économique, c’était donc ce point de
départ.
3. Les
"crises".
Au prétendu frein à la croissance des échanges
internationaux qu’aurait été l’étalon-or,
ont succédé, comme il fallait s’y attendre et comme
certains s'y sont attendus (cf. ci-dessous), des phénomènes
réels, pour le moins "ralentisseurs" eux, autrement graves,
dénommés, selon les sensibilités, "crise monétaire",
" …bancaire" ou " …financière".
Bien évidemment, comparées aux crises antérieures qui
n’étaient que des ajustements économiques, ces crises ont
eu des effets autrement dommageables (chômage de masse,
révolution politique).
Nous vivons la dernière en date et cela malgré la mise en
œuvre entre temps d’institutions artificielles
supplémentaires (coopération des banques centrales, banque des
règlements internationaux, fonds monétaire international,
"G. x", etc.)
A l’occasion de la conférence internationale de Londres
(1930-31) qui proposait - sans s'exprimer ainsi bien sûr - de corriger
les premières erreurs consécutives à la mise en route du
processus d’abandon de l’étalon-or et, en première
ligne, celle qu’avait cristallisée la "crise de 1929",
Jacques Rueff s’était penché sur le rapport du
président de la Conférence, à savoir MacMillan.
Et cela l’avait amené à écrire :
« On ne saurait exagérer l’importance du
rapport MacMillan.
Il résume, avec une extraordinaire lucidité, toutes les
tendances de notre époque.
Il constituera, pour ceux qui l’étudieront, dans l’avenir,
l’un de ses monuments les plus caractéristiques et,
probablement, l’une des étapes essentielles sur la voie des
catastrophes que nous sommes en train d’organiser ».
Et Rueff de poursuivre:
« Je retiendrai seulement l’affirmation de principe
qui figure dans son introduction (p.4) :
‘la caractéristique essentielle de notre époque,
c’est le développement de la conscience que nous avons prise de
nous-mêmes.
Tant en ce qui concerne nos institutions financières que nos
institutions politiques ou sociales, nous pourrions bien avoir atteint le
stade où un régime d’organisation consciente devrait
succéder à l’ère des évolutions
spontanées …
Nous sommes à la croisée des chemins et le futur dépend
de notre choix’.
Je ne suis pas d’accord avec cette conclusion […]
Le problème de l’économie organisée, c’est
le problème des vagues de la mer.
Nous connaissons les forces qui les déterminent, nous concevons les
conditions auxquelles la solution du problème doit satisfaire, nous
pouvons même la mettre en équation ; mais quant à la
résoudre, nous n’y saurions songer.
Bien plus même, en astronomie, le problème des trois corps est
à peine résolu.
Pour des astres plus nombreux, nous ne pouvons que recourir à des
formules d’approximation, dont la solution imparfaite exige des calculs
extrêmement pénibles.
Et pourtant, chaque soir, dans le ciel, toutes les planètes, tous les
soleils, toutes les étoiles trouvent sans hésitation le chemin
qui leur est assigné et résolvent, en se jouant de
l’équation aux mille inconnues, dont notre esprit jamais ne
pourra approcher. »
Soit dit en passant, l’U.R.S.S., organisation artificielle par
excellence, instaurée en 1917, « fin du fin » en la
matière si on peut s’exprimer ainsi, a disparu fin
décennie 1980 début décennie 1990.
4. La
prétendue cause du réchauffement de la planète.
Forts de ces expériences oh combien malheureuses, les hommes de
l’Etat auraient du changer d'état d'esprit, bien au contraire
une grande majorité parmi eux s’entêtent.
Ce n’est plus le prétendu frein à la croissance
économique - quoique ... - qu’ils ont choisi d’avoir en
ligne de mire en 2009, mais le prétendu accélérateur du
réchauffement de la planète, de la détérioration
du climat, que serait ... l’action humaine.
L’action humaine non contrôlée par leurs soins aurait pour
résultats une production excédentaire de CO2 et une
détérioration du climat du monde.
Et ils prétendaient en avoir des preuves.
Jusqu'au moment où des preuves se trouvent être des faux, comme
il fallait s'y attendre (cf. par exemple, la
fraude au changement climatique).
Gènes 1922, Copenhague 2009, même combat absurde des hommes de
l'Etat sur des terrains apparemment différents au premier regard, mais
pas au second car c'est celui de l’économie dirigée ...
par leurs soins.
5. Organisation et
ordre.
En définitive, à près de cent cinquante ans
d’intervalle, le problème de l’organisation soulevé
par Bastiat est toujours d’actualité.
Il l’est toujours même si, depuis lors, la réflexion sur
l’organisation s’est doublée d’une réflexion
sur l’ordre (cf. par exemple, Jouvenel), sur l’ordre social (cf.
par exemple Rueff) ou encore sur l’ordre de marché (cf. par
exemple la "catallaxie" de Hayek).
6. Manipulation
permanente.
A défaut d’avoir réussi dans leurs autres
expériences antérieures, en définitive toujours à
caractère restreint, les hommes de l’Etat et autres pairs verts
ont désormais la prétention de mener une expérience
totale de contrainte des actions de vous et moi et d’organiser
artificiellement le monde au nom d’une défense de son climat.
Il faudrait que chacun prenne en considération la manipulation dont il
est victime et soit conscient du caractère fallacieux tant de la
méthode que des arguments utilisés par les pairs verts afin
qu’en 2017 par exemple, n’émerge pas une URSS
"nouvelle formule" car cette fois à l’échelle
du monde.
Ce caractère fallacieux n’a rien de nouveau, il est de l’ordre
de celui qui a contribué à l’abandon de
l’étalon-or.
Bien évidemment, l’étalon-or n’était pas le
« vieux fétiche » dont ont parlé par la suite
certains pour le discréditer une bonne fois pour toutes, il
était davantage le rappel que la liberté de l’homme
existe, est un fait et n’est pas un rêve. Il était
pour les hommes de l'Etat oublieux des réalités la "statue
du Commandeur".
L’avoir abandonné a permis à ceux qui ont mené
l’action et à leurs successeurs de faire passer les rêves
qu’ils avaient, pour la réalité.
Et le dernier rêve en date est donc la défense du climat contre
l’action humaine.
Plus que les précédents - étant donnée son
énormité -, et avant qu’ils en inventent un autre encore
plus totalisant, il sera coûteux, très coûteux.
Et pour cette raison, il doit être dénoncé et certains
s’y emploient.
Derniers efforts en date :
- émissions
de Lumière 101 ;
-
fondation de Nigel Lawson
et son livre intitulé An Appeal to Reason
;
- le livre de Vaclav Klaus intitulé Planète
bleue en péril vert.
7. Halte aux pairs
verts.
Il faut comprendre que pour réaliser le rêve insensé de
la défense du climat que mettent en scène les pairs verts, se
profile à l’horizon un ensemble de réglementations
étatiques de l'action humaine, certaines déjà
effectives, beaucoup d'autres potentielles, les unes et les autres
injustifiables.
Cet ensemble de réglementations étatiques n’est ni plus
ni moins condamnable que celui qui a été substitué aux
règles naturelles de l’étalon-or.
Mais étant donnée son ampleur, ses effets seront sans commune
mesure avec ceux provoqués par l’abandon de
l’étalon-or.
Ils seront tels même si l’abandon de l’étalon-or a
eu l'effet terrible et incommensurable de contribuer à faire oublier
la liberté de l’homme et a ainsi préparé le
terrain où désormais, la prétendue défense du
climat contre ce qu'il lui reste de liberté voudrait croître et
embellir.
Georges
Lane
Principes de science économique
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publiés par Georges Lane
Georges Lane
enseigne l’économie à l’Université de
Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du
séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi
les très rares intellectuels libéraux authentiques en France.
Publié avec
l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits
réservés par l’auteur
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