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Paris, le 16 mai 2013.
L'économie politique n'a pas pour domaine les fonctions économiques des choses,
mais les phénomènes de marché, la détermination des taux d'échange mutuel des
biens convenus sur des marchés, leur origine dans l'action humaine et leur
effet sur cette dernière action comme l'ont expliqué les économistes de l'école
de pensée autrichienne - au nombre desquels quelques Français -.
Les échanges économiques donnent lieu à ce qu'on dénomme "monnaie" et non pas
l'inverse.
Peu importent les politiques monétaire, budgétaire, etc. qui ne sont que des
annexes du bateau de l'économie politique et non pas des points de départ,
d'ancrage.
1. Des fonctions économiques de la monnaie.
Malgré tout cela, la grande majorité des économistes s'astreignent à
limiter la monnaie à des fonctions économiques, à une partie d'entre elles,
comme si l'économie politique avait pour domaine ces fonctions.
Même Ludwig von Mises faisait grand cas de la seule fonction qu'il appréciât, à
savoir celle de moyen d'échange.
Paradoxe ?
Encore aujourd'hui, pour ne prendre qu'un seul exemple, un homme français de la
Banque centrale européen n'hésite pas à y faire référence sans autre forme de
procès (Benoit Coeuré dans "Euro banknotes – a secure means of payment and a
symbol of Europe", 22 avril 2013, en arrive à parler d'Aristote!).
A l'opposé, des économistes ont cherché, à leur façon, à sortir du biais dans
quoi ils se sentaient coincés.
Par exemple, Jacques Rueff en était parvenu à voir dans la monnaie non pas une
ou plusieurs fonctions économiques, mais un "récipient à valeur" - du genre
"tasse à thé" ...-, les échanges de l'économie politique, c'est-à-dire de vous
et moi, permettant les échanges synallagmatiques ou catallactiques des
contenants des "récipients à valeur" entre vous et moi, à savoir les "valeurs"
des droits de propriété des choses.
2. Les fonctions économiques oubliées.
Quitte à adopter la démarche des fonctions économiques, pourquoi ne pas la
mener au bout, c'est-à-dire aux dernières fonctions ou rôles découverts au XXè
siècle comme la fonction macroéconomique de la monnaie, à savoir celle qui
voudrait que la monnaie contribuât aux variations de prix et de l'activité
économique, au chômage?
Curieusement, cette fonction macroéconomique n'est jamais évoquée en tant que
telle.
On en reste aux trois admises depuis au moins le XIXè siècle, à savoir les
fonction de moyen d'échange, de réserve de valeur et d'unité de compte.
Politique monétaire.
Il importe d'être sensible au fait qu'à défaut d'être associée aux autres, la
fonction macroéconomique est adossée à ce qu'on dénomme la "politique
monétaire", réglementations décidées par "X", "Y" ou "Z" en matière de
monnaie.
A cette occasion, lui est juxtaposée la "politique budgétaire" pour expliquer
prétendument des phénomènes économiques ou des concepts, par exemple, du type
"zone optimale de monnaie".
L'économie sans monnaie.
Il reste que la monnaie n'est pas toujours séparée de ses fonctions économiques
restreintes en fin de compte.
Une façon de voir la non séparation amène même certains à dire que la monnaie
est le grand perturbateur économique qu'ils ont en tête.
Selon eux, sans monnaie, il n'y aurait pas de perturbation (Ecole hollandaise, au nombre de qui
J.G. Koopmans, mais surtout M.W. Holtrop dans la décennie 1960.).
3. La comptabilité bancaire réglementée de la monnaie.
Le cas échéant, des économistes associent ou non la monnaie avec ses fonctions
économiques restreintes - et ce qu'elles cachent - et avec la comptabilité
bancaire du moment où ils procèdent à leurs analyses.
En vérité, ils ne prennent pas en considération les principes de la
comptabilité qui permettent de mesurer la quantité de monnaie - en droits
constatés - dont ils font grand choix.
Ils admettent que des réglementations instaurées ici ou là par le passé sont
définitives et non pas temporaires.
Par exemple, les réglementations instaurées au XXè siècle, depuis la décennie
1930 en particulier et le rapport MacMillan, sont mises de côté.
En d'autres termes, la comptabilité bancaire observée en question est
réglementée sans que les réglementations interviennent dans les études.
On sait pourtant d'ordinaire que le non respect des lois de la nature ou de la
réalité - que sont les échanges économiques - que mesurent les comptabilités
réglementées a pour effet ou conséquence, immédiat ou non, un dommage, une
pénalité, voire la mort.
Pourquoi en serait-il autrement en matière d'échange économique?
4. Une troisième voie...
Entre la monnaie définie prétendument par certaines fonctions économiques
restreintes et la monnaie définie et mesurée par des postes de comptabilité
bancaire réglementée tantôt nationalement, tantôt internationalement, des
économistes ont fait connaître leurs travaux du XXè siècle au travers de
l'offre et de la demande de monnaie, nouvelle façon d'amener à définir ce qu'on
dénomme "monnaie".
4.A. Le concept de demande de monnaie.
Au nombre des propos tenus sur la demande de monnaie, le concept de "préférence
pour la liquidité" de John Maynard Keynes a acquis un rôle important
rétrospectivement.
Il a ajouté à l'ambigüité de ce qu'on peut dénommer "monnaie" aujourd'hui (en
sigle, C.Q.D.M.A.) en faisant oublier ce que la "liquidité" est supposée
cacher.
Il a conduit certains (par exemple, Gurley et Shaw, 1960) à mettre l'accent sur
la finance et les "instruments financiers" et à voir dans la monnaie un actif
financier.
4.B. Le concept d'offre de monnaie.
Au nombre des propos tenus sur l'offre de monnaie, les concepts de
convertibilité monétaire et de couverture bancaire qui sont essentiels ont été
l'objet de réglementations.
Ils s'accoquinaient à leur façon avec le concept de "liquidité" et n'excluaient
pas celui de "solvabilité".
C'est ainsi qu'il y a cent ans, la couverture bancaire soulevait un problème
financier aigu depuis le débat anglais du XIXè siècle entre la "currency
school" et la "banking school".
Pour sa part, la convertibilité monétaire restait encore dans l'ombre de
la convertibilité des substituts de monnaie bancaire en monnaie or ou
argent.
Depuis lors, tout a changé.
Aujourd'hui, dans certains pays, la convertibilité monétaire - intérieure et
extérieure - a été interdite par le législateur ou les hommes de l'Etat, en
deux temps, d'abord intérieure, puis extérieure ;
dans d'autres, comme dans des pays de l'Europe géographique, non seulement, la
convertibilité des monnaies nationales réglementées a été interdite, mais
certaines d'entre elles ont été fusionnées en une monnaie régionale créée pour
l'occasion et de convertibilité monétaire interdite, à savoir l'€uro.
5. Remarque : l'ajustement de l'offre et de la demande de
monnaie.
Des économistes ont encore introduit la conséquence de la mise en relation des
concepts d'offre et de demande de monnaie qu'il dénomme "ajustement de
l'équilibre du marché de la monnaie".
Pour les uns, l'ajustement n'est pas problématique, l'équilibre du marché de la
monnaie se réalise spontanément.
Pour d'autres, il est problématique et, pour le résoudre, ils ont introduit
d'autres marchés de l'économie politique ou du "système économique".
6. Une quatrième voie...
Malgré tout cela, contre vents et marées, des économistes se retranchent encore
ou tentent de convaincre que seules politique monétaire et politique budgétaire
sont dignes d'intérêt économique.
Ils n'hésitent pas, à n'en plus finir, à faire connaître ce qu'ils faudrait
penser des formes empiriques de la monnaie comme, par exemple, ce qu'on dénomme
aujourd'hui "€uro" depuis 1999-2002 (cf. ce billet de janvier 2013 par
exemple).
7. Quantité de monnaie en circulation.
En tous les cas, il a été admis et observé depuis longtemps qu'il y avait une
"quantité de monnaie en circulation" et tous les économistes cités précédemment
ne font pas trop de liens précis entre leurs propos et cette quantité.
La quantité de monnaie en circulation ne devrait pas cacher pourtant
1) les règles de droit,
2) la législation réglementation,
3) les actions humaines assujetties aux règles précédentes
comme c'est le cas dès lors qu'on n'est pas économiste de l'école de pensée
autrichienne.
Au nombre des économistes qui se moqu(ai)ent des règles précédentes et des
actions humaines en conséquence - ils préfèr(ai)ent les résultats de ces
actions aux actions elles-mêmes -, Irving Fisher (1911), puis Knut Wicksell
(décennie 1920) - selon
T. Haavelmo (1978) pour ce dernier - ont fourni une expression simple de ce
qu'ils dénommaient "équation
des échanges", mais l'ont déformée, voire l'ont dénaturée en lui
parachutant une causalité qu'elle ne saurait avoir...
La déformation/dénaturation a commencé avec Fisher par un accent mis non pas
sur l'"équation des échanges", mais sur le "pouvoir d'achat" de la monnaie
qu'il avait déduit de l'équation précédente mais sans aucune logique
économique.
Nous atteignons depuis lors des sommets successifs dans la quantité de monnaie
en circulation magique comme on peut l'observer à partir des comptes de bilan
de la Banque centrale européenne (graphique 1)
Graphique 1
Base monétaire "zone €uro"
2005-2013
ou du système de réserve fédérale des Etats-Unis (graphique 2)
Graphique 2
Base monétaire U.S.A.
2005 - 2013
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