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Cours Or & Argent

L'économie politique et ce qu'on dénomme "monnaie" aujourd'hui.

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Publié le 23 mai 2013
1438 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Fondamental







Paris, le 16 mai 2013.





L'économie politique n'a pas pour domaine les fonctions économiques des choses, mais les phénomènes de marché, la détermination des taux d'échange mutuel des biens convenus sur des marchés, leur origine dans l'action humaine et leur effet sur cette dernière action comme l'ont expliqué les économistes de l'école de pensée autrichienne - au nombre desquels quelques Français -.

Les échanges économiques donnent lieu à ce qu'on dénomme "monnaie" et non pas l'inverse.

Peu importent les politiques monétaire, budgétaire, etc. qui ne sont que des annexes du bateau de l'économie politique et non pas des points de départ, d'ancrage.


1. Des fonctions économiques de la monnaie.

Malgré tout cela, la grande majorité des économistes s'astreignent à  limiter la monnaie à des fonctions économiques, à une partie d'entre elles, comme si l'économie politique avait pour domaine ces fonctions.

Même Ludwig von Mises faisait grand cas de la seule fonction qu'il appréciât, à savoir celle de moyen d'échange.

Paradoxe ?

Encore aujourd'hui, pour ne prendre qu'un seul exemple, un homme français de la Banque centrale européen n'hésite pas à y faire référence sans autre forme de procès (Benoit Coeuré dans "Euro banknotes – a secure means of payment and a symbol of Europe", 22 avril 2013, en arrive à parler d'Aristote!).

A l'opposé, des économistes ont cherché, à leur façon, à sortir du biais dans quoi ils se sentaient coincés. 
Par exemple, Jacques Rueff en était parvenu à voir dans la monnaie non pas une ou plusieurs fonctions économiques, mais un "récipient à valeur" - du genre "tasse à thé" ...-, les échanges de l'économie politique, c'est-à-dire de vous et moi, permettant les échanges synallagmatiques ou catallactiques des contenants des "récipients à valeur" entre vous et moi, à savoir les "valeurs" des droits de propriété des choses.


2. Les fonctions économiques oubliées.

Quitte à adopter la démarche des fonctions économiques, pourquoi ne pas la mener au bout, c'est-à-dire aux dernières fonctions ou rôles découverts au XXè siècle comme la fonction macroéconomique de la monnaie, à savoir celle qui voudrait que la monnaie contribuât aux variations de prix et de l'activité économique, au chômage?

Curieusement, cette fonction macroéconomique n'est jamais évoquée en tant que telle.
On en reste aux trois admises depuis au moins le XIXè siècle, à savoir les fonction de moyen d'échange, de réserve de valeur et d'unité de compte.


Politique monétaire.

Il importe d'être sensible au fait qu'à défaut d'être associée aux autres, la fonction macroéconomique est adossée à ce qu'on dénomme la "politique monétaire", réglementations décidées par "X", "Y" ou "Z" en matière de monnaie.

A cette occasion, lui est juxtaposée la "politique budgétaire" pour expliquer prétendument des phénomènes économiques ou des concepts, par exemple, du type "zone optimale de monnaie".


L'économie sans monnaie.

Il reste que la monnaie n'est pas toujours séparée de ses fonctions économiques restreintes en fin de compte.

Une façon de voir la non séparation amène même certains à dire que la monnaie est le grand perturbateur économique qu'ils ont en tête. 

Selon eux, sans monnaie, il n'y aurait pas de perturbation (Ecole hollandaise, au nombre de qui J.G. Koopmans, mais surtout M.W. Holtrop dans la décennie 1960.).


3. La comptabilité bancaire réglementée de la monnaie.

Le cas échéant, des économistes associent ou non la monnaie avec ses fonctions économiques restreintes - et ce qu'elles cachent - et avec la comptabilité bancaire du moment où ils procèdent à leurs analyses.

En vérité, ils ne prennent pas en considération les principes de la comptabilité qui permettent de mesurer la quantité de monnaie - en droits constatés - dont ils font grand choix.

Ils admettent que des réglementations instaurées ici ou là par le passé sont définitives et non pas temporaires.
Par exemple, les réglementations instaurées au XXè siècle, depuis la décennie 1930 en particulier et le rapport MacMillan, sont mises de côté.

En d'autres termes, la comptabilité bancaire observée en question est réglementée sans que les réglementations interviennent dans les études.

On sait pourtant d'ordinaire que le non respect des lois de la nature ou de la réalité - que sont les échanges économiques - que mesurent les comptabilités réglementées a pour effet ou conséquence, immédiat ou non, un dommage, une pénalité, voire la mort.

Pourquoi en serait-il autrement en matière d'échange économique?


4. Une troisième voie...

Entre la monnaie définie prétendument par certaines fonctions économiques restreintes et la monnaie définie et mesurée par des postes de comptabilité bancaire réglementée tantôt nationalement, tantôt internationalement, des économistes ont fait connaître leurs travaux du XXè siècle au travers de l'offre et de la demande de monnaie, nouvelle façon d'amener à définir ce qu'on dénomme "monnaie".


4.A. Le concept de demande de monnaie.

Au nombre des propos tenus sur la demande de monnaie, le concept de "préférence pour la liquidité" de John Maynard Keynes a acquis un rôle important rétrospectivement.

Il a ajouté à l'ambigüité de ce qu'on peut dénommer "monnaie" aujourd'hui (en sigle, C.Q.D.M.A.) en faisant oublier ce que la "liquidité" est supposée cacher.

Il a conduit certains (par exemple, Gurley et Shaw, 1960) à mettre l'accent sur la finance et les "instruments financiers" et à voir dans la monnaie un actif financier.


4.B. Le concept d'offre de monnaie.

Au nombre des propos tenus sur l'offre de monnaie, les concepts de convertibilité monétaire et de couverture bancaire qui sont essentiels ont été l'objet de réglementations.

Ils s'accoquinaient à leur façon avec le concept de "liquidité" et n'excluaient pas celui de "solvabilité".

C'est ainsi qu'il y a cent ans, la couverture bancaire soulevait un problème financier aigu depuis le débat anglais du XIXè siècle entre la "currency school" et la "banking school".

Pour sa part, la convertibilité  monétaire restait encore dans l'ombre de la convertibilité des substituts de monnaie bancaire en monnaie or ou argent.

Depuis lors, tout a changé. 
Aujourd'hui, dans certains pays, la convertibilité monétaire - intérieure et extérieure - a été interdite par le législateur ou les hommes de l'Etat, en deux temps, d'abord intérieure, puis extérieure ;
dans d'autres, comme dans des pays de l'Europe géographique, non seulement, la convertibilité des monnaies nationales réglementées a été interdite, mais certaines d'entre elles ont été fusionnées en une monnaie régionale créée pour l'occasion et de convertibilité monétaire interdite, à savoir l'€uro.


5. Remarque : l'ajustement de l'offre et de la demande de monnaie.


Des économistes ont encore introduit la conséquence de la mise en relation des concepts d'offre et de demande de monnaie qu'il dénomme "ajustement de l'équilibre du marché de la monnaie".

Pour les uns, l'ajustement n'est pas problématique, l'équilibre du marché de la monnaie se réalise spontanément.

Pour d'autres, il est problématique et, pour le résoudre, ils ont introduit d'autres marchés de l'économie politique ou du "système économique".


6. Une quatrième voie...

Malgré tout cela, contre vents et marées, des économistes se retranchent encore ou tentent de convaincre que seules politique monétaire et politique budgétaire sont dignes d'intérêt économique.

Ils n'hésitent pas, à n'en plus finir, à faire connaître ce qu'ils faudrait penser des formes empiriques de la monnaie comme, par exemple, ce qu'on dénomme aujourd'hui "€uro" depuis 1999-2002 (cf. ce billet de janvier 2013 par exemple).


7. Quantité de monnaie en circulation.

En tous les cas, il a été admis et observé depuis longtemps qu'il y avait une "quantité de monnaie en circulation" et tous les économistes cités précédemment ne font pas trop de liens précis entre leurs propos et cette quantité.

La quantité de monnaie en circulation ne devrait pas cacher pourtant
1) les règles de droit,
2) la législation réglementation,
3) les actions humaines assujetties aux règles précédentes
comme c'est le cas dès lors qu'on n'est pas économiste de l'école de pensée autrichienne.

Au nombre des économistes qui se moqu(ai)ent des règles précédentes et des actions humaines en conséquence - ils préfèr(ai)ent les résultats de ces actions aux actions elles-mêmes -, Irving Fisher (1911), puis Knut Wicksell (décennie 1920) - selon T. Haavelmo (1978) pour ce dernier - ont fourni une expression simple de ce qu'ils dénommaient "équation des échanges", mais l'ont déformée, voire l'ont dénaturée en lui parachutant une causalité qu'elle ne saurait avoir...

La déformation/dénaturation a commencé avec Fisher par un accent mis non pas sur l'"équation des échanges", mais sur le "pouvoir d'achat" de la monnaie qu'il avait déduit de l'équation précédente mais sans aucune logique économique.


Nous atteignons depuis lors des sommets successifs dans la quantité de monnaie en circulation magique comme on peut l'observer à partir des comptes de bilan de la Banque centrale européenne (graphique 1)

                                                Graphique 1

                                    Base monétaire "zone €uro"
                                               2005-2013





ou du système de réserve fédérale des Etats-Unis (graphique 2)

                                                Graphique 2

                                       Base monétaire U.S.A.
                                                2005 - 2013












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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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