Les attaques qui ont
frappé Paris au beau milieu de l’une des plus grosses vagues de migration de
masse de l’Histoire ont des airs de terrain inconnu. Mais elles ne sont rien
de plus que l’écho angoissant de quelque chose qui s’est produit il y a près
de deux-mille ans, plus ou moins au même endroit.
Selon certains
historiens, la chute de l’Empire romain n’était pas prévisible. L’Empire a
rencontré des problèmes en 300 après JC, en raison de ses frontières très
vastes et difficiles à défendre, ainsi que des crises récurrentes de sa
devise, mais il était généralement stable et prospère. Et puis une nouvelle
puissance est née en Orient. Les Huns étaient des archers et chevaliers
capables de se déplacer et de tirer plus vite que leurs voisins. Ils ont terrorisé
les Vandales et les Goths qui peuplaient ce qui est aujourd’hui devenu l’Allemagne
et les Balkans, et les ont poussés jusqu’aux frontières de l’Empire romain.
Rome a choisi de laisser
entrer un demi-million de « barbares », espérant pouvoir en faire
des soldats et des agriculteurs. Mais elle s’est retrouvée face à une armée d’envahisseurs
et confrontée à des coalitions politiques instables et incontrôlables. L’histoire
complète de cet évènement est longue, convolutée et truffée de noms inconnus,
mais elle se termine par la division de l’Europe en deux régions et par la
destruction de la moitié italienne d’origine. Voici ce que nous en dit
History Channel :
Les
attaques de Rome par les barbares ont partiellement découlé de la migration
de masse causée par l’invasion de l’Europe par les Huns à la fin du quatrième
siècle. Quand ces guerriers eurasiens se sont emparés de l’Europe du Nord,
ils ont chassé les tribus germaniques jusqu’aux frontières de l’Empire
romain. Les Romains ont accepté à contrecœur de laisser des membres de la
tribu des Visigoths traverser leur frontière au sud du Danube, mais les ont
traités avec une extrême cruauté. Selon l’historien Ammianus Marcellinus, les
fonctionnaires romains auraient même forcé les Goths affamés de faire de
leurs enfants des esclaves en échange de viande de chien. En brutalisant les
Goths, les Romains se sont créés un dangereux ennemi au sein même de leurs
frontières. Quand l’oppression est devenue insupportable, les Goths se sont
révoltés et ont mis en déroute une armée romaine et assassiné l’Empereur
Valens pendant la bataille d’Andrinople en 378. Les Romains, choqués, ont
négocié un traité de paix fragile avec les barbares, mais la trêve a été
brisée en 410 avec le sac de Rome par Alaric, roi des Goths. Face à un Empire
occidental affaibli, les tribus germaniques, comme les Vandales et les
Saxons, ont été en mesure de ronger les frontières de Rome et de s’emparer de
la Grande-Bretagne, de l’Espagne et de l’Afrique du Nord.
Pour en savoir plus,
vous trouverez ici
l’article Wikipédia (en Anglais) sur le sac de Rome.
Les évènements actuels
ne sont pas exactement similaires, notamment parce que l’Empire de Rome était
à l’époque en assez bonne forme, alors que la zone euro d’aujourd’hui a
clairement de gros problèmes. Mais pour ce qui concerne la naissance d’un
nouvel ennemi causant une migration de masse vers une Europe « civilisée »,
et l’ouverture de ses frontières par un Empire dans l’espoir d’obtenir une
main d’œuvre peu chère sans offrir aux nouveaux arrivants ce qu’ils perçoivent
comme des droits de citoyenneté, ce qui se passe aujourd’hui n’est pas sans
rappeler les évènements passés.
Et la différence entre
ces deux évènements ne rend le présent que plus terrifiant. Les armes
automatiques et les bombes artisanales permettent à cinq ou six personnes d’en
terroriser des milliers. Et le développement de bombes sales menace de
rendre la prochaine attaque permanente en irradiant des quartiers entiers.
La différence la plus
flagrante reste que, même en l’absence d’un million de réfugiés sur ses
frontières, la zone euro telle que nous la connaissons aujourd’hui est
condamnée. Sa dette gonfle, sa population vieillit, sa périphérie ne peut
fonctionner sur la base d’un système monétaire contrôlé par l’Allemagne, et
les partis politiques principaux sont trop inquiets du statuquo pour offrir
des solutions efficaces. En clair, nous sommes dans un pétrin qui n’a aucune
solution évidente.