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A
chaque campagne son panneau. Il semble que 2012 soit l’année du
« made in France ». Ils sont tous d’accord.
François Bayrou a jeté l’étiquette en l’air,
et tous les candidats l’ont vite cousue à leur pull.
Ça
ne mange pas de pain et ça semble faire plaisir à tout le
monde.
Outre
le principe un peu étonnant du « votez pour moi et je vous
dirai quoi faire de votre argent », le made in France, autre nom du protectionnisme volontaire, contient
une erreur économique et stratégique qu’il nous semble
bon de rappeler ici.
Prenons
deux porte-clefs ; le premier, chinois, vendu un euro. Le second,
français, vendu dix euros. L’erreur du made in France est de penser qu’en achetant le porte-clefs
chinois, l’économie française perd dix euros. En
réalité, en ne payant qu’un euro, le consommateur en
économise neuf, qu’il peut réinjecter dans
l’économie, pour alimenter des secteurs sur lesquels nous saurions
trouver une meilleure valeur ajoutée que sur la fabrication des
porte-clefs.
Dès
le milieu du 18ème siècle, Adam Smith avait
formulé une mise en garde qui devrait aujourd’hui inspirer tous
les candidats :
« Il
est prudent de ne jamais essayer de faire chez soi la chose qui coûtera
moins à acheter qu’à faire. »
Sans
quoi, petit à petit, on ne s’adapte pas au marché, on se
déclasse, on s’appauvrit, et on tombe.
Il
faut intégrer une bonne fois pour toute que le marché ouvert
est une chance. Une chance en ce qu’il démultiplie les
possibilités de rencontre de l’offre et de la demande. Une
chance pour les pays émergeants, qui peuvent commencer par produire
des biens à faible valeur ajoutée, et constituer ainsi
progressivement un tissu industriel. Une chance pour les pays riches de se
procurer des biens à moindre coût, et de pouvoir investir
l’argent économisé dans des secteurs innovants.
L’exemple
de la Corée
est à ce titre tout à fait pertinent. En 1945, le PIB de la Corée est
à peu près au niveau du PIB du Mali. Après la guerre et
la partition Nord/Sud, les deux nouveaux pays vont pour l’un
s’ouvrir complètement au marché, et devenir une des
têtes de pont de l’industrie numérique, pour le
deuxième s’engouffrer dans le rêve protectionniste et
socialiste, avec le succès que l’on connaît. En 2005, en
parité de pouvoir d'achat, le PIB de la Corée du Nord s'élevait
à 40 milliards de dollars, soit 1700 dollars par habitant. La
même année, on évalue à 20 400 dollars le PIB par
habitant pour la
Corée du Sud, soit environ douze fois plus.
Evidemment,
cela suppose de mobiliser son énergie créative, d’inventer
ou de chercher en permanence les investissements qui seront rentables demain.
Et pour cela, il ne faut pas que la richesse soit absorbée par les
dépenses de l’État, et par la spirale infernale de
financement du protectionnisme, en croyant sauvegarder des secteurs
condamnés au nom d’une forme de patriotisme.
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