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Cours Or & Argent

L’Est Républicain, « Il s’agit d’une bonne affaire pour les banques»

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Publié le 26 juillet 2011
639 mots - Temps de lecture : 1 - 2 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Le sommet de Bruxelles a-t-il sauvé la Grèce ?


Pour moi, ce sont les banques qui sont sauvées. Cela ne veut pas dire que la Grèce ne va pas être aidée ou que l’euro ne sera pas aidé.


Que voulez-vous dire ?


Si l’on regarde les mesures adoptées, on constate qu’il y a un assouplissement des conditions dans lesquelles la Grèce doit rembourser sa dette. Elle pourra le faire de deux manières. D’une part, on va lui reprêter de l’argent mais à des conditions plus faciles pour le remboursement, avec un taux plus bas et des durées de remboursement plus longues. D’autre part on va diminuer sa dette. On parle de « reprofilage ».


Les choses vous semblent aller dans le bons sens ?


Il va y avoir des conditions plus faciles pour la Grèce. Cela ne veut pas dire pour autant qu’elle va parvenir à s’en sortir. Car le pays est sous le coup d’un plan d’austérité rigoureux pour les citoyens. Cette inflexion de la stratégie européenne était obligatoire si l’on ne voulait pas que, après la Grèce, d’autres pays soient confrontés aux mêmes difficultés : le Portugal, l’Irlande, etc. Il fallait remettre les choses à plat.


N’est-il pas question d’une sorte de « plan Marshall » ?


C’est un bien grand mot. Il s’agit en fait des fonds structurels européens dont la Grèce pourrait bénéficier. Car le vrai problème des plans de rigueur c’est qu’ils tuent toute perspective de faire de la croissance et plongent ces pays dans la récession, ils diminuent les ressources des États et les empêchent finalement de remplir leurs contrats. Cela les met dans la logique d’une spirale descendante. Pour contrecarrer ce mouvement, on va injecter un peu d’argent.


Qu’est-ce qui est favorable aux banques finalement ?


La première d’entre elles, la BCE a réussi à obtenir que ce soient les États qui jouent le rôle qui est le sien. Et plus précisément que le Fonds de stabilité financière ait une mission élargie pour acheter à sa place des obligations d’État. Autrement dit, ce sont les États directement qui vont financer le rachat de la dette des États défaillants et non la banque centrale. Les États, ce sont les contribuables.


Ce qui explique un rebond de toutes les bourses ?


Les bourses sont très contentes. Et plus particulièrement les valeurs financières, c’est-à-dire les banques, entre autres. Les bourses réagissent favorablement car c’est une bonne affaire pour les banques.


Concrètement ?


Parmi les possibilités qui leur seront offertes, il va y avoir celle d’échanger les obligations souveraines de la Grèce qu’elles détiennent contre les obligations à plus long terme. Cela veut dire qu’elles vont échanger des obligations qui ont perdu 50 % de leur valeur sur le marché contre des obligations à long terme, à 30 ans, et qui seront probablement garanties par l’ensemble des États européens. Ce n’est pas forcément une mauvaise affaire pour les banques.


Ce n’est donc pas un si bon accord ?


Au-delà des apparences qui montrent qu’il y avait une crise et qu’elle est pour l’instant stoppée, on peut se demander si ce n’est pas un accord en trompe-l’œil. Je ne vois pas encore ce qui permet de dire que la crise va s’arrêter. Je crois au contraire qu’elle va se poursuivre. Les banques sont en moins bonne santé qu’elles ne le prétendent. Ce sommet européen leur donne un petit coup de pouce.


Propos recueillis par Marcel Gay


Billet rédigé par François Leclerc




Paul Jorion






(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.   

 

 

 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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