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L’Etrange paysage du désendettement

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Publié le 11 janvier 2012
1023 mots - Temps de lecture : 2 - 4 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Dans le désordre, un intéressant débat se poursuit à propos de ce que les anglo-saxons ont appelé le PSI (Private Sector Involvement – implication du secteur privé) : la participation au programme de restructuration de la dette publique, qui est actuellement négocié dans le cadre du nouveau plan de sauvetage de la Grèce.


Les uns considèrent qu’il faudrait impérativement revenir sur une telle participation, car celle-ci serait à l’origine des tensions qui se sont généralisées sur le marché de la dette souveraine, qu’il faut impérativement calmer. C’est le cas d’Athanasios Osphanides, gouverneur de la banque centrale de Chypre et membre du conseil des gouverneurs de la BCE.


D’autres sont au contraire favorables à ce que la décote consentie par les créanciers soit plus importante que les 50% de départ. Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, vient d’en défendre la perspective, au vu de la détérioration de la situation économique grecque.


Aspect moins évoqué du processus, s’il se poursuit, l’autre partie de la dette grecque est progressivement transférée vers l’Union européenne et le FMI, qui la refinancent via leurs prêts, et vers la banque centrale, qui l’achète sur le marché secondaire. La participation de la BCE – grande détentrice de la dette grecque – à cette restructuration volontaire va ensuite se poser, or elle avait d’entrée de jeu affirmé qu’il n’en était pas question. Puis viendra le tour de la restructuration des nouveaux prêts de l’Union européenne et du FMI…


Derrière ce débat à propos de la dette grecque s’en profile un autre. Il a été dit sur tous les tons que le cas de la Grèce était une exception, et qu’il était hors de question de s’engager dans le même processus pour d’autre pays. Mais les marchés savent ce que vaut la parole des dirigeants politiques et s’inquiètent du précédent ainsi créé. Ils se rappellent que, lors de la première restructuration de la dette grecque qui avait reposé sur une décote de 21% à l’été dernier, il avait déjà été affirmé que l’on n’y reviendrait pas…


Dans l’immédiat, les dirigeants européens cherchent à tourner la page, et exigent une conclusion rapide des négociations qui s’éternisent entre le gouvernement grec et l’Institute for International Finance (IIF). Elles s’orienteraient vers l’adoption d’une décote allant nettement au-delà des 50% de départ, pour tourner autour de 60%, afin de crédibiliser le nouveau plan de sauvetage. Les banques n’auraient pas le choix.


Le processus en cours a eu sans attendre d’importantes conséquences pour le système financier, qui concernent le marché des Credit Default Swaps (CDS), ces instruments permettant de s’assurer contre notamment le défaut sur la dette souveraine. Le comité de l’International Swaps and Derivatives Association (ISDA), chargé de décider de l’activation des CDS, a en effet dès le début décidé qu’il n’y avait pas lieu de le faire, étant donné le caractère volontaire de la participation à la restructuration de la dette grecque, en dépit de l’importance de la décote.


Cette position a protégé les établissements financiers qui avaient émis les CDS sur la dette grecque, n’ayant pas à régler le montant de la décote. Leur identité ne peut faire l’objet que d’hypothèses sur ce marché opaque, mais on peut supposer qu’ils sont bien représentés dans le comité en question, qui regroupe les principaux acteurs de ce marché. Mais elle a également eu un effet secondaire important : s’il n’était plus possible de s’assurer contre les défauts, une conclusion dès lors s’imposait, il ne fallait plus prendre de risques sur un marché de la dette devenu imprévisible. En affaiblissant la demande, la décision de l’ISDA a eu comme effet de faire monter les taux obligataires. Ce n’était pas la restructuration qui a été à l’origine de leur hausse, comme affirmé par ceux qui n’en veulent sous aucun prétexte et qui ne désarment pas, mais l’impossibilité de s’assurer contre tout défaut.


Ce qui conduit à s’interroger sur les motivations réelles du comité. A-t-il eu comme unique intention de protéger les intérêts des émetteurs de CDS, ou n’a-t-il pas également engagé une stratégie de tension sur le marché obligataire, afin de dissuader toute velléité de nouvelles restructurations ?


Jusqu’il y a peu indistinctement considérées comme étant à zéro risque, à ce titre véritables piliers de soutènement du système financier, les obligations souveraines ne sont plus ce qu’elles étaient, et cela fait problème. Rendant primordial d’imposer le retour au strict respect des intérêts des créanciers, et au-delà du système dans son entier, afin que tout rentre dans l’ordre le plus vite possible et que l’investissement obligataire redevienne une valeur sans risque. Disposant d’un côté de banques centrales généreuses en liquidités et de l’autre côté de placements garantis, les banques pourraient ainsi à nouveau voir l’avenir en rose.


Mais cette histoire est un feuilleton, et nous n’en sommes qu’aux tous premiers épisodes. La logique économique dans laquelle les pays européens sont enfermés rend forte – si ce n’est inévitable – la probabilité de nouveaux défauts, tandis que leur sauvetage devient de plus en plus hors de portée financière. Dans ces conditions, de nouveaux plans de sauvetage pourront-ils éviter de comporter un volet PSI, afin de réduire les besoins de financement public ?


Dans ses tentatives de maîtriser le processus de désendettement, le système se trouve placé devant des impératifs contradictoires : pour boucher un trou, il en creuse un autre ! Parviendrait-il à ses fins qu’il ne serait pas pour autant au bout du chemin. Car une chose est de refinancer la dette publique de bric et de broc, une autre sera de se représenter plus tard sur le marché, le regard clair et la tâche accomplie, et d’y être bien accueilli. Rien, dans la situation actuelle, ne permet de prévoir dans quels délais et sous quelles conditions ce retour à la normalité sera possible.


Petit à petit, il se dessine ainsi un étrange paysage, où le financement du désendettement public serait par la force des choses partagé, mais où les banques resteraient in fine soutenues à bout de bras par la banque centrale, peinant de plus en plus à se recapitaliser face à leurs pertes. Combien de temps une telle situation pourrait-t-elle durer ?


Billet rédigé par François Leclerc


 

 

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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