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Cours Or & Argent

L’évolution en cinq étapes d’un office familial

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Extrait des Archives : publié le 23 janvier 2017
2124 mots - Temps de lecture : 5 - 8 minutes
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Avertissement : l’article qui suit est entièrement fictionnel, à l’exception des passages qui ne le sont pas. Il décrit le processus d’évolution en cinq étapes  d’un office familial.

J’ai ressenti le besoin d’écrire cet article, qui est représentatif d’une grande majorité des offices familiaux, et pourrait en aider quelques-uns à éviter des maux de tête potentiellement douloureux.

Première étape : le patriarche constitue son patrimoine

Voici l’histoire de Hans Krapenschitter et de sa progéniture. C’est à la fin des années 80 que Hans, alors âgé d’une trentaine d’années, a fait fortune. L’Allemagne était aux prises de la récession, les usines étaient closes, les gens n’avaient plus de travail, les prix de l’immobilier s’étaient effondrés, et les ourlets se cousaient désormais beaucoup plus bas. Une situation épouvantable.

Des gourous ont émergé de nulle part, pour dire à tous que le monde ne souffrirait plus jamais de la cupidité, de l’avarice, du crédit facile et des jupes courtes.

Le futur serait fait de cueillette de chou frisé dans les jardins communautaires locaux, de films dans lesquels des jeunes filles portant longues robes fluides et bonnets se promèneraient dans les prés, cueillant des pâquerettes, tombant amoureuses de leur instituteur. Il n’y aurait plus de films dans lesquels des gens se font battre ou abattre dans une boîte de nuit licencieuse, et les jupes des filles tomberaient désormais bien en-dessous des genoux.

Pour Hans, c’était là un cauchemar devenu réalité. Et connaissant lui-même quelque chose de la nature humaine, il a su saisir l’opportunité qui s’offrait à lui. Il a lancé une entreprise de production de t-shirts imprimés de crânes et de slogans du type Ich werde deinen Arsch treten.

Il a également lancé la ligne de vêtements pour femme la plus outrageuse jamais créée. Si le monde allait se transformer en une version globale de La Mélodie du Bonheur, ce ne serait pas sans un dernier combat de la part de notre cher Hans.

Fort heureusement, la récession a fini par prendre fin, pour redonner vie à la cupidité, à l’avarice et au crédit facile. Le crédit facile lui a permis de développer son entreprise pour capturer une vaste part du marché du nouvel esprit de l’époque, à mesure que les femmes de footballeurs sont devenues des célébrités et que les vêtements féminins sont devenus inversement corrélés avec les quantités de tissu utilisées. La belle époque était de retour.

Hmmm, ok

Deuxième étape : les banquiers s’y intéressent

Après avoir encaissé quelques gros chèques auprès de sa banque locale, Hans reçoit une lettre de sa part.

Cher Mr Krapenschitter,

Laissez-moi me présenter. Mon nom est Mr Frederick Arsenlichker, et je suis très heureux d’avoir été choisi pour être votre banquier personnel. Chez Ditschke Bank, nous nous faisons un point d’honneur d’offrir un service personnalisé à nos clients les plus estimables, c’est pourquoi je serai à votre service pour vous renseigner quant à la gamme de produits qui vous est désormais disponible.

N’hésitez pas à me faire part de vos disponibilités pour que nous puissions discuter de vos besoins en personne.

Cordialement

Frederick Arsenlichker (gestion de capital privé, Ditschke Bank)

Hans est flatté. Il se sent apprécié, bien qu’il ne comprenne pas exactement ce qui vient de lui arriver (ce que tout cela signifie, c’est qu’il sera désormais spammé par tous les produits que la banque peut lui offrir – qu’il en ait besoin ou non, et qu’ils soient appropriés ou non).

Mais revenons-en à Frederick...

Frederick est le genre de personne qui passe plus d’une heure dans la salle de bain chaque matin, et qui vérifie l’état de sa frange à chaque fois qu’il passe devant une surface réfléchissante. Âgé d’une trentaine d’année, il a déjà appris tous les tenants et aboutissants des opérations de vente. C’est un plaisir d’aller boire un verre avec lui, et il en sait suffisamment quant à ses produits pour impressionner les profanes. Il sait comment vendre les produits de sa banque, mais il n’a jamais eu à gérer de risques – et c’est là même que les véritables problèmes font surface.

Ce n’est pas de sa faute. Il a passé sa vie à vendre. Fort heureusement pour lui, il est intelligent, et il est conscient de ce qu’il ne sait pas. Bien d’autres hommes comme lui ressemblent à des petits garçons de 10 ans qui viennent de regarder Rocky et qui, bien qu’ils n’aient jamais appris à se battre, pense avoir ce qu’il faut pour mettre dix hommes au sol. Parce qu’ils ont observé d’autres vendeurs, ils se croient à la hauteur de leur tâche. Mais beaucoup ne le sont pas.

Troisième étape : Hans a besoin d’aide

L’entreprise d’Hans se propage plus vite qu’un feu de forêt australien pour prendre d’assaut le marché britannique, où la culture macho apportée par la musique Britpop a fait se développer une variété nouvelle d’acheteurs odieux, qui ne sont cette fois-ci plus des jeunes hommes, mais des filles. Sa marque de vêtements est LA marque à porter. Après avoir signé un contrat de distribution avec le deuxième plus gros détaillant du pays, il voit son capital gonfler de plus belle.

Même après avoir acheté la propriété ridicule que voulait sa femme sur la Côte d’Azur, il a de plus en plus d’argent avec lequel il lui faut probablement faire quelque chose.

Il fait quelques investissements basés sur les suggestions de plusieurs banquiers privés.

Voyez-vous, Frederick n’est pas son seul contact dans le monde bancaire. Pour satisfaire les besoins de son entreprise, Hans a dû établir des relations avec huit banques, qui lui ont toutes affecté un banquier privé pour l’assister dans ses démarches.

Ces banquiers personnels l’invitent assez souvent à des réceptions privées, et Hans a pu découvrir, pour son plus grand plaisir, que les tickets pour le Grand Prix de Monaco ou la finale des championnats d’Europe lui sont désormais accessibles gratuitement. Non pas qu’il n’aurait pas les moyens de s’en acheter s’il le souhaitait, mais il fait toujours bon obtenir quelque chose contre rien du tout. Le problème, c’est qu’Hans commence à se sentir débordé. Tout son capital doit aussi être géré.

Voilà des années qu’il connaît Frederick, et il l’apprécie beaucoup. Bien des banquiers lui paraissent trop agressifs. Il y a d’abord cet Espagnol, Eduardo, qui a essayé de lui payer une prostituée la dernière fois qu’ils se sont rendus à une soirée cocktails organisée par sa banque. Il ne pense pas que sa femme aurait beaucoup apprécié.

Frederick, quant à lui, est aussi le conseiller d’une centaine d’autres clients. Il commence à en avoir assez de son salaire de base avec commissions, d’avoir à pointer quand il arrive et quand il part tel un spermophile bien entraîné. Et puis l’atmosphère intellectuelle d’une grosse banque est suffocante.

Il a donc essayé de solidifier son réseau d’investisseurs et a commencé à sonder le terrain.

Quatrième étape : Hans emploie de l’aide

Hans : Frederick, je suis débordé. Je vous connais depuis longtemps, et je vous fais confiance. Connaissez-vous quelqu’un que vous puissiez me recommander pour m’aider à gérer mon argent à plein temps ?

Frederick : Maintenant que vous me le demandez, voilà un moment que je pense à le faire moi-même pour quelques clients, et je serais intéressé de le faire pour vous.

Autour d’un verre de schnaps et d’une assiette de saucisses, Frederick devient le directeur des investissements de l’office familial Krapenschitter, et peut enfin faire tomber sa chemise et sa cravate en faveur d’un t-shirt, parce qu’Hans a après tout fait fortune grâce à une ligne de vêtements que des banquiers ne porteraient jamais.

Cinquième étape : le désordre

Frederick doit maintenant apprendre les différences entre vendre un produit et investir sur un produit. Il contacte ses amis banquiers et établit une liste de produits sur lesquels Hans pourrait placer son capital. Parce que les banques génèrent beaucoup de frais, et ont deux règles d’or :

  1. Générer autant de frais que possible, et
  2. Essayer de garder leurs clients

Il est assez difficile de parvenir à ces deux objectifs. Pour y parvenir, il est nécessaire de doucement piller un client, sans jamais qu’il ne se rende compte de ce qui lui arrive.

S’il y a une leçon que Frederick a pu tirer de ses années passées à la banque, c’est que les clients n’aiment pas perdre de l’argent. Ainsi, des revenus fixes sont faciles à vendre. Les frais sont raisonnables, et les clients ne partent pas, parce qu’ils ne peuvent pas perdre d’argent avec des revenus fixes. Ou quelque chose dans le genre.

Ce que les vendeurs ne comprennent pas

Les amis de Frederick vendent tous des produits à revenus fixes ou, mieux encore, des fonds à faible volatilité.

Ces derniers n’ont fait que grimper tout au long de leurs carrières (une décennie ou deux). D’après leur expérience, ces fonds fonctionnent. Ils ne connaissent rien d’autre. Pour eux, l’Histoire remonte aux iPhones qui ne prenaient pas de photo. Quelle folle époque c’était !

Les amis de Frederick ne savent rien si ce n’est que les sociétés pour lesquelles ils travaillent leur demandent de vendre ces produits.

Ce qu’ils ne savent pas non plus, c’est que les fonds à faible volatilité qu’ils vendent à leurs clients sont reconditionnés sous la forme d’obligations synthétiques et vendus sur le marché des capitaux institutionnels.

Les négociateurs émettent des options contre ces fonds, et fournissent ainsi des revenus réguliers. Ces fonds sont ensuite vendus en tant qu’instruments porteurs de rendements aux fonds de pension et à d’autres institutions. « Ils ne présentent que très peu de risques, » leur dit-on. Ils sont présentés comme ayant une très faible volatilité. Parce qu’ils sont presque comme des obligations. Non, vraiment.

Certains négociateurs pour comptes propres connaissent les risques qui y sont liés, mais beaucoup n’en ont pas conscience. Tant que Frederick et la longue liste de clients dans le réseau d’affiliés des banques continuent d’acheter ces produits, ils peuvent continuer de leur rapporter de l’argent.

Frederick, qui connait maintenant très bien le secteur, réalise que les actions devraient représenter une grosse portion des actifs d’Hans. Parce qu’il ne suit pas les marchés (il regarde Bloomberg et CNBC, mais ne comprend pas ce qui influence la liquidité, les flux transfrontaliers, la vélocité de la monnaie, ou la raison pour laquelle il est nécessaire de suivre le prix de l’or), il ne comprend pas non plus les cycles des marchés, et devient simplement un responsable de répartition des actifs dépendant de ses amis (qui sont tous dans le domaine du courtage).

Sur le papier, le portefeuille d’Hans semble assez raisonnable, tout en présentant le genre de risque qu’aurait fui Evel Knievel.

Hans se voit présenter toutes sortes d’opportunités d’investissement et, ne les comprenant pas, il les transmet à Frederick pour qu’il y jette un œil.

Un fonds sur l’or ? Pourquoi diable investir sur un fonds sur l’or, se demande-t-il.

Il recherche le prix de l’or sur internet, et se rend compte que le métal traverse un marché baissier depuis vingt ans. Quel genre de personne investirait là-dessus ? C’est fou !

Il contacte ses amis et leur demande s’ils disposent d’un fonds sur l’or dans leur ligne de produits, et ce qu’ils en pensent. L’un d’eux en a eu un pendant un temps, qui a été fermé pour manque d’intérêt. Clairement, un fonds sur l’or est une perte de temps.

Hans, patriarche qui a su accumuler un immense capital, et n’a jamais saisi la différence entre une position à la vente et une position à découvert, a fait de Frederick le directeur d’investissements de Krapenschitter et de ses 450 millions de dollars.

Ce qu’aucun des deux ne réalise, c’est que tous deux se sont laissé emporter dans une guirlande d’investissements qu’aucun d’eux ne comprend vraiment. Des investissements destinés à permettre aux banques de faire de l’argent au travers de leurs frais et du négoce de positions propres contre des produits qui génèrent de gros rendements.

Frederick, pour sa part, veut s’assurer de pouvoir garder son travail, c’est pourquoi il se contente de suivre ses amis vendeurs qui, quant à eux, vendent ce qu’on leur demande de vendre.

Et pendant que tout cela se passe, le marché se prépare à l’inévitable – parce que tous les marchés suivent un cycle, et que celui-ci est sur le point de se renverser.  

Mais Hans est sur la Côte d’Azur à profiter du soleil, et Frederick organise des vacances avec sa nouvelle copine. Il va l’emmener à Ibiza, où il pourra porter la dernière ligne de vêtements d’Hans. Il n’en peut plus d’attendre.

 

« Un banquier est quelqu’un qui vous prête son parapluie quand le soleil brille, mais vous demande de le lui rendre dès que la pluie commence à tomber. » - Mark Twain

Remerciements : Chris, de chez www.CapitalistExploits.at

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Un petit conte moderne bien sympa et révélateur!
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