Ceux qui sont habitués à me lire
sont familiers avec les activités auxquelles s’est adonné Warren Buffett au
cours de ces dernières années. Il a accumulé des dollars – énormément de dollars.
C’est quelque chose que j’ai pour la première fois porté à votre attention en
août
2014. A cette époque, Buffett avait déjà accumulé 50 milliards de
dollars.
Face aux marchés américains déjà
gonflés par des bulles et à une économie en déclin qui présente de sérieux
signes de stress, j’ai spéculé dans mon article initial que Buffett
s’attendait à un effondrement imminent es marchés américains. Après tout,
notre homme avait alors déjà 83 ans, et ses réserves de dollars n’avaient
encore jamais été aussi importantes.
Qui aurait pu se douter que les
banquiers allaient continuer de gonfler les marchés américains pendant trois
années supplémentaires ? Qui aurait pu se douter que Warren Buffett
serait encore en vie pour le voir de ses propres yeux ? Qui aurait pu se
douter qu’au cours de ces trois dernières années, les réserves de dollars de
Warren Buffett atteindraient 100 milliards de dollars ?
Comment et pourquoi un
investisseur de long terme tel que Warren Buffett a-t-il pu en arriver à
accumuler 100 milliards de dollars de réserves ? Dans un récent
article publié par le Financial Post, Buffett nous prouve que même à
l’âge de 86 ans, il est encore capable de danser avec les plus grands.
Le directeur général de
Berkshire s’est exprimé samedi quant à son échec de saisir l’opportunité
représentée par les actions technologiques, les difficultés liées à
l’accumulation d’opérations de grande échelle, et ses frustrations quant à
ses réserves de dollars qui s’approchent des 100 milliards de dollars.
« Nous ne devrions pas
utiliser notre argent de cette manière sur de longues périodes, » a
décrété Buffett lors de la réunion à Omaha, Nebraska. « La question est
de savoir si nous allons pouvoir le déployer. J’estime que l’Histoire est de
notre côté, mais ce serait plus drôle si le téléphone sonnait. »
Buffett a parfois des airs
d’adolescente coquette qui espère qu’on l’invite au bal de fin d’année. Le
portefeuille d’actions de Buffett est estimé à 135 milliards de dollars.
Parce qu’il possède 100 milliards de dollars d’espèces, cela signifie qu’il
possède plus de 40% de son capital sous forme d’espèces, une montagne de
dollars sans précédent dans l’histoire de Berkshire Hathaway.
Si Berkshire Hathaway souhaitait
investir quelques milliards de dollars sur de grosses corporations, ce n’est
pas comme si on allait lui fermer la porte au nez. Quelle est donc la
véritable raison pour laquelle il n’achète pas ? Le même article nous
offre une possible réponse à cette question.
David Rolfe, qui gère environ
6,8 milliards de dollars de fonds chez Wedgewood Partners, dont une partie
appartient à Berkshire, a dit ne pas être surpris de voir Buffett déçu de
cette accumulation d’espèces. Les marchés haussiers sont en hausse depuis des
années, ce qui rend difficile la tâche de trouver des investissements
intéressants.
« Un marché baissier
ordinaire pourrait certainement régler le problème » en offrant des
opportunités à Buffett, a continué Rolfe.
Ce n’est pas que Warren Buffett
ne parvient pas à trouver de sociétés sur lesquelles déployer une partie des
dollars de Berkshire Hathaway (et des siens), mais qu’il ne souhaite pas
verser de prix de bulle pour ces actifs.
Et à l’âge de 83 ans, mieux vaut
pour lui ne pas attendre trop longtemps. Il semblerait cependant que
l’opportunité dont les amis banquiers de Buffett lui ont parlé valait
d’attendre – pendant encore au moins trois ans. Le problème, c’est qu’aucun
marché baissier ordinaire ne pourrait pas offrir à l’Oracle d’Omaha une
opportunité suffisante pour déployer une montagne d’espèces si importante.
Pas avec le peu de temps qui lui reste.
Buffett n’a nommé aucun
successeur. S’il prévoyait de se retirer et de nommer quelqu’un de plus
jeune, plus frais pour régner sur la plus grosse montagne de dollars de
l’histoire de Berkshie Hathaway, Buffett n’en a rien laissé transparaître.
Bien au contraire, ses récentes représentations publiques laissent supposer
qu’il prévoit de dépenser ces dollars lui-même.
Le déséquilibre qui existe entre
les valeurs de marché américaines et les bases fondamentales de l’économie
des Etats-Unis est bien plus important qu’il ne l’a jamais été. Il est pire
encore que pendant l’effondrement de 2008. Pire encore que pendant la bulle
sur la dot-com. Pire encore que pendant l’effondrement de 29.
C’est là la raison pour laquelle
Buffett reste assis sur 100 milliards de dollars. Et parce qu’il prévoit
évidemment de les dépenser lui-même, nous pouvons en déduire qu’un brutal
effondrement se profile à l’horizon. Voilà ce qu’indiquent les réserves
d’espèces de Buffett à tous ceux qui y prêtent attention.
Un brutal effondrement viendra
emporter avec lui toutes les classes d’actifs. La seule exception possible
sera les marchés des obligations occidentales, sur lesquelles aucun négoce
légitime n’a lieu depuis au moins 2008.
Bien que ces obligations sans
valeur aient déjà été manipulées jusqu’à atteindre des niveaux records, elles
auront des chances de continuer de grimper avant que survienne l’effondrement.
Ce qui ne fera qu’alimenter les déclarations frauduleuses selon lesquelles
les investisseurs « fuient vers les obligations ».
Comme vous l’avez certainement
déjà lu, les métaux précieux seront très probablement emportés par
l’effondrement initial. Pourquoi donc favoriser leurs marchés si nous savons
parfaitement bien que les banquiers les attaqueront ?
Parce que les devises
occidentales n’ont plus aucune valeur.
Les obligations occidentales
n’ont plus aucune valeur, elles sont les promesses de nations en banqueroute.
Les titres occidentaux sont au
plus haut.
L’immobilier occidental est plus
haut qu’il ne l’a jamais été.
L'or
et l'argent sont déjà extrêmement sous-évalués. Et l’or et l’argent ont
su servir d’actifs de couverture 4.000 années durant.
C’est en raison de ces facteurs
que l’or et l’argent (ainsi que les actions minières aurifères et
argentifères) ont grimpé plus rapidement que n’importe quelle autre classe
d’actifs à la suite de l’effondrement de 2008. Et ils en feront de même
pendant la prochaine crise.
Le Dow vient d’atteindre 21.000.
Le NASDAQ vient d’atteindre 6.000. Et les réserves d’espèces de Buffett
viennent d’atteindre 100 milliards de dollars. La situation ne pourrait
devenir plus évidente que si des vautours commençaient à tournoyer au-dessus
de nos têtes.