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Cours Or & Argent

L'insécurité juridique, le facteur de risque suprême

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Publié le 12 mars 2014
1402 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
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Rubrique : Fondamental


A un moment où il est devenu courant d'entendre parler de l'"insécurité juridique" en France, chacun devrait bien prendre en considération tout ce que signifie la notion.
Il faut aller au-delà pour comprendre et voir dans toute réglementation étatique un facteur de risque réalisé, ex post, donnant lieu à une perte de patrimoine plus ou moins élevée par chaque personne juridique physique ou morale privée du territoire, à cause des décisions prises par les hommes de l'Etat.


1. La notion d'insécurité juridique.


Par "insécurité juridique", il faut entendre toutes les -nouvelles-réglementations mises en oeuvre par la puissance publique, relevées ces derniers temps, et toutes leurs conséquences économiques, tant à brève échéance qu'à la longue, en grande partie inconnues a priori du démiurge de base, à savoir le législateur.
En principe, ces réglementations étatiques sont de toute nature et, le cas échéant, codifiées en volumes de plus en plus épais.
Par exemple, en France, le Code de l'urbanisme - éditions Dalloz - est passé de 2703 pages en 2009 à 3288 pages en 2012, soit + 22%!
Et entre 1971 et 2012, voici comment a changé le Code pénal...



pour ne pas parler du Code du Travail, multiplié par près de trois entre 1978 et 2010!

ou du Code des impôts entre 1943 et 2013:

Pour plus d'informations sur les comparaisons de Codes, cf. ce texte de Slate .


2. Les facteurs de risque.


En principe, les réglementations étatiques sont présentées comme devant soit bénéficier à tout un chacun, soit bénéficier aux uns au détriment des pertes des autres.
En pratique, les pertes s'accumulent et même ceux qui pensaient y gagner quelque chose supportent des pertes.
En d'autres termes, les réglementations étatiques évoquées sont de véritables facteurs de risque qu'ont réalisés les hommes de l'Etat, soit directement, soit indirectement, contre les patrimoines de vous et moi.
Il faudrait donc que chacun assimile les réglementations que les hommes de l'Etat lui imposent à des facteurs de risque réalisés et les distinguent des pertes qu'elles lui font supporter en conséquence.
Mais l'assimilation est ignorée...
Et il devrait s'attendre à ces facteurs de risque tout en les distinguant des risque de perte eux-mêmes qu'ils occasionneront s'il n'y a pas d'opposition déterminante contre les réglementations dans l'avenir.
Pour autant que les risques en question auraient bénéficié à tout un chacun, il faudrait admettre qu'ils étaient, au départ, des risques de gain.
Pour autant qu'ils auraient bénéficié à certains au détriment de pertes d'autres, ils étaient, au départ, risques de gain des uns et risques de perte des autres.
En fait, l'expérience montre qu'il n'y a pas eu de gain général en patrimoine, mais qu'il y a eu des gains et pertes individuels dans le meilleur des cas: dans le pire, il n'y a eu que des pertes individuelles.
En d'autres termes, les réglementations en question ont été des facteurs de risque à l'initiative des hommes de l'Etat et ont été réalisés par ces derniers contre les patrimoines de vous et moi.


3. Ex post et ex ante.


L'insécurité juridique témoigne ainsi autant des réglementations étatiques réalisées, ex post, dont on ne peut que se plaindre, celles d'hier, que des réglementations étatiques en débat ou pas encore "sur le tapis", ex ante, celles de demain, dont on ne peut que craindre l'issue.
Soit dit en passant, rappelons que l’alternative « ex post »-« ex ante », souvent laissée de côté par les économistes, procède d’Aristote comme l’avait souligné Gilles Deleuze en 1988 :

« Enfin nous pressentons que l’antécédence, ce qu’Aristote appelait déjà l’avant et l’après, bien qu’il n’y ait pas ici d’ordre du temps, est une notion compliquée :
les définissants ou les raisons doivent précéder le défini, puisqu’ils en déterminent la possibilité,
mais c’est seulement suivant la « puissance », et non pas selon l’acte, qui supposerait au contraire l’antécédence du défini.
D’où justement l’inclusion réciproque, et l’absence de tout rapport de temps » (Deleuze, 1988, pp.57-58).

En conséquence, l’alternative « ex post- ex ante » est indépendante de la prise en considération, ou non, du temps ou de la durée.
Elle a ouvert, à sa façon, la voie à l'abandon de la transposition du temps (ou de la durée) des sciences physiques pour la donnée fondamentale de l'économie politique qu'est le service (cf. ce texte de février 2014)
Rien ne justifie de mettre de côté l’alternative « ex post - ex ante » avancé par Aristote, que Myrdal et Lindahl ont remis à l’ordre du jour économique dans la décennie 1930, en conséquence des travaux de Knut Wicksell (cf. Uhr, 1960, p.313, Sandelin, 2013, p.188).
Ce point essentiel est trop souvent laissé de côté.  

4. Règles de droit, incertitude et risque.


Bien plus, l'insécurité juridique ne doit pas être envisagée relativement au passé uniquement, mais peut-être d'abord à l'avenir.
Et on peut autant s'imaginer l'avenir et ses réglementations étatiques qu'en être totalement ignorant. 

Dans ces conditions, l'insécurité juridique est un ensemble de facteurs de risques de perte fourre-tout qui pèse sur chacun.
Elle se réalise chaque fois qu'une réglementation nouvelle est décidée, qu'elle ait été attendue avec incertitude ou qu'elle soit inopinée.
Encore faut-il, pour mettre le doigt sur les conséquences des réglementations étatiques, facteurs de risque par excellence, ne pas jeter à l'écart de son raisonnement, les risques et ce dont ils procèdent, à savoir les règles de droit et l'incertitude qu'imagine chacun, à sa façon.
Par exemple, ce phénomène n'a pas entravé les hommes de l'Etat, en France, qui, il y a quelques années, l'ont mimé en imposant ce qu'ils ont dénommé le "principe de précaution" (cf. ce texte de décembre 2002).
A les suivre, "vive les réglementations nouvelles, à bas les innovations 'techniques'".


. Réglementations étatiques et activités étatiques.


Il ne faut pas non plus supposer que les hommes de l'Etat ne sont pas concernés par les facteurs de risque que sont les réglementations qu'ils décident d'imposer.
Les réglementations nouvelles qu'ils mettent en oeuvre sont une façon pour eux de mener des activités étatiques, à savoir, en général, sans relation avec les échanges de vous et moi en biens, étant donné les règles de droit et les réglementations en place.
Elles leur permettent de procéder par le "vol" ou le "don" de biens qui ne leur appartiennent pas en propriété, ce qui les situe "hors règles de droit".
Ils justifient l'un par l'autre - le "vol" par le "don" ou le "don" par le "vol" - tout en oubliant d'évoquer le passage de l'un par l'autre dont ils tirent des richesses et vivent...
D'ailleurs, plutôt que de parler d'activités étatique de "vol" ou de "don", ils parleront de réglementations ou, mieux, de transferts...
Pour l'"homme de la rue" qui est sensible à ces turpitudes, les réglementations ou les transferts sont, dans tous les cas, des facteurs de risque réalisés supportés par lui et ses congénères, dans leur patrimoine.


5. Règles de droit, incertitude, risque et assurance.


Le fait est qu'une majorité d'économistes se moquent aussi des règles de droit, de l'incertitude, du risque et de la conséquence directe de ces derniers, à savoir l'assurance et son marché.
Cela est tacite dans l'emploi du mot "transfert", grande considération de la "comptabilité nationale" qui ignore les règles de droit.
Par exemple, pour cette raison, la "bonne" macroéconomie actuelle, celle qui n'a donc que faire des règles de droit, de l'incertitude, du risque et de l'assurance pour mettre sur le piédestal de son coeur la "macroéconométrie" dans un monde sans convertibilité de ce qu'on dénomme "monnaie" aujourd'hui, doit être condamnée avec force.
La destruction de la convertibilité monétaire au XXè siècle ne devrait jamais être oubliée (cf. ce texte de janvier 2014).
Elle n'est pas irréversible.


6. Réglementations et innovations.

A la différence des innovations, leur grand compétiteur devant l'éternel, les réglementations ne sont pas perpétuelles comme le soutiennent, tacitement ou non, beaucoup de savants, mais éphémères à l'échelle de l'histoire à cause des coûts nécessairement croissants à quoi elles donnent lieu.
Certes, en toute rigueur, une innovation n'est pas perpétuelle non plus, mais elle succède nécessairement à une autre, "moins efficace", ce qui lui donne un parfum de perpétuité le temps qu'elle existe.
Ce n'est pas le cas des réglementations, les pertes se font sentir immédiatement.


Il faut s'attendre à ce qu'une fois mise en oeuvre, et malgré ce qui est affirmé (cf. ce texte d'avril 2013), la réglementation soit abandonnée pour, le cas échéant et malheureusement, être remplacée par une ou plusieurs autres.


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Georges Lane enseigne l’économie à l’Université de Paris-Dauphine. Il a collaboré avec Jacques Rueff, est un membre du séminaire J. B. Say que dirige Pascal Salin, et figure parmi les très rares intellectuels libéraux authentiques en France. Publié avec l’aimable autorisation de Georges Lane. Tous droits réservés par l’auteur
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Aller voir le texte de Slate, lien dans l'article.
Permet de se rendre compte de l'évolution (en pages, donc en poids) des principaux codes qui nous encadrent.
Si vous ne savez pas pourquoi vous vous sentez de plus en plus à l'étroit vous allez vite comprendre !
Là, on a la justification de l'existence de nos députés. Finalement, ils sont payés bien cher pour avoir le pouvoir de nous serrer un peu plus le kiki !
Et s'ils travaillaient à alléger tous ces codes et abroger une grosse partie de ces lois ???!!!!
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Merisier

N'était-ce pas l'un des engagements du petit gros à casque et à roulettes ?
Je crois même qu'il a appelé ça le "choc de simplification"...
De simplification, je n'en ai pas vu une miette.
Par contre le choc, lui, est quotidien. A grand coup de prélèvements et de contraintes dans la pomme...

Effectivement Merisier. Nous entretenons tous ces "penguins" pour qu'ils nous étouffent de plus en plus rapidement...
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Hélas, beaucoup d'entr'eux se félicitent du nombre de nouveaux textes dont ils sont à l'origine, ou auxquels ils ont participés.
Un peu comme s'ils étaient jugés sur la quantité de mots qu'ils sont capables d'ajouter à la montagne de lois qui nous pourrissent la vie.
Et si nous leur demandions le nombre de textes inutiles ou parasitaires qu'ils ont supprimés lors de leur mandat, avant chaque nouvelle élection ?
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L'Etat-libre de Bavière s'est donné pour objectif d'être en 2025 le pays ayant le moins de lois au monde.
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Info intéressante Rüss
Je n'étais absolument pas au courant.
En tout cas, nos politiciens ont quant à eux, pris le chemin inverse...
"Bureaucratique" est presque une insulte.
Dire à un fonctionnaire qu'il remplit sa tâche de façon "unburokratisch" est pour lui un fier compliment...

Exemple concret:
Un particulier veut poser une centrale solaire sur le toit de sa maison.
Entre la première visite de devis de l'artisan et le premier kWh facturable injecté dans le réseau il peut ne s'être écoulé que TROIS SEMAINES! Travail de pose mais aussi dossier d'incription comme producteur, raccord au réseau, aspects fiscaux etc.
En France, si les découragement n'ont pas été suffisants, ça peut prendre trois ans !
Non. Quand on les occupe à écrire de nouvelles lois, il ne peuvent pas se consacrer à contrôler l'action gouvernementale.

Pour faire voter un élu sur un nouveau texte, il n'y a pas besoin d'entretenir une assemblée et de les faire voyager !
Il suffit de soumettre le projet de texte à chacun là où il se trouve !
Le temps a passé depuis les Etats Généraux, on peut aujourd'hui envoyer des e-mails !
Si on plafonne à 3 ou 5 ou 10 textes par an, c'est compatible avec un métier ou un mandat.
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