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Les tueries
qui ont ensanglanté Paris du 7 au 9 janvier 2015 sont, bien entendu, odieuses
et à condamner sans réserve. Mais une fois l’émotion passée, il est
nécessaire de prendre quelques minutes pour réfléchir.
Dès l’attentat
contre Charlie Hebdo perpétré, les professionnels de l’indignation et
de la manifestation ont appelé à battre le pavé entre la République et la
Nation, lieu habituel de leurs défilés. Car c’est bien la gauche qui entend
défendre un journal de gauche comme le clame le socialiste Gérard Filoche sur
son blog : « La gauche est la première dans
le deuil, ce sont les nôtres qui sont morts assassinés, ceux de nos combats
depuis des décennies, ceux qui sont antifascistes, anti intégristes, anti
racistes, insolents et intelligents, décapants et percutants, blasphématoires
et libératoires, libertaires et révolutionnaires. Oui, ils étaient
révolutionnaires et ne laissaient pas les tyrans et la finance, les curés et
les sabreurs, en repos. […] Donc la gauche qui aime particulièrement cette
audace dans les vies, est la première blessée, indignée, mobilisée pour leur
rendre hommage pour leur courage, leurs combats, qui étaient aussi les
nôtres, c’est notre premier devoir ‘de classe’ ».
Cette
mobilisation de la gauche pour la liberté d’expression ressemble à s’y
méprendre à l’appel du pompier pyromane. Et c’est parce qu’elle doit à tout
prix camoufler sa responsabilité dans les événements que la gauche a élevé si
haut la voix.
En effet,
c’est la gauche qui entrave la liberté d’expression en France. Avons-nous
oublié qu’elle a demandé tout récemment encore l’interdiction d’Éric Zemmour
dans les médias pour des propos qu’il n’a même pas
tenus ? Vous souvenez-vous qu’à l’automne dernier, elle appelait à un
boycott des Rendez-vous de l’histoire de Blois parce qu’ils étaient
ouverts par Marcel Gauchet, insuffisamment correct à ses
yeux ?
N’est-ce pas
Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, qui demandait, l’année
dernière, à la police de traquer les partisans de la Manif pour tous ?
Aujourd’hui, Jacques Toubon, le Défenseur des droits, affirme que
« l’interdiction générale faite au public de détenir tout […] support
portant une revendication qui ne représente pas une menace avérée et sérieuse
pour la sécurité du public et du défilé n’est pas admissible. »
N’est-ce pas
le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) qui portait plainte en 2006 contre France
Soir pour avoir publié un dessin de Mahomet avec un turban
explosif ?
On pourrait,
malheureusement, multiplier les exemples d’intolérance et d’anti-pluralisme
de cette gauche donneuse de leçon. Avec la gauche, la liberté d’expression
doit d’abord être la sienne. Exclusivement la sienne, même. Ceux qui ne sont
pas de son avis n’ont pas le droit de parler. Voir tous ces censeurs
descendre dans la rue, le 11 janvier 2015, pour défendre la liberté
d’expression était indécent, obscène.
Et comment
ensuite s’étonner que des esprits fanatisés veuillent, eux aussi, réduire au
silence ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis ?
C’est la
gauche qui s’est déchaînée, le plus souvent avant même de l’avoir lu, contre Soumission,
le dernier livre de Michel Houellebecq. Ali Badou, journaliste sur Canal +,
et compagnon de Mazarine Pingeot, dit que le livre lui a « foutu la
gerbe ».
Dans le roman
de Houellebecq, la pression des musulmans radicaux y apparaît au grand jour.
Une pression qui est niée par la gauche pour ne pas effrayer son électorat.
Il est vrai qu’il est parfois difficile d’agir contre ceux qui tiennent des
propos dangereux, précisément au nom de la liberté d’expression. Mais la
gauche conteste l’existence du problème, refuse d’en parler et traite de
racistes ceux qui s’y risquent.
On s’est voilé
les yeux quand des élèves criaient « Vive ben Laden » après les
attentats du 11 septembre 2001. Et c’est ainsi que, selon Le
Figaro, « dans
une école élémentaire de Seine-Saint-Denis, pas moins de 80 % des élèves
d'une classe ont refusé » la minute de silence du 8 janvier demandée par
l’Éducation nationale. Les incidents ce jour là furent nombreux partout en
France. On se bouche les oreilles pour ne pas entendre qu’il est parfois
difficile en classe d’évoquer sans heurts la Shoah ou le conflit
israélo-palestinien.
On se cache
également les yeux pour ne pas voir ce qui se passe en prison où nombre de
délinquants sont endoctrinés. Des prisons, comme l’a montré dernièrement
l’affaire des Baumettes, qui sont de véritables passoires où
les détenus peuvent publier sur Facebook des selfies en exhibant
argent, drogue et téléphones portables.
Et même le 8
janvier 2015, quand celui qu’on n’appelait pas encore Amedy Coulibaly tue une
policière à Montrouge, les autorités s’empressent de dire que cet assassinat
n’a aucun rapport avec les meurtres à Charlie Hebdo.
Il ne faut pas
stigmatiser, il ne faut pas faire d’amalgame. Alors on se tait. Et c’est
ainsi que les extrémismes se propagent.
Bien sûr,
l’islam connaît différentes formes dans le monde. Le soufisme ne peut pas
être confondu avec le salafisme. L’islam de Côte d’Ivoire n’est pas celui de
l’Indonésie, différent lui aussi de celui de l’Arabie Saoudite. Et les
musulmans de France sont loin d’être tous des extrémistes. Mais, on ne peut
pas non plus nier que nombre de pays méditerranéens musulmans refusent,
depuis des siècles, la liberté au nom d’Allah. La condition de dhimmis des
juifs et des chrétiens au Proche et au Moyen-Orient est une discrimination
intolérable qui en fait des sous-citoyens. Comment s’étonner ensuite qu’ils
soient massacrés en Irak ou en Syrie ?
Enfin, ceux
qui ont tué 17 personnes les 7, 8 et 9 janvier 2015 se réclamaient d’Al-Qaïda
et de Daech, des organisations islamistes. Et l’islamisme est un
totalitarisme. Il n’admet aucune opposition, la « vérité » assénée
par ses partisans ne supporte aucun doute. Il entend contrôler toutes les
activités de la société. Il nie l’individu, constamment surveillé. Il répand
la terreur, torture et élimine ses contradicteurs. En tous points, il
ressemble à ses frères, soviétique ou nazi. Le totalitarisme socialiste est
toujours le même, en tous temps, sous toutes les latitudes : hideux.
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