Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Le 25 novembre j’écrivais un édito sur le plan des marchés pour une attaque contre la dette italienne entre Noël et le jour de l’an 2014. Vous pourrez le lire ou le relire ici . C’est important de l’avoir en tête car cela est bien sûr à relier avec cette information qui est tombée vendredi soir dernier, à la veille du week-end et après la fermeture des marchés européens évidemment.
D’ailleurs, selon le principe de l’information auquel nous sommes tous soumis, à savoir qu’une information chasse l’autre dans un flot totalement ininterrompu, plus personne ne sait que l’Italie a été dégradée vendredi dernier il y a tout juste 3 jours. D’ailleurs, vendredi soir vous étiez occupé à autre chose, samedi il fallait commencer à jouer le Père Noël dans les centres commerciaux bondés et dimanche, ces même centres étant « exceptionnellement » ouverts aussi, eh bien on poursuivait les achats… Résultat : la dégradation de l’Italie, tout le monde s’en fiche, même la Bourse de Paris qui bondissait de plus de 2 % en clôture mais c’est normal, l’annonce a été faite après, mais lundi les marchés pourront aussi aller de l’avant puisque… finalement, la dégradation de l’Italie aura « bien été digérée » et que cela « forcera » l’Italie à faire des réformes et la Banque centrale européenne à « intensifier » encore un peu plus ses préparatifs en cas d’intervention… le tout sous le regard allemand courroucé…
Standard & Poor’s dégrade la note de l’Italie à un cran de la catégorie spéculative
« Après le Japon, c’est au tour de l’Italie de voir sa note dégradée par Standard & Poor’s. L’agence d’évaluation financière a abaissé vendredi 5 décembre d’un cran la note du pays européen, pour la ramener à « BBB- ». Cette note est la plus faible de la catégorie « investissement », réservée aux emprunteurs considérés comme fiables. Mais l’Italie ne risque pas de tomber en catégorie spéculative à court ou moyen terme dans la mesure où la perspective de sa note reste « stable ». »
Sans oublier…
« L’agence d’évaluation financière s’inquiète de la faiblesse de la croissance et de l’augmentation de l’endettement du pays. La dégradation de la note italienne « reflète la faiblesse récurrente des performances du produit intérieur brut (du pays), tant en termes réels que nominaux (…) qui sapent sa capacité à faire face à sa dette publique », a souligné S&P dans un communiqué. »
Ou encore…
« L’agence américaine estime que la dette publique italienne devrait atteindre 2.256 milliards d’euros à la fin 2017, ce qui traduit une augmentation de 80 milliards par rapport à sa dernière estimation de juin. Pour S&P, une telle augmentation du montant de la dette nationale, « conjuguée à une croissance régulièrement faible et une compétitivité érodée », ne permettait plus de maintenir la note « BBB » du pays. »
Ou enfin…
« L’Italie pourrait devenir un emprunteur à risque
Même si ce n’est pas pour l’heure l’hypothèse la plus plausible, S&P n’exclut pas de reléguer la troisième économie de la zone euro parmi les emprunteurs à risque, si le gouvernement de Rome devait échouer à faire passer des mesures de réforme. »
L’Italie, le maillon faible maintenant dégradé, donne un alibi au marché pour vendre massivement la dette italienne !
Nous devons comprendre que l’analyse de Standard & Poor’s est fondamentalement économiquement parfaitement juste. Ce qui est étrange d’ailleurs, ce n’est pas tant que l’Italie soit dégradée mais le moment choisi pour le faire, sans oublier le fait que c’est l’ensemble des pays occidentaux qui devraient être dégradés tant la dérive des finances publiques, de l’endettement sont patents.
Nous allons vers une crise d’insolvabilité généralisée qui ne pourra se régler qu’à travers une immense crise monétaire. C’est une certitude.
S&P insiste dans son communiqué sur l’état dramatique de l’Italie. Pas de croissance, et le fait que l’Italie pourrait devenir un emprunteur à risque, euphémisme à peine poli masquant si peu le fait que l’Italie est déjà un emprunteur à risque. Là encore c’est une certitude que l’appel éclusé aux réformes ne peut même plus cacher. Il n’y aura pas de réforme et quand bien même il y aurait des réformes que les conséquences des réformes seraient presque identiques aux conséquences de la faillite.
Surveillez les taux d’emprunt de l’Italie !
Nous arrivons donc doucement et comme prévu vers les fêtes de fin d’année. Selon des rumeurs très insistantes, c’est ce moment-là qui serait choisi par les marchés pour attaquer la dette italienne, maillon faible de la zone euro, avec l’objectif final de faire exploser la monnaie unique ou de provoquer une intervention massive de la BCE pour le sauvetage et donc forcer la main aux Allemands. En clair, cette attaque aurait pour objectif d’une façon ou d’une autre de forcer le destin européen. Soit nous monétisons et l’euro survivra, soit l’euro explose et l’on revient aux monnaies nationales ou l’Allemagne quitte la zone euro pour laisser tous les autres imprimer en cœur.
Si ces rumeurs et cette hypothèses devaient être avérées, alors tout débutera par une augmentation de taux d’emprunt italiens à 10 ans. C’est donc ce paramètre en particulier que nous allons surveiller dans les prochains jours et les prochaines semaines afin de ne pas être pris au dépourvu entre la poire et le fromage le jour du réveillon.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)