|
Alan Greenspan, le vénérable ancien président de la Réserve fédérale, s’adressant au Congrès américain en 1999, avait dit : « L'or représente encore l'ultime forme de paiement dans le monde. Dans le pire des cas, la monnaie fiduciaire n'est plus acceptée par personne, alors que l'or l'est encore. »
En 2002, lors d’un discours prononcé devant l’Economic Club de New York, M. Greenspan avait aussi déclaré : « Il y a à peine une décennie, les banquiers centraux, ayant été témoins de plus d’un demi-siècle d’inflation chronique, ont semblé confirmer qu’une monnaie fiduciaire était, de façon inhérente, sujette à excès. » Il confirmait ainsi ce qu’Aristote a dit, il y a 2 500 ans : « En effet, il n'y a rien d'intrinsèquement mauvais avec la monnaie fiduciaire, à condition que les rois soient dotés d'une autorité parfaite et d'une intelligence divine. »
Rick Santelli, de CNBC, a dit : « Je ne me souviens pas de la citation exacte, mais lorsque j’étais trader et que M. Volcker était président de la Fed, il a dit quelque chose comme ‘l’or est mon ennemi; je regarde toujours ce qu’il fait’. Nous devons nous demander pourquoi il a dit une telle chose. Si vous êtes un banquier central ou un membre du Congrès, ou un sénateur américain, surveillez l’or, car il représente un vote de non-confiance envers les politiques fiscales et le dollar. » Cependant, l’or n’est pas uniquement l’ennemi du dollar; il est aussi l’ennemi de l'actuel système monétaire international, basé sur le dollar US depuis les Accords de Bretton Woods en 1973. Dans un passé récent, les gens passaient du dollar au deutschmark, et maintenant, de l’euro au franc suisse, mais depuis la crise de 2008, le cash semble se diriger vers l’or.
Durant la crise de 2008, plusieurs transactions de la Banque des règlements internationaux (BRI, ou BIS, pour Bank for International Settlements) ont impliqué de l’or. Il est significatif que l’or soit encore utilisé dans les règlements internationaux, après avoir été mis de côté tant de décennies dans le système monétaire. L’ancienne utilité de l’or en temps d’urgence refait surface, même si c’est derrière des portes closes de la BRI, à Bâle. Ces transactions confirment que l’or est utilisé de cette manière, une confirmation dynamique du retour de l’or dans le système monétaire.
Pendant ce temps, les banques centrales ont accéléré leurs achats d’or pour leurs réserves de devises étrangères. Les pays développés ont cessé de vendre de l’or, et les pays en développement ont accéléré leurs achats. Au deuxième trimestre 2015, l’or représentait 15,6% des réserves officielles de devises étrangères. Si nous partageons entre pays développés et pays en voie de développement, selon le World Gold Council, les pays développés possèdent 19% de leurs réserves en or, et les pays en voie de développement, seulement 3%. Cependant, depuis la crise de 2008, les plus importants pays en voie de développement, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud (BRICS), ont augmenté substantiellement leurs réserves d’or. Comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-dessous, depuis la crise de 2008, les pays en voie de développement ont plus que doublé leurs réserves d’or.
Deux pays en particulier, la Russie et la Chine, ont fait de l’or un élément important de leur stratégie visant à éliminer le « privilège exorbitant » du dollar US dans le système monétaire international. Ces pays ont, subtilement mais aussi, quelquefois, clairement, indiqué qu’ils visent à détenir autant de réserves d’or que les États-Unis et l’Union européenne. On présume que les États-Unis détiennent 8 133,5 tonnes, l’Union européenne 11 551,8 tonnes, et la Zone euro 10 788,6 tonnes. Le chiffre de 8 500 tonnes a été maintes fois mentionné par des officiels chinois. Cela serait tout juste au-dessus des réserves des États-Unis, et sous celles de l’Union européenne. D’une manière différente, l’Inde joue aussi le jeu… elle tente de se servir de l’or de ses citoyens pour agrandir ses réserves, en essayant de monétiser l’or, comme l’a fait la Turquie. On estime qu’il y a entre 18 000 et 30 000 tonnes d’or dans les temples et chez les citoyens indiens. 8 500 tonnes équivalent à environ la moitié des estimations conservatrices de l’or de l’Inde. En ce qui concerne la banque centrale de Russie, elle achète son or directement aux producteurs aurifères du pays.
Le prochain graphique démontre qu’il y a clairement eu un changement majeur dans les réserves d’or officielles après la crise de 2008. Les banques centrales, qui étaient vendeuses d’or, sont devenues d’importantes acheteuses. Je ne serais pas surpris de voir les réserves d’or des banques centrales revenir à leur niveau de 36 000 tonnes des années 1980.
Au même moment, une tendance des banques centrales vis à vis de l’or s’est développée, sous l'intense pression populaire des citoyens des pays qui souhaitent rapatrier leurs réserves or, en particulier celles entreposées aux États-Unis. Environ 14 000 tonnes d’or ont quitté les États-Unis depuis 2000. Le Venezuela et la Libye ont lancé le bal et, maintenant, même des pays de l’Union européenne, comme l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Autriche, ont rejoint le mouvement sous la pression populaire.
Des récentes données indiquent également une nette augmentation des achats de pièces d’or et d’argent à travers le monde. Ces chiffres ne représentent ni les acheteurs officiels ou institutionnels, mais bien les acheteurs individuels qui accumulent de l’or et de l’argent, en anticipant soit de l’hyperinflation, soit à la confiscation de cash par les autorités
Ces chiffres n’incluent pas la joaillerie d’or. Contrairement aux croyances populaires, les bijoux en or, dans plusieurs pays, sont achetés en tant que moyen de préserver la richesse, plutôt qu’en tant que bijouterie. La plupart de l’or 22-24 carats peut être considéré comme préservation de richesse ou, comme les Nord-Américains le disent, comme pure demande d’investissement. J’ai écrit un article sur l’or comme joaillerie vs investissement, l’année dernière. J’y écrivais alors que, selon le World Gold Council : « Faire une distinction entre la demande d’investissement et celle de joaillerie équivaut à mal comprendre l’attitude des Indiens; les deux demandes sont souvent la même chose. » Cela est vrai non seulement en Inde, mais aussi en Chine, dans le reste de l’Asie, et également au Moyen-Orient.
Si nous regardons l’évolution du prix de l’or depuis 2012, comme le font les traders, nous pourrions conclure que l’or ne signale aucun problème dans le système monétaire international. Mais si vous regardez le prix de l’or depuis la fin du système des taux de change fixes en 1973, vous obtenez une image différente. L’or a augmenté, en dollars US, de 2 928,5%. En 2012, c’était d’environ 5 000%.
Cependant, cette croissance phénoménale n’est pas uniquement aux dépends du dollar US, mais de toutes les devises fiduciaires, comme vous pouvez l’observer dans les deux graphiques ci-dessous de l’or en dollars US versus l’or en un panier des devises des vingt plus grandes économies mondiales, incluant les États-Unis.
En 2014, le dollar US a commencé à diverger des autres devises fiduciaires. Les indices du prix de l’or en devises des vingt plus grandes économies ne se sont pas effondrés comme l’indice en dollar US. Cependant, je crois toujours qu’il ne s’agit que d’une correction à l’intérieur d’un plus grand mouvement à venir de l’or par rapport à toutes les devises fiduciaires. Toute cette accumulation d’or à travers le monde par les banques centrales et les individus renforce mon hypothèse originale, à savoir qu’il ne s’agit que d’une correction dans un marché haussier majeur, et non d’une correction à l’intérieur d’un marché baissier. La demande mondiale d’or physique ne cesse de croître avec force, malgré le prix de l’or-papier qui baisse. C’est cette divergence entre le prix de l’or et la demande physique qui brouille l’image.
Ci-dessous, un graphique du prix de l’or versus la dette des États-Unis. Si vous incluez la dette du reste du monde, vous ne verrez pas de grande différence. Comme vont la dette des États-Unis et celle du reste du monde, ainsi ira l’or, contre toutes les devises fiduciaires. Je ne crois pas une seconde que la dette rejoindra l’or à la baisse mais plutôt que l’or explosera à la hausse, comme il l’a fait dans les années 70.
Tous ces achats d’or, même s'il ne se reflètent pas dans son prix, signalent clairement que le système monétaire international fait face à de graves difficultés. L’or signale ces difficultés depuis les années 1960 mais les banques centrales et, plus spécifiquement, la Réserve fédérale américaine, ont fait tout ce qu’elles pouvaient pour brouiller les signaux. Mais ces signaux deviennent de plus en plus forts, et il est impossible de continuer à les étouffer.
« L’or est comme un canari dans une mine de charbon. Il signale les problèmes relatifs aux marchés des devises » (1). Il ne signale pas uniquement les problèmes du dollar US, mais de tout le système monétaire international basé sur les devises fiduciaires. L’effondrement et la remise à zéro du système monétaire actuel arrivera plus tôt que vous ne le croyez. « La monnaie fiduciaire ne peut que trouver refuge dans l’or. » (2) Ignorez le signal du canari à votre propre péril.
(1) & (2) Greenspan’s Warning on Gold, The New York Sun, September 15, 2010 Achat d’or avec Gold Broker | |