Des avertissements contre l’effondrement
imminent de la bulle chinoise sur l’immobilier circulent maintenant depuis
des années, notamment sur ce blog. Jusqu’à présent, chaque ralentissement a
été suivi de près par une autre phase de croissance et des prix toujours plus
élevés. Et nous voici à nouveau en période de ralentissement.
Mises en chantier en Chine
Le marché ralenti, les
volumes de vente s’assèchent
Voici un extrait de l’article
du New York Times intitulé China’s Sizzling
Real Estate Market Cools
Après près de vingt ans de constante hausse des prix des
biens immobiliers au travers de la Chine, l’un des marchés haussiers les plus
longs du monde semble finalement s’essouffler, ce qui aura d’importantes
conséquences pour l’économie du pays, et potentiellement sa sphère politique.
Les prix des appartements, anciens comme neufs, commencent
à baisser. Le volume de ventes diminue. Et les développeurs commencent à se
retirer, à licencier et à repousser des projets. En avril, le secteur
immobilier perdait 25% par rapport à avril 2013.
« Il est impossible de prédire les conséquences d’un
éclatement de la bulle chinoise sur l’immobilier, parce qu’il se développe
par étapes », a expliqué Joel H. Rothstein, partenaire du cabinet juridique Paul Hastings
à Pékin et spécialiste du marché immobilier asiatique.
La correction du marché immobilier chinois - certains
économistes parlent même de l'éclatement d’une bulle – est en partie le
résultat d’une décision prise délibérément par les dirigeants du pays à Pékin.
Les chiffres économiques publiés mardi incluent également
une décélération de la production industrielle, ainsi que de la production d’acier
et de ciment. Les ventes au détail ont également augmenté plus lentement que
prévu en avril, et le marché des meubles mobiliers a enregistré un
ralentissement dû au fait que moins de familles ont emménagé dans une
nouvelle maison.
Selon Centraline, l’une des plus
importantes sociétés de courtage du secteur immobilier chinois, les
transactions ont diminué de moitié sur un an à Pékin et Shanghai le weekend 1er
mai dernier. Ce weekend est traditionnellement l’une des périodes d’achats les
plus importantes de l’année pour le secteur immobilier avec les vacances
nationales du début du mois d’octobre.
Un sondage national publié en mars par l’Université d’économie
de Chengdu, en Chine, a démontré que les ménages du pays placent en moyenne
66% de leurs actifs dans leur maison, un pourcentage qui atteint 84% à Pékin.
Aux Etats-Unis, où les actions et obligations ont plus d’importance, ce
pourcentage est de 41%.
Vulnérabilités financières en Chine
Dans son rapport financier publié au mois de mai, la banque
centrale de Nouvelle-Zélande aborde les vulnérabilités financières de la
Chine.
Il existe un risque de voir apparaître une correction
désordonnée sur le marché immobilier et du prêt en Chine, qui pourrait
fortement ralentir la croissance du pays. Le secteur bancaire parallèle a
joué un rôle important dans le récent boom du crédit, et la part de
croissance du crédit financée par le secteur est passée de 11% en 2006 à 32%
en 2013. Une grande partie de ce crédit a été prêtée aux gouvernements locaux
endettés pour financer le développement de propriétés et l’investissement en
infrastructures. Le flux de financement dirigé vers le système bancaire
parallèle peut ne pas refléter avec exactitude les risques impliqués :
certains produits parallèles sont distribués par des banques, ce qui peut
créer l’idée qu’ils sont implicitement couverts.
La bulle chinoise sur l’immobilier a-t-elle éclaté ?
Voici ce qu’en dit George Magnus dans l’article intitulé This time China’s property bubble really could burst, publié par le Financial Times :
Au cours de ces dernières années, l’idée que le secteur soit
susceptible d’exploser à tout moment n’a fait que se répandre – et il est désormais
temps pour le monde d’y prêter attention. Les indicateurs du secteur
immobilier ont commencé à baisser en 2013, et ce retournement de tendance
menace de se transformer en un effondrement. La Chine est donc, au mieux,
entrée en phase déflationniste en période de fragilité globale.
Le plus gros risque qui se pose à la Chine est la
conséquence d’une explosion du marché immobilier. L’investissement immobilier
représente désormais 13% du PIB, soit deux fois ce qu’il représentait aux
Etats-Unis à cœur de la bulle en 2007. Ajoutez à cela les secteurs qui y sont
liés, comme celui de l’acier, celui du ciment et d’autres, et le chiffre est
plus proche des 16%.
Suite au ralentissement du marché immobilier, les mises en
chantier et la vente de produits finis ont diminué, notamment hors des villes
principales. Les inventaires de maisons invendues à Pékin sont passés de sept
à douze mois d’offre en un an au mois d’avril. Mais pour ce qui est des
maisons en construction et des ventes totales, l’offre de maisons non-vendues
est passée à 15 mois dans les villes de « deuxième zone », et à 24
mois dans les villes de « troisième et quatrième zone ».
Le combat contre la corruption, qui prend souvent pour
cibles les individus qui ont accumulé un patrimoine foncier ostentatoire, a
refroidi le marché, au sein duquel, selon un récent rapport, le pourcent le
plus riche des ménages possède un tiers des propriétés résidentielles.
Ailleurs, le resserrement des conditions de crédit, qui incluent les
financements accordés aux développeurs, ont un lourd impact. Les retours
offerts par les propriétés et infrastructures commerciales, comme ceux des
financements accordés aux développeurs et aux gouvernements locaux, se sont
détériorés.
Le ralentissement du marché immobilier deviendra évident
lorsque les prix des terrains et des propriétés chuteront au travers du pays.
Les données officielles montrent encore que les prix, dans 70 villes, étaient
en mars dernier 8% plus élevés qu’il y a un an – bien qu’ils n’aient cessé de
baisser depuis 2013.
Si c’est vraiment le cas, alors la Chine ralentira bien
plus brutalement que ce le consensus suggère. Les importations et
exportations vers et depuis les pays qui commercent avec la Chine
ralentiront, et la demande chinoise en cuivre et en acier ralentira elle
aussi.