Les masses qui n’attendent que
de pouvoir inhaler l’air de liberté de l’Union Européenne se noient par
bateaux entiers dans la Méditerranée. Elles croupissent derrière les barreaux
de centres de détention en Grèce ou ailleurs. Elles sont diffamées,
calomniées et si possible déportées, parfois tuées. Mais pour les riches, les
choses deviennent de plus en plus faciles et abordables.
La voie vers la résidence et
l’éventuelle nationalité a toujours été pavée d’argent. Plus il y a d’argent
pour la couvrir, plus la voie est lisse. Mais aujourd’hui en Union
Européenne, la nationalité (et l’un des passeports les plus prisés au monde)
est désormais réservé aux super-riches. La citoyenneté Européenne est devenue
un autre produit que les pays en crise peuvent vendre sur un marché
compétitif en se sous-cotant les uns les autres. Et Malte vient de lancer une
guerre des prix.
Le petit pays de l’Union, qui
a une population
de 417.000 habitants sur trois îles, se trouve à 80 kilomètres au sud de la
Sicile, à 200 kilomètres à l’est de la Tunisie et à 280 kilomètres au nord de
la Lybie. Sa géographie est très pratique pour les étrangers, et l’anglais
compte parmi ses deux langues officielles.
Si vous venez de Russie, de
Chine, du Venezuela ou du Mali et devenez citoyen de l’un des 28 pays, vous obtienez un passeport spécifique à un pays qui vous
permet de vous installer et d’établir résidence n’importe où au sein de
l’Union. Les transferts monétaires internationaux deviendraient plus simples.
Vous avezde nombreux bénéfices et pouvez voyager
autour du monde sans encombre.
Mais la citoyenneté
Européenne, bien que convoitée par tous ceux qui ne l’ont pas, n’est pas traditionnellement
à vendre. Il faut normalement investir énormément d’argent dans le pays
choisi. Chaque pays à ses propres priorités : les obligations
gouvernementales en Hongrie, les projets publics tels que l’éducation en
Irlande, et la propriété au Portugal. Ce sont ces investissements qui vous
rendent éligible pour la nationalité, et qui vous permettent ou non d’obtenir
un passeport. Des programmes similaires sont disponibles aux Etats-Unis.
En Autriche, où la citoyenneté
est quasiment impossible à obtenir pour les émigrés, les super-riches n’éprouvent
pas tant de difficultés. Le gouvernement, au travers de la section 6 du
paragraphe 10 de l’Acte de Citoyenneté, peut offrir la citoyenneté ‘pour
services déjà rendus par l’étranger et les réalisations extraordinaires qu’il
est susceptible d’apporter dans le futur dans l’intérêt de la République’. Un
investisseur hôtelier Saoudien et la chanteuse Russe Anna Netrebko
auraient reçu la nationalité Autrichienne de cette manière. Il n’en demeure
pas moins que très peu y parviennent : personne n’a acquis la
nationalité Autrichienne en 2012, et seulement 23 étrangers l’ont obtenue en
2013.
Chypre n'est était pas très
loin d’offrir l’achat direct de nationalité. En 2012, alors qu’elle
approchait de la banqueroute, elle a proposé de distribuer des passeports
grâce à un programme accéléré
à tous ceux qui se disaient prêts à investir 10 millions d’euros dans le
pays, ce qui est beaucoup d’argent même pour le riche moyen, simplement pour
obtenir un document de voyage et une adresse en Europe. Le programme
comprenait d’autres critères onéreux et n’a pas été présenté comme une bonne
affaire.
En avril 2013, Chypre était
désespérée. Les déposants de ses banques en faillite ont fait l’objet de
saisies. Son industrie financière offshore, la vache à lait du pays, s’est
effondrée. Chypre avait besoin d’argent. Le président Nikos Anastasiades, qui n’avait été élu que quelques mois
auparavant, a annoncé que le prix de la citoyenneté serait rabaissé à 3
millions d’euros, mais que la citoyenneté Chypriote demeurerait liée à un
investissement dans le pays. C’était là en partie une branche d’olivier
tendue aux Russes qui avaient déposé leur argent dans les puits de corruption
que sont les banques Chypriotes : eux aussi pourraient devenir citoyens
s’ils perdaient trois millions d’euros.
Mais cette ère de relation
entre la citoyenneté, l’investissement et la résidence est désormais révolue
en Europe. Malte a mis la citoyenneté aux enchères avec un rabais de
78% ! Il est possible d’y acheter une nationalité et d’en partir.
Le gouvernement de Malte a
ratifié une loi qui fixe le prix de la nationalisé Maltaise à 650.000 euros
pour tout candidat non-Européen. Cette citoyenneté n’est pas liée à une
résidence ou à un investissement minimum. Les gens peuvent juste venir,
traverser quelques obstacles mineurs, payer, obtenir leur nationalité et leur
passeport, puis partir s’installer en Allemagne ou ailleurs. Simon Busuttil, à la tête du parti nationaliste de
l’opposition, a décrété que Malte pourrait être vue comme un paradis fiscal
louche des Caraïbes.
Le premier ministre Joseph
Muscat a admis que l’objectif du programme était de vendre des passeports.
Malte avait besoin d’argent. Selon lui, 45 personnes devraient acheter une
nationalité à Malte au cours de la première année, pour un total de 30
millions d’euros de revenus.
Vous ne voyez pas où est le
problème? Henley and Partners,
une firme de conseil internationale, a mis en place ce programme. La firme se
spécialise dans la résidence et la
citoyenneté pour les familles et individus fortunés et leurs conseillers
partout dans le monde. Le directeur de la firme Eric Major a décrété que ce
programme serait transparent. Mais contrairement au premier ministre, Mr
Major estime que Malte devrait pouvoir vendre entre 200 et 300 citoyennetés
par an, ce qui nous donne donc un maximum de 200 millions d’euros de revenus
annuels – pas mal pour un peu de paperasse. Et beaucoup de monnaie pour un si
petit pays.
Et si son produit se
vendait ? Le prix de la nationalité est avantageux, compte tenu de ce
que charge Chypre, et des centaines de millions de riches et modérément
riches venus d’Inde, de Chine et autres pourraient s’en servir de route de
sortie. L’Europe pourrait devenir le prochain bon coup.
Mais il faut aussi noter la
compétition qui existe, comme Chypre a pu s’en rendre compte. Le gouvernement
de Malte a déclaré que d’autres pays considéraient la vente de nationalités.
Cela ne peut vouloir dire qu’une chose : pression à la baisse sur les
prix.
La Grèce offrira-t-elle la
nationalité Grecque pour 599.000 euros ? Peut-être juste pour être plus
compétitive ? C’est ce que la Troika et tous
les autres attendaient tant : une exportation phénoménale à moindre coût
et au potentiel illimité. Si un million de nationalités étaient vendues pour
ce prix au cours de ces trois prochaines années, la Grèce pourrait rembourser
toute sa dette, financer ses banques correctement et permettre à ses politiciens
d’empocher 100 milliards de dollars de gains personnels, et aurait toujours
assez d’argent pour acheter quelques chars et frégates Allemands.
A moins que la Slovaquie s’y
mette et fasse passer le prix à 399.000 euros.
Malgré une reprise économique
‘miraculeuse’, le taux de chômage des jeunes a atteint 24% en Europe. De
nouveaux records ont été atteints en Espagne (56,7%), en Grèce (57,3%) et
dans d’autres pays. Les leçons que nous a apprises l’Histoire sont
claires : les gouvernements qui laissent escalader le taux de chômage
des jeunes le font à leur propre péril… Lisez ceci : No
Country For Young Men