Oh là là ! Comme prévus par Najat Vallaud-Belkacem,
la porte-parlote du gouvernemaman,
les chiffres du chômage ne sont vraiment pas bons. Pour une fois que
quelque chose augmente vraiment dans le pays, pas de chance, zut et zut,
c’est le chômage ! C’est d’autant plus injuste que ce sont les Gentils qui sont
au pouvoir et c’est le Camp du Bien qui mène le Bateau France au sort qu’on
lui devine. Normalement, avec une telle équipe de héros, ça n’aurait jamais
dû se passer comme ça !
Pourtant, tout était clair dès le départ : la France avait, consciencieusement
et comme toute la presse le lui avait bien expliqué, voté comme il faut,
pour les gens qui avaient toutes les bonnes idées et surtout, la
volonté du changement chevillée au corps. Le précédent président et
son équipe, qui étaient toujours des méchants, étaient devenus à l’évidence fascistes et incompétents. Il était donc temps de faire
confiance à une belle équipe de nouveaux poulains fiers et vigoureux pour
relancer le pays vers les sommets du succès mondial qu’il n’aurait jamais dû
quitter.
Las. Un an après, le constat est plus qu’alarmant, il est catastrophique.
Oh, bien sûr, la précédente brochette d’incapables avaient
laissé l’économie en bien piètre état et nul doute que sans les efforts
évidemment monstrueux de l’actuel gouvernement pour traiter des questions de
fond(s) comme le mariage homosexuel ou l’amnistie des délits syndicaux, le
constat aurait été plus cruel encore ! Mais bon, tout de même, les Calinours de Socialie viennent
de frotter un peu leurs fesses sur le méchant crépi du mur de la réalité, et
ce n’est pas très agréable : on dépasse maintenant assez largement les trois millions de chômeurs et les records de 1997 ont
été facilement dépassés. Et au-delà de ce chiffre symbolique pas très tendre,
on est aussi à un pic historique des chômeurs de longue durée. Autrement dit
: il y a de plus en plus de gens sur le carreau, et pour un temps de plus en
plus long. C’est, probablement, à cause de la tempête de libéralisme appliqué
à toute l’économie française, ainsi que son austérité débridée ; on n’a
jamais autant licencié de personnes dans l’administration, les services
publics ont tous été vendus au Grand Capital, les salaires dans la fonction
publique plongent, les ministres, les députés, les sénateurs et les élus en
général sont maintenant pauvres et ne touchent plus leur salaires depuis des
mois : la situation, véritablement, est dramatique.
Pour autant, le Président de la République Du Bisounoursland
reste aussi ferme qu’un dessert laitier peut l’être : il maintient donc son
« objectif » d’inverser « à la fin d’année » la courbe du
chômage, parce que ça le fera, ça le fera, en fermant les poings s’il le
faut, ça le fera. Et il s’est mouillé la chemise ! Lorsqu’un étudiant s’est
pointé devant lui avec son CV, il a tout de suite pris le CV,
l’a transmis à ses services, qui ont redispatché
aux sous-services compétents, qui ont analysé la demande, soupesé le pour et
le contre, ont contacté les bonnes personnes, qui ont redirigé la demande qui
est arrivée sur la table d’un secrétaire de cabinet, qui a immédiatement
classé le dossier, qui est reparti par ici, puis par là,
et finalement, paf, immédiatement en moins de 3 semaines (on est dans
l’instantané, quasiment), le jeune a reçu une mise en relation avec Pôle Emploi. Le changement,
c’est aussi ça.
Et puis surtout, on tiendra bon « grâce notamment à la reprise
progressive de l’activité et aux premiers effets des nombreux dispositifs de
soutien à l’emploi mis en place depuis dix mois », affirme Bercy
sans rire. Ah, oui, les fameux Emplois d’Avenir ! Ca dépote, ça dépote,
et ça crée de l’emploi, de l’activité et tout le monde est content et au
rythme où ça va on va inverser les courbe ça dépote c’est super et c’est …
Ah, non : les emplois d’avenir ne décollent pas.
Zut alors.
Pourquoi diable les conditions pas du tout restrictives n’ont-elles pas
alléché les employeurs ? En tout cas, après trois mois d’utilisation du
Fabuleux Procédé Pour Créer de l’Emploi À Partir De Rien, les résultats sont,
disons, mitigés : un peu plus de 10.000 contrats (soit 3500 par mois, en
gros). A ce rythme, à la fin de l’année, le gouvernement pourra se réjouir
d’en avoir éclusé 40.000 au plus, soit 40% de l’objectif.
Une réussite flamboyante, donc.
Mais en tout cas, la France, en 40 ans d’épisodes économiques désastreux,
aura eu le temps de se préparer à l’actuelle tempête. Avant, elle avait mis
en place une belle Agence Nationale Pour l’Emploi. Probablement par une
contraction de la langue, cela était devenu « AgencePoulemploi »
qui n’aura eu aucun mal à évoluer en Pôle Emploi que tout le monde connaît
maintenant. Et rapidement, au fil des ans, l’agence s’est rapidement taillée une solide réputation, parfaitement synchrone avec
son nom : en effet, de la même façon qu’à SOS Racisme, on ne trouve aucun
racisme, à Pôle Emploi, on ne trouve aucun emploi.
C’en est même devenu plus que comique, mais
carrément institutionnel : Paul Employ est
essentiellement une administration qui aura trouvé un emploi à des gens dont
le job est d’en chercher pour les autres. Pendant ce temps, les cabinets de
recrutement (privés), les agences d’intérim (privés), les boîtes
d’outsourcing / outplacement (privés), cabinets de conseil en ressources
humaines (privés) et autres (privés) arrivent, malgré la règlementation
délirante du marché de l’emploi, à recaser les demandeurs indépendamment des
efforts désespérés de Popol Emploi pour endormir
tout le monde. Le plus amusant de cette histoire est d’ailleurs de constater
que non seulement, Pôle Emploi fait moins bien que toutes ces boîtes privées,
mais en plus, elle le fait pour plus cher (d’environ un tiers).
La déroute institutionnelle pourrait s’arrêter là, stoppant le train des
dépenses publiques inutiles à la Gare du Gaspi, mais non. Il continue,
cahin-caha, vers la Vallée du Ridicule, lorsqu’on apprend en effet qu’en plus
de ça, les sites internet à la « Le Bon Coin » et autres réalisent
des performances encore supérieures à la pauvre
administration (monopolistique).
Une administration qui coûte plus cher que la gestion privée, qui est
dépassée et ne permet pas de remplir sa mission … Quelle excuse, exactement,
existe-t-il encore pour conserver ces agences ? Quel raisonnement débile et
contre-intuitif (mais lourdement subventionné par derrière) permet de
justifier qu’on conserve, coûte que coûte, ce pesant appareil qui baigne dans
la contre-performance comme un hippopotame dans son bain de boue relaxante ?
Combien de suicides (de chômeurs ou de salariés de Pôle Emploi) dans les locaux du mammouth
devrons-nous encore supporter avant d’admettre que l’expérience a assez duré,
assez coûté, assez fait de dégâts et même assez tué ?
Mais baste, ne soyons pas trop demandeurs de changement. Avec la
tornade d’idées judicieuses que Hollande et son équipe nous préparent, pas de
doute …
…ce pays est foutu.