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La crise du subprime pour les nuls

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Publié le 14 mars 2008
1900 mots - Temps de lecture : 4 - 7 minutes
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Sur mon second blog, crise publique, je reviens sur les mécanismes de la crise du subprime à apartir de 4 articles, deux en provenance d'autres auteurs, et deux "anciens" posts de ce blog. Mes lecteurs de longue date n'y trouveront sans doute rien de très nouveau, mais ceux qui n'ont pas fouillé mes archives y trouveront, j'espère, une bonne introduction qui pourra leur donner envie d'approfondir le sujet.

 

our bien passer le week end, voici quelques articles pédagogiques pour saisir l'enchainement qui a conduit à la débâcle financière vécue par les banques, les fonds d'investissement, et dont le monde réel commence à ressentir les éclaboussures, débâcle partie de l'éclatement d'une incroyable bulle spéculative sur l'immobilier.

 

Sur Cotation Immobilière, M. DiCarno (c'est un pseudonyme) poste une ironique description des comportements qui ont abouti au désastre du crédit immobilier, qui commence à toucher tout le système bancaire international. Petit extrait jubilatoire:

 

- Pffff ! Nous ferions mieux fait de nous débarrasser de ces p*$@!$% de contrats hypothécaires avant qu’ils n'attirent les mouches.

 

- Mais, patron, qui va vouloir acheter ces daubes ?

 

- Réfléchissons un peu. Et si nous créons un titre obligataire et que nous utilisons ces daubes de contrats hypothécaires comme garantie ? On pourrait appeler ça CDO ? Comme ça nous pourrons vendre ces obligations à des investisseurs et nous paieront les coupons avec les intérêts des hypothèques. Qu’en pensez-vous ?

 

- Mais on ne fait pas un cheval de course avec un bourrin

 

- Evidemment. Pris individuellement, ces contrats sont de belles daubes ; mais si on les regroupe alors ils deviendront plus présentables. Et vu que les prix des maisons montent toujours, nous n’avons pas beaucoup d’inquiétudes à avoir.

 

- Je reste circonspect.

 

- Les nouvelles obligations marcheront comme ça : elles seront fabriquées à partir de trois niveaux (ou tranches) que nous appellerons les « bonnes », les « moins bonnes » et les « pourries ». Si certains des contrats hypothécaires venaient à faillir, alors nous paierons les intérêts en priorité à la « bonne » tranche, puis à la « moins bonne » en deuxième et à la « pourrie » en dernier.

 

- Je commence à piger. Et comme ceux qui ont investi dans la « bonne » tranche ont pris moins de risques alors nous leur donnerons un intérêt plus faible, n’est ce pas ? Ceux qui ont pris le plus de risques recevront un intérêt plus élevé.

 

- Exactement. Mais attendez, on peut encore mieux faire. Nous allons acheter des titres très sûrs pour les mettre dans la « bonne » tranche. Comme ça, les agences de notation donneront à la tranche la moins risquée un triple A au lieu d’un simple A.

 

- Génial.

 

- Rêvons un peu, il se pourrait qu’ils donnent à la tranche « moins bonne » un triple B au lieu d’un B. Par contre, pour la tranche « pourrie », il n’y a absolument aucun espoir. Ce n’est même pas la peine de demander une note vu qu’elle sera forcément négative. 

 

- Vous êtes un génie boss.

 

- Oui je sais.

 

Bon, OK, il y a des investisseurs qui ont cru qu'en faisant du steak haché en mélangeant du bon boeuf et du mauvais boeuf, on faisait un steak "moyen". Espérons qu'il comprendront à l'avenir que les créances titrisées sont comme le steak haché: la mauvaise viande pourrit la bonne...

 

Plus sérieusement, Michael Nystrom expliquait dans un article déjà ancien (juillet 2007) les mécanismes de propagation de la crise du crédit. Extrait, en anglais:

 

Mr. Jones Defaults : As it turned out, Mr. Jones, and many more like him were unable to keep their promises to pay the money back.  Maybe Mr. Jones lost his job in this terrible economy; maybe he got sick and couldn’t work; maybe he didn’t understand that his mortgage payment was going to jump to something he couldn’t afford; maybe he thought he could sell the house for more money, and never expected to hold on to it this long; maybe he just wasn’t a good credit risk to begin with.   

 

Whatever the reason, Mr. Jones and millions like him had to break their promises about paying back the loans.  In the end they’ll just give their keys back to the bank and say, “Thanks, but no thanks.  I can’t afford it.”

 

The banks in turn will say, “Don’t give us the keys.  We sold your mortgage a long time ago.  We don’t even know who owns your mortgage now, and frankly we don’t care.”  

 

Until now, his debt was an asset of the fund, and was being used as collateral against loans ten times its value. But the moment that Mr. Jones gave up on the idea of home ownership, the value of his mortgage simply disappeared.  The paper asset, which derived its value from Mr. Jones’s promise, was destroyed.  This had a cascading effect, since Mr. Jones’s mortgage was being used as collateral to borrow money to buy even more subprime mortgages, many of which were also defaulting. Assets purchased on borrowed money were now worthless.  Only the debts remained, and suddenly there was more debt than the original amount that investors had put into the fund.  These original funds would be needed repay the debts incurred by the fund.  Nothing is left to return to investors.  This is the process by which money is destroyed.
   
What about the houses, you ask? Yes, they have some value, but not nearly as much as when they were first purchased. Again, it was not the houses that had the value, it was Mr. Jones promise to pay a steady stream of high interest income over 30 years that was valuable to investors.

 

Les gens qui ont acheté des CDOs ont acheté en partie des promesses intenables déconnectées de la valeur réelle des actifs censés garantir ces promesses. Quoique ces deux articles soient très intéressants, chacun à leur manière, ils occultent le troisième moteur de la crise: pourquoi  les  investisseurs ont ils affecté de croire que les prix de l'immobilier pouvaient indéfiniment monter jusqu'au ciel plus vite que les revenus des ménages ? Quel a été le facteur qui a initié les signaux haussiers  qui  ont entraîné  ces comportements purement spéculatifs ? 

 

La réponse vient des entraves à la construction posées dans les règlements d'urbanisme et d'aménagement du territoire de nombreuses villes, voire de pays entiers. Voici ce que j'écrivais le 23 Aout 2007 sur mon blog principal, Ob'Lib':

 

De nombreuses recherches académiques ont mis en évidence de façon indiscutable que la bulle sur les prix de l'immobilier ne s’est formée que dans les zones où la réglementation foncière a artificiellement limité la capacité des constructeurs à répondre à la demande de nouveaux logements, notamment par l’extension des villes à leur immédiate périphérie.

Malheureusement, dans le monde Anglo-Saxon (USA, UK, Irlande, Australie, Nouvelle Zélande, Canada), sur 159 aires urbaines de plus de 700.000 habitants, 117 sont affublées de telles réglementations restrictives, dont toutes les plus importantes (source). Quand bien même une quarantaine d’agglomérations, dont la moitié en croissance économique et démographique forte, n’a pas connu la même explosion des prix, malgré des conditions macro-économiques similaires au reste du monde, la perception d’une hausse « globale » de l’immobilier par les intervenants non spécialisés dans les questions urbaines a été majoritaire. La France et l’Espagne, qui possèdent des réglementations du sol également contraignantes, ont également connu la même flambée des cours.   

Les urbanistes sont rarement de grands économistes. L’inverse est hélas encore plus vrai. De nombreux observateurs ont tenté de trouver des explications d’origine purement monétaires à la hausse  de l’immobilier, sans se demander pourquoi leurs hypothèses n’expliquaient pas les anomalies statistiques constituées par les villes au sol peu réglementé de la mid-america et du Canada.

 

(...)

 

Imaginons un instant que le monde entier ait eu un droit des sols "houstonien" ou "allemand", où la possibilité de construire facilement de nouvelles maisons sur un foncier périphérique abondant maintient les prix du neuf et de l’ancien dans des limites basses, concurrence entre offreurs de centre ville et de périphérie oblige. La hausse de la demande immobilière y aurait de fait provoqué une hausse très raisonnable des cours (10-15% sur 5 ans, liés essentiellement au manque de main d’œuvre qualifiée disponible lorsque la demande est très soutenue), et non un plus que doublement des prix corrigés des revenus, en moins de 10 ans. Il est clair que les acheteurs immobiliers, comme leurs financiers, auraient supporté des risques de crédit bien plus faibles, et que les décisions d’achat et de refinancement des créances immobilières se seraient plus focalisées sur des critères rationnels (emplacement, qualité de construction, etc) que sur des espoirs de gain financier qui se révèlent à la longue illusoires.

Sans doute le mal-investissement qui a gangréné le marché immobilier se serait il reporté ailleurs, l’excès d’offre monétaire (i.e. de crédit) des banques centrales restant le même. Mais au moins la crise actuelle n’aurait elle pas eu pour funeste conséquence de jeter à la rue des dizaines de milliers de propriétaires dont la maison se trouve saisie

 

La boucle est bouclée. Le mécanisme peut être synthétisé ainsi (Article du 13 Aout 2007)

 

Résumons l'enchainement des causes et effets (interventions étatiques en italique) :

 

--> les lois foncières et un crédit bon marché (FED) provoquent une flambée des prix immobiliers

--> la notation des emprunteurs se dégrade

--> Ils doivent recourir à des crédits à risque

--> la loi fédérale empêche les prêteurs de jouer leur rôle prudentiel (plus de détails)

--> l'excès de liquidité provoqué par une FED laxiste permet aux banques de revendre les créances boiteuses à des investisseurs fourvoyés dans des mal-investissements sur des produits qu'ils connaissent mal

--> les taux augmentent notamment à cause des déficits excessifs de l'état fédéral.

--> les emprunteurs sont pris à la gorge

--> leurs créances sont en défaut

--> les ventes de maisons saisies se multiplient

--> Les prix se cassent la figure

--> les actifs sur lesquels étaient assis les produits financiers "collatéraux" ne couvrent plus les défauts de paiements

--> des grands fonds d'investissement se retrouvent au bord de la cessation de paiement

--> les marchés sont déstabilisés

--> unhappy end : le public, la presse et les politiciens crient au dysfonctionnement des marchés et à la cupidité de ses acteurs.

 

Sur ce, bon week end !

 

Vincent Bénard

Objectif Liberte.fr

Egalement par Vincent Bénard

 

Vincent Bénard, ingénieur et auteur, est Président de l’institut Hayek (Bruxelles, www.fahayek.org) et Senior Fellow de Turgot (Paris, www.turgot.org), deux thinks tanks francophones dédiés à la diffusion de la pensée libérale. Spécialiste d'aménagement du territoire, Il est l'auteur d'une analyse iconoclaste des politiques du logement en France, "Logement, crise publique, remèdes privés", ouvrage publié fin 2007 et qui conserve toute son acuité (amazon), où il montre que non seulement l'état déverse des milliards sur le logement en pure perte, mais que de mauvais choix publics sont directement à l'origine de la crise. Au pays de l'état tout puissant, il ose proposer des remèdes fondés sur les mécanismes de marché pour y remédier.

 

Il est l'auteur du blog "Objectif Liberté" www.objectifliberte.fr

 

Publications :

"Logement: crise publique, remèdes privés", dec 2007, Editions Romillat

Avec Pierre de la Coste : "Hyper-république, bâtir l'administration en réseau autour du citoyen", 2003, La doc française, avec Pierre de la Coste

 

 

Publié avec l’aimable autorisation de Vincent Bénard – Tous droits réservés par Vincent Bénard.

 

 

 

 

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