Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
C’est l’un de mes chevaux de bataille économique préféré. En effet, je pense, et c’est une conviction, que nous sommes arrivés à un point d’inflexion majeur (et de grâce, encore une fois, ne me sortez pas l’exemple des Canuts et le refus du prôôgrèès technique, ce qui était valable il y a deux ou trois siècles peut l’être nettement moins de nos jours) concernant les évolutions technologiques et leur compatibilité avec un haut niveau d’emploi.
En clair, les progrès de l’informatique associés à l’électronique, aux biotechnologies et évidemment à la robotique vont conduire et conduisent déjà non pas à une suppression pure et simple de la notion de travail mais à la disparition plus ou moins rapide de l’emploi de masse corollaire jusqu’à présent de la consommation de masse et de la production de masse.
J’insiste sur cette notion de masse d’emploi. Le problème n’est pas la disparition (pour le moment) du travail mais sa raréfaction et le fait que notre chômage endémique et en hausse constante depuis maintenant 40 ans matérialise la « fin du travail pour tous ».
Économiquement, le fait que le travail soit le mode de redistribution le plus utilisé à travers le monde pour « répartir » plus ou moins équitablement la création de richesse va nous conduire à une insolvabilisation progressive des ménages. Raréfaction du travail = raréfaction du nombre de consommateurs solvables = à un moment ou à un autre baisse de la consommation = baisse des profits pour les entreprises !
La relation économique est simple à comprendre. Elle est même évidente. Dans mes propos, il ne s’agit même pas de dire « je suis pour ou contre les progrès techniques », il s’agit simplement de constater les faits et les faits sont toujours têtus. Il y a de moins en moins de boulot.
C’est dans ce contexte que la grande entreprise Amazon, qui est devenue en quelques années l’une des plus grosses multinationales mondiales de la distribution et de la vente en ligne, a annoncé lors de son assemblée générale qu’elle allait s’équiper de 10 000 robots alors qu’elle n’en utilise actuellement « que » 1 300 ! Évidemment, on tient à rassurer le crétin. Aucun problème pour l’emploi et il n’y aura aucun licenciement !!
Ne soyons pas dupes ni naïfs ! Bien sûr qu’il n’y aura aucun licenciement et cela pour deux raisons faciles à comprendre, encore faut-il juste le dire et le rappeler à ceux qui n’y penseraient pas tout seuls.
Premièrement, Amazon est en croissance forte dans la mesure où les ventes en ligne sont encore en croissance et que cette entreprise est en train de multiplier les secteurs de produits qu’elle ne couvrait pas jusqu’à présent (au départ, Amazon ce n’était que la vente de livres). Logiquement, Amazon doit donc recruter, ouvrir de nouveaux entrepôts, etc. Prendre 10 000 robots ce n’est pas de l’emploi en moins et des licenciements, c’est simplement de l’emploi qui ne verra jamais le jour… Cela illustre donc parfaitement le concept de croissance…. sans emploi qui n’a manifestement pas effleuré l’esprit des abrutis qui nous dirigent et qui attendent la croissance comme une vache attend le passage du train (ou alors ils font juste mine de …).
Deuxièmement, là encore il convient d’être réaliste. Quelle est, à votre avis, l’ancienneté moyenne dans une entreprise comme Amazon, ou pour être encore plus précis quel est le « turn-over » naturel une fois que vous avez marché pendant 20 km lors de votre journée de travail avec des cadences assez élevées ? Résultat, eh bien chez Amazon (comme dans de très nombreuse entreprises désormais), c’est marche ou crève et beaucoup « crèvent » sur le bord des allées débordant de produits que nous commandons sans fatigue affalés devant notre écran d’ordinateur. Les effectifs tiennent donc au mieux quelques années avant d’être totalement rincés, sans oublier aussi l’aspect cyclique de l’activité de cette entreprise qui va réaliser une part importante de son chiffre d’affaires au moins de décembre en recrutant des saisonniers pour un mois, ce dont elle pourra se passer.
Là encore, il n’y aura pas de licenciement. Il n’y aura que des démissions de « faibles » qui ne tiennent pas le coup et qui iront rejoindre les troupes de Paul Emploi, le 1er employeur de France avant d’aller grossir les rangs du RSA et des Restos du Cœur.
La robotique recrute !
Évidemment, lorsque Kiva System vend des robots à Amazon, Kiva recrute, certes, mais nettement moins que le nombre d’emplois qui ne sera jamais créé grâce à ses solutions automatisées et en plus certainement pas sur le même niveau de compétences. Encore une fois, je vous mets en lien source le site de Kiva, vous pourrez par vous-même regarder et consulter les offres d’emplois. Elles sont assez peu nombreuses et surtout très techniques. Alors que ferons-nous de tous ceux qui ne seront pas des ingénieurs de hauts niveaux, c’est-à-dire de 95 % de la population mondiale ?
Là encore, il ne s’agit ni de déplorer ni d’applaudir mais de constater les faits. Naturellement, le cours de bourse d’Amazon monte en flèche à l’idée d’une croissance sans avoir besoin d’employer plus de monde !! Jusqu’au jour, bien entendu, où les marchés s’apercevront qu’il n’y a plus d’acheteur solvable.
Il n’y a pas que les robots qui suppriment de l’emploi
Il y a aussi Internet, et c’est particulièrement palpable dans le secteur bancaire où, finalement, le modèle des banques en ligne désormais parfaitement mature est bien plus efficace et rentable que la banque traditionnelles avec des réseaux de centaines d’agences. Résultat ? Rien qu’en France prévoyez le non-remplacement dans le meilleur des cas des 400 000 collaborateurs qui font fonctionner actuellement les milliers d’agences qui maillent le territoire français. Dans le pire des cas, la BNP, après avoir payé son amende américaine, pourrait vouloir aller un peu plus vite et faire un plan de « sauvegarde » de l’emploi (c’est-à-dire virer du monde).
Un monde sans travail, sans croissance, et de raréfaction généralisée
Des ressources alimentaires plus cher, peu ou pas de travail, une croissance dont au mieux personne ne profitera ou presque, voilà ce à quoi vous devez vous préparer, sans oublier des États surendettés qui ne pourront que faire faillite dans un tel contexte.
Voilà ce à quoi vous devez vous préparer et peu importe que cela prenne 18 mois ou 4 ans car nous aurons vraisemblablement à vivre cet effondrement économique et social.
Préparez-vous et restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »