Sur le plan
démographique, la situation n’est pas prometteuse pour la zone euro.
Face au déclin du taux
de naissances et au vieillissement de la population, Mario Draghi aura des
difficultés à produire de l’inflation dans un environnement démographique
déflationniste.
Le taux de naissances
s’effondre en Espagne
Voici un extrait de
l’article Spain Dying as its Birthrate Plummets :
La
population espagnole devrait décliner de plus de cinq millions au cours de
ces cinquante prochaines années, selon des prévisions qui laissent présager
plus encore de « villages fantômes » au travers du pays.
Au cours
des six premiers mois de l’année dernière, l’Espagne a enregistré 225.924
décès pour 226.656 naissances, comme l’ont montré les statistiques publiées
par l’Institut national du recensement. Le pays n’avait plus enregistré un
taux de naissances inférieur au taux de décès depuis la guerre civile, qui a
eu lieu de 1936 à 1938, et, avant ça, depuis la grippe espagnole de 1918.
Le
temps est-il venu pour l’Espagne de prendre des mesures face à un taux de
naissances en déclin ?
Voici un
extrait de l’article Is it time for Spain to address its plummeting birth rate?,
publié sur le site anglophone d’El Pais :
Les
données publiées par l’Institut national des statistiques montrent qu’un pic
a été enregistré en 1944, avec 23 naissances pour 1.000 habitants. Un record
à la baisse a été enregistré en 1998, avec seulement 9 naissances pour 1.000
habitants.
Nous
avons assisté à un déclin incroyable du taux de naissances, qui a été réduit
de moitié depuis 1975. « C’est une tendance qui est là pour
durer », a expliqué Andrés, de l’Université de Valence.
Mais
pour Julio Vinuesa, démographe à l’Université Autónoma de Madrid, l’étude
n’apporte aucune information nouvelle et ne fait que réitérer le fait qu’il y
ait eu un déclin des naissances en Espagne.
« Nous
sommes témoins d’un rapide déclin des naissances, et il semblerait que tout
le monde s’en moque. Sur le court terme, c’est un soulagement, parce que cela
signifie une réduction des dépenses des familles et de l’Etat, et personne ne
se plaint parce que personne ne s’arrête pour réfléchir aux conséquences que
cela aura à l’avenir. »
L’économiste
britannique Paul Wallace, auteur d’Agequake, qui se penche sur les
causes et les effets du vieillissement de la population, est d’avis que le
meilleur investissement que puisse faire une société soit son propre
remplacement. En ce sens, l’Espagne a échoué.
Au cours
de ces dix dernières années, Vinuesa a proposé des « politiques
d’encouragement de la fécondité », mais personne ne lui a prêté
attention.
Et le
déclin se poursuit.
La
mort de l’intérieur espagnol
Dans
près de la moitié des provinces espagnoles, un tiers des habitants sont âgés
de 65 ans ou plus. Nous parlons donc véritablement de la mort de l'intérieur espagnol.
Nous
voyons se développer une nouvelle carte de l’intérieur espagnol, et une
majeure partie du pays traverse une mort lente en conséquence du
vieillissement de la population et de la migration des jeunes vers les
villes. Dans 22 provinces, un tiers des habitants sont âgés de 65 ans ou
plus, alors que la moyenne nationale est de 16,7%. Alors que le démographe
Francisco Zamona se demandait en 2005 comment maintenir la structure de
population de l’Espagne jusqu’en 2050, la seule réponse qu’il a pu trouver a
été un taux de naissance de 7,5 enfants par femme.
Dix ans
plus tard, nous explique-t-il, « il n’y a plus rien qui puisse être mis
en place sinon une immigration sélective ». Mais l’Espagne a déjà
traversé une bague d’immigration rapide – environ 6,5 millions de personnes
se sont installées dans le pays ces vingt dernières années – et le taux de
naissances continue de baisser, depuis 1,4 enfant par femme en 2008 à 1,27 en
2013.
Selon
les démographes, une majorité de ceux qui travaillent à la campagne vivent
dans des villes plutôt qu’au sein de communautés rurales. Les villages
deviendront de plus en plus des lieux où venir se reposer en weekend, et
disparaîtront peu à peu à mesure que mourront leurs habitants.
La
population allemande s’érode
Voici un
extrait de l’article de Reuters intitulé German birth rate grows, but population shrinks :
Le taux
de naissances allemand a augmenté l’année dernière pour atteindre son niveau
le plus haut en douze ans, alimenté par plusieurs années de croissance
économique et les aides gouvernementales. Il n’est cependant pas parvenu à
contrebalancer le taux de mortalité, et la population du pays continue dans
l’ensemble de décliner.
Les naissances
ont augmenté de 4,8% en 2014 pour passer au-dessus des 700.000, avec 714.966,
pour la première fois depuis 2004.
La
baisse du nombre d’Allemands a été partiellement couverte par l’accélération
de l’immigration. Quelques 8,6% de sa population de 81,8 millions d’habitants
sont des étrangers.
L’Allemagne
a également accueilli 40% des réfugiés arrivés cette année en Union
européenne. Mercredi dernier, le gouvernement a accru ses prévisions pour
porter à 800.000 le nombre d’immigrants arrivés cette année du Proche-Orient,
d’Asie et d’Afrique.
La
stabilité économique enregistrée depuis 2010 et les politiques familiales
généreuses offertes par les gouvernements successifs ces dernières années ont
permis une hausse du taux de naissances, comme l’a expliqué le Bureau des
statistiques de Wiesbaden. Il n’en est pas moins « que d’autres efforts
seront nécessaires », pour reprendre les dires de Manuela Schwesig,
Ministre allemande des affaires familiales.
Le taux
de naissances devrait bientôt recommencer à décliner, parce que les
bouleversements économiques qui ont fait suite à la réunification de
l’Allemagne en 1990 ont fait baisser le taux de naissances en Allemagne de
l’est.
« Nous
avons enregistré une plongée des naissances en 1990, ce qui signifie qu’il y
a aujourd’hui moins de femmes en âge d’avoir des enfants », a expliqué
Olga Poetzsch, statisticienne au gouvernement.
Le
nombre de naissances est passé de 906.000 en 1990 à 830.000 une année plus
tard, avant de passer à 765.000 en 1995. Il a atteint 663.000 en 2011.
Le taux
de naissances allemand a atteint un record d’1,4 million en 1964. Les décès
ont surpassé les naissances depuis 1972, avec un total de 5 millions de
naissances de moins que de décès.
Profil
démographique de l’Allemagne
Source :
Germany
Demographics Profile 2014
L’Italie
à l’aube d’une déflation démographique
Voici un
extrait de l’article du Guardian intitulé Italy is a 'dying country' says minister as birth rate
plummets :
12
février 2015
Moins de
bébés sont nés en Italie en 2014 qu’il n’y en a eu au cours de toutes les
autres années depuis la création de l’Etat moderne d’Italie en 1861, ce qui
souligne l’épreuve démographique à laquelle fait aujourd’hui face l’économie
chroniquement anémique du pays.
Le
bureau national des statistiques, l’ISTAT, a déclaré jeudi que le nombre de
naissances a été de 509.000 l’année dernière, soit 5.000 de moins qu’en 2013,
et décline maintenant depuis un demi-siècle.
Le
nombre de bébés nés de mères autochtones ou étrangères et vivant en Italie a chuté
alors que l’immigration, qui jusqu’alors soutenait le taux de naissances, a
atteint son niveau le plus bas sur cinq ans.
Le taux
de mortalité a également décliné l’an dernier, pour faire passer l’espérance
de vie à 80,2 ans pour les hommes et à 84,9 ans pour les femmes.
« Nous
sommes très proche du seuil de non-renouvellement, et des gens commencent à
mourir sans être remplacés par des nouveau-nés. Nous sommes un pays
mourant », a expliqué la Ministre de la santé, Beatrice Lorenzin.
Le
gouvernement du Premier Ministre Matteo Renzi fait tout son possible pour
stimuler l’économie en réformant le marché de l’emploi sclérosé et persuader
la jeune génération de ne pas partir vivre et travailler à l’étranger.
Le
profil démographique varie fortement entre les régions, avec un taux de fécondité
d’1,65 pour le nord autonome de la région de Trentino-Alto, ce qui est plus
élevé qu’en Allemagne.
Mais
dans les régions plus pauvres du sud, où le PIB par tête est moitié moins
élevé qu’au centre et au nord, la population diminue.
Taux de naissances net positif en France
En France, le taux de naissance est de
12,49 pour mille, alors que le taux de mortalité est de 9,06 pour mille.
L’immigration est d’1,09 pour mille.
Les données ci-dessus sont tirées de France
Demographics Profile 2014
Expliquer la démographie et les
naissances
Le plus gros pays de la zone euro,
l’Allemagne, et le quatrième plus gros pays, l’Espagne, enregistrent une
déflation démographique. Le troisième plus gros pays de la zone euro est en
croissance.
Les économistes demandent aux politiciens
de prendre des mesures. Il faudrait cependant qu’ils comprennent d’abord la
cause du problème. Mais une telle attitude n’est dans les habitudes ni des
économistes ni des hommes politiques.
Les problèmes sont évidents, mais les
économistes ne les ont pas compris. Oubliez les études menées, voici des
facteurs clés :
- Taux
de chômage des jeunes
- Pensions
promises qui ne pourront pas être versées, et ne le seront pas
- Loi du
travail
- Transformation
des attitudes
- Décisions
des banques centrales
1. Chômage des jeunes
Source :
Eurostat
Statistics - Youth Unemployment
Comment
est-il possible de se marier, d’acheter une maison et de fonder une famille
lorsque le taux de chômage est de plus de 40% dans de nombreux pays ?
2. Promesses de versements de pensions
Le
système actuel est destiné à échouer. Les jeunes sont supposés payer les
retraites des plus âgés. Comment cela peut-il fonctionner lorsque les jeunes
ne trouvent pas de travail ? Une majorité des jeunes comprennent les
obligations du système de pensions et de santé, et savent qu’il ne sera plus
là pour eux-mêmes et pour leurs enfants.
3. Loi du travail
Les
travailleurs et les retraités ne veulent pas voir les lois changer pour
faciliter le licenciement d’employés ou la réduction des pensions. Si
quelqu’un ne peut pas être licencié, il ne sera jamais embauché.
4. Changement des attitudes
Il ne
fait aucun doute que les jeunes repoussent de plus en plus le mariage et
l’âge où ils décident d’avoir des enfants, même dans des pays comme l’Allemagne
où les emplois sont disponibles en grand nombre. Pourquoi ? Plusieurs
raisons peuvent m’expliquer, dont : le besoin de prise en charge des
plus âgés qui empêche ou décourage la formation de nouveaux ménages, la
société paternaliste qui voit les Etats collecter une part toujours plus
importante des salaires, la baisse des salaires réels, et des prix de
l’immobilier inabordables.
5. Décisions des banques centrales
Dans une
tentative désespérée des banques centrales de combattre la déflation, les
prix des actifs (notamment des propriétés) ont gonflé pour passer bien
au-delà de ce que peut se permettre la Génération X. En clair, les tentatives
des banques centrales de forcer l’inflation dans un monde technologiquement
et démographiquement déflationniste sont contre-productives.
Conclusion
Les
jeunes comprennent de manière intuitive que les systèmes de pensions et de
sécurité sociale sont à bout de souffle. Et s’ils ne peuvent pas les
protéger, ils ne protègeront pas non plus leurs enfants.
Beaucoup
de jeunes de la Génération X ont vu leurs parents ou leurs amis perdre leur
maison suite à la crise financière. Ils ne veulent pas se retrouver dans le
même bateau.
Les
décisions monétaires des banques centrales, et le stimulus fiscal et les
actions protectionnistes des gouvernements ne profitent qu’aux plus riches,
au détriment de la classe moyenne en déclin.
De moins
en moins de jeunes peuvent se permettre d’élever des enfants dans cet
environnement.