Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Il se peut que lorsque vous lirez ces lignes demain matin nous ayons remplacé le Premier ministre, ce qui ne changera rien en dépit du fait que le changement devait être maintenant. Le changement, quel beau mot-valise, quel beau mot auberge espagnole dans lequel chacun y met ce qu’il y souhaite. C’est un mot consensuel qui, par définition, ne signifie plus rien puisqu’il veut tout dire, en tout cas dans son acceptation politique.
François parlera ce soir, sans doute vers 20h00, histoire de profiter des taux d’audience de la grand-messe du JT de 20 heures. Il sera comme à chaque fois inaudible. Soit il optera pour un virage à gauche toute, ce qui mettra économiquement notre pays encore plus vite dans le mur, soit il poursuivra le désormais célèbre « virage social-démocrate », ce qui ralentira d’un petit pouillème la vitesse d’impact de notre pays dans le mur.
La gauche de la gauche pense que la défaite est liée à une politique trop « libérale », la gauche modérée pensant, elle, que cette défaite est liée à une absence de résultats et qu’hélas obtenir des résultats demande du temps.
Ils ont tous tort. Ils ne comprennent pas ou ne veulent pas simplement admettre que François Hollande n’a pas été élu par choix mais par dépit par un peuple de France qui ne pouvait plus supporter l’autre agité du bocal qui avait sévit pendant 5 longues années en tentant de mettre le dauphin à la présidence d’un machin gérant quelques milliards, pendant que son roi de père se pavanait sur les yaaaaachts de milliardaires ou se faisait quelques gueuletons au Fouquet’s. François Hollande n’a pas été élu, c’est Sarkozy qui a été sanctionné et cette erreur de diagnostic, qui pourtant relève du simple bon sens, explique aussi bien le rejet par une grande partie de notre population aussi bien de la politique économique et également sociale de ce gouvernement. Faire plus à gauche braquera encore plus. Faire plus au centre ne changera rien, car à propos de changement c’est justement tout qu’il faut changer si nous souhaitons redresser notre pays.
Tout changer comme je l’ai expliqué dans un papier intitulé « 100 jours pour redresser la France », c’est véritablement tout changer. Politiquement c’est associer le peuple de France à son destin en le faisant choisir un projet de redressement aussi difficile soit-il par la voie du vote populaire et du référendum. Il faut proposer des projets et demander au peuple souverain d’en choisir un. Laissons les Français débattre à chaque coin de rue, à chaque repas, à chaque table sur ce qui doit croître et ce qui doit décroître, laissons-les décider tout en sachant que ne rien faire n’est pas une solution puisque c’est le plus court chemin vers la ruine de tous. Mais rassurez-vous ou inquiétez-vous, le gouvernement ancien, présent et futur, qu’il soit mené par Valls, Fabius ou un autre ne fera rien ou si peu que tout continuera comme avant en encore un peu moins bien. C’est ce que j’appelle la lente déliquescence de notre nation.
Cette gauche, qui ne comprend décidément pas grand-chose et encore moins aux affaires économiques et je ne parlerai même pas de notre Constitution dernier et ultime rempart à la connerie démagogique de politiciens au mieux incompétents et dépassés, nous donne encore ces derniers jours l’occasion de contempler la misère intellectuelle dans laquelle se trouvent ses représentants.
Florange : un député PS veut modifier la Constitution pour le droit à l’emploi
Le député PS Jean-Marc Germain, qui n’est autre que le mari d’Anne Hidalgo la nouvelle mairesse de Paris et vraisemblablement à ce titre « Premier Homme » ou « Prince qu’on-sort », a prôné récemment la modification de la Constitution, après la censure par le Conseil constitutionnel d’une partie de la loi dite Florange sur la reprise des sites rentables.
Le Conseil constitutionnel a juste rappelé un point fondamental du droit, celui de la propriété privée. La propriété privée c’est ce qui fait que ce qui est à vous est à vous et que je ne peux pas vous le prendre… C’est une notion comme qui dirait assez utile et importante. C’est également l’idée cardinale qui sépare le capitalisme du communisme. C’est le concept qui, depuis la nuit des temps, amène les gens à se dépasser pour obtenir plus et mieux et en général cette dynamique profite à la société entière.
Le communisme fut un échec essentiellement en raison d’un facteur de comportement humain. Lorsqu’aucun de mes efforts ne peut être source de récompense, lorsque le plus n’entraîne jamais le plus, alors il n’y aucune incitation positive à part la trique du KGB et la menace de déportation dans un goulag pour motiver les peuples. Résultat logique : progressivement plus personne ne fout rien puisqu’il n’y a pas possibilité de propriété privée.
Dire cela n’est en aucun cas prôner le libéralisme débridé ou encore l’utralibéralisme. La société française issue du programme commun du Comité National de la Résistance, le CNR, en est l’exemple même. La propriété privée était garantie dans notre pays, ce qui n’a pas empêché quelques nationalisations pour collaboration. La collectivisation n’a jamais fonctionné et ne fonctionnera jamais, ce qui ne veut pas dire que l’État ne peut pas avoir une place centrale dans l’économie et sur ce sujet, regarder ce qui se passe en Chine est une excellente idée. Si là-bas l’État chinois se désengage massivement de la gestion des usines au quotidien il reste un régulateur forcené. L’État ne doit pas être stratège en prenant des participations dans des machins en faillite non-redressables avec de l’argent qu’il n’a pas ! Soyons un peu sérieux. En revanche, l’État régulateur peut gérer et forcer, structurer sans avoir à débourser un seul centime et il doit le faire sans avoir non plus à changer la Constitution française et le droit de la propriété.
Si une telle initiative, portée par le conjoint de la mairesse parisienne, devait aboutir, c’en est fini de la destination France pour les investissements étrangers et… pour nos propres investissements. Ce serait une catastrophe inimaginable en terme d’image et de redressement économique.
Nous avons fait le choix, enfin nos élites politiques, de l’Europe, du libre-échange et de l’euro. Nous avons fait le choix d’un monde ouvert.
Que cela vous plaise ou non (et cela ne me plaît pas), il en est ainsi. Cela veut dire que si nous souhaitons taxer plus et éviter que tout le monde s’en aille avec son pognon, il faut rétablir les frontières (et aussi vraisemblablement à défaut d’un goulag notre climat s’y prêtant assez mal, au moins le bagne à Cayenne ce qui permettra d’occuper notre future ex-garde des sottes pour y mettre tous les dangereux amateurs de propriété privée).
Le respect de la propriété privée est l’un des marqueurs fondamentaux de la démocratie et de la liberté. Lorsque l’on attaque votre propriété on attaque votre liberté.
Alors nous avons droit à des arguments débiles qui sont ce que j’appelle des arguments reptiliens parlant au cerveau préhistorique, parlant à nos instincts.
« Mettre le droit à l’emploi au même niveau que le droit de propriété dans la Constitution », voilà le slogan de ce crétin de nodocéphale de l’économie de Jean-Marc Germain. Mais sombre imbécile, l’emploi n’est pas un droit et ne le sera jamais. Et puis de toi à moi le Germain, avoir le droit de me faire exploiter par le grand capital je ne trouve pas ça très… socialiste mon ami !! Manquerait plus que tu me foutes dans la Constitution le « devoir au travail » ! Eh bien je te le dis, je serais le premier déserteur au STO que tu veux rétablir.
L’emploi n’est pas et ne peut pas être un droit car il est juste la conséquence d’une activité économique et (cours de première année de marxisme appliqué pauvre imbécile) de la vente par l’individu de sa force de travail au grand méchant capital. Il y a donc un « cours » du travail, c’est-à-dire le prix de la location par le détenteur du capital (le grand méchant patron) d’une force de travail. Ce cours dépend de très nombreux facteurs comme par exemple la technicité ou le savoir-faire demandé.
Alors Germain, plutôt que de me parler du droit à l’emploi qui est une vaste fumisterie lorsque nous avons plus de 6 millions de chômeurs, 12,5 millions de pauvres, 300 000 étrangers qui rentrent chaque année dans notre pays et à qui on n’a rien à offrir à part des désillusions (après on se demande pourquoi les étrangers ne s’intègrent pas…), je n’attends plus de toi que tu me sortes l’idée géniale du « drôat opposable à l’emploi »…
Le vrai débat : la travail est LE mode de redistribution des richesses
Pourtant, ce débat devrait être posé, le débat sur l’emploi dans un monde sans travail mais en partant des bonnes questions…
À quoi sert le travail ? À exploiter les uns diront les marxistes et ils n’ont pas tort. À répartir les richesses de façon efficiente diront les autres… et ils ont raison aussi !
Mais factuellement, sans travail pour 95 % de la population pour ne pas dire pour 99 %, sans travail point de revenu. Le travail c’est donc de l’argent pour vivre, c’est donc une forme de répartition de la création totale de valeur.
Imaginons un monde uniquement fait de robots et totalement informatisé avec besoin uniquement de 10 % de concepteurs, d’ingénieurs et de quelques travailleurs… que fait-on des 90 % restant ? Avec quoi vivront-ils ? Que recevront-ils, que recevrons-nous ? Vous trouverez dans cette édition mon article intitulé « La bataille de l’emploi est définitivement perdue » ainsi qu’un article de Paul Jorion allant dans le même sens.
La véritable question n’est donc pas de savoir si l’emploi est un droit ou pas, mais si l’emploi tel que nous l’avons toujours conçu depuis la révolution industrielle et qui a façonné nos sociétés modernes est encore un paradigme valable et pour moi la réponse est non.
Non, le travail n’existe plus en quantité suffisante pour poursuivre plus longtemps son rôle de répartition de la création de richesse, ce qui est une constatation potentiellement très marxiste dans ses implications. C’est la raison pour laquelle certains travaillent sur le revenu de base universel qui correspond en réalité profondément au fonctionnement du RSA et de nos aides sociales diverses et variées.
Si l’âge de pierre n’a pas pris fin par manque de pierres, il en ira de même pour l’âge du travail hérité de la révolution industrielle. Tout cela ne prendra pas fin parce qu’il n’y a plus aucun travail, mais parce que sa raréfaction fera qu’il y en aura trop peu pour tout le monde.
Mais dire tout cela ne veut pas dire qu’il faut supprimer la propriété privée, au contraire, il faut maintenir les incitations positives. Nous quittons un monde pour en créer un totalement nouveau. Nous pouvons en sortir le meilleur comme le pire. Mais lorsque j’entends un « Germain », je me dis que le meilleur n’est vraiment pas gagné tant l’incompréhension des problèmes et des enjeux est profonde.
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez bien !!
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes »