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Cours Or & Argent

La discrimination est un concept vide de sens

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Publié le 12 novembre 2014
905 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
( 10 votes, 4,5/5 ) , 3 commentaires
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Rubrique : Fondamental

 

 

 

 

Le billet précédent montrait que l’introduction du CV anonyme n’effacerait pas le caractère arbitraire du choix au moment de l’embauche mais, tout au plus, diminuerait la responsabilité du Directeur des ressources humaines sous couvert de la loi. Le CV anonyme ne permettra pas d’éliminer les pratiques discriminatoires. De fait, le concept même de discrimination est en réalité vide de sens.

 

D’emblée, il est important de noter que la lutte contre la discrimination est l’une des démarches les moins remises en question, en politique, dans les média ou encore par les milieux académiques. En bref, l’on ne se trompera jamais en disant publiquement que la discrimination n’est pas une bonne chose.

 

En effet, en passant en revue les déclarations et conventions internationales sur les droits de l’homme ou encore les textes de lois des différents pays, on s’aperçoit la plupart du temps qu’une clause est prévue concernant la discrimination.

 

Une observation attentive de ces textes permet pourtant d’entrevoir le fait que le terme de discrimination ne recouvre pas toujours le même sens. En effet, en dehors d’une formule standard du type : « chaque personne jouit des droits sans aucune discrimination en fonction de : […] », les critères énumérés – ceux-là mêmes censés définir le concept de discrimination – varient d’un texte à l’autre. L’un des textes les plus inclusifs est par exemple le code pénal français qui, dans son article 225-1, énumère les discriminations :

 

«  des personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur identité sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. »

 

Force est d’abord de constater que les critères mentionnés dans cette définition n’ont pas toujours été présents, mais qu’ils ont été ajoutés au fur et à mesure de l’adoption de nouvelles lois. La clause relative au genre a ainsi été introduite en 1946 (bien que, jusqu’en 1965, la possibilité pour les femmes d’exercer une profession restait soumise à une autorisation maritale) ; la clause relative à l’état de santé a été ajoutée en 1990 ; et celle relative à la discrimination raciale remonte à 1972 avec la loi Pleven contre le racisme (même si elle figurait depuis 1958 dans le préambule de la Constitution).

 

Il faut ensuite noter que même si la liste inscrite dans le Code pénal français semble plus riche que celle d’autres textes (à titre de comparaison, la Charte européenne des droits de l’Homme mentionne seulement le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l'origine nationale ou sociale, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation), elle n’est pas et ne sera jamais exhaustive. La liste en vigueur ne mentionne par exemple pas les discriminations liées au lieu d’habitation (ville, quartier etc.), aux salaires ou encore aux patrimoines. Si l’on pense un instant à toutes les discriminations possibles, la liste serait sans fin : des discriminations liées au lieu de naissance, à la dextérité (gaucher ou droitier), au signe astral, etc.

 

En outre, il est crucial de noter que l’on n’a aucun intérêt à chercher une liste exhaustive car si la discrimination incluait toutes les situations possibles, il n’y aurait alors plus aucun sens à parler de discrimination. Autrement dit, si toute action était discriminatoire, le mot « discrimination » serait synonyme de « choix » et serait un fait. Pour que le principe de non-discrimination fasse sens, il est, en effet, crucial de limiter le nombre de critères. Mais le véritable problème dans ce cas est de savoir comment distinguer les critères qui comptent de ceux qui ne comptent pas.

 

Enfin, lorsqu’il s’agit de trouver une définition universelle et internationalement acceptable de la discrimination, il est intéressant d’observer qu’elle devient soudainement moins exhaustive et/ou moins claire. Les textes internationaux qui comportent une clause de non-discrimination mentionnent ainsi moins de critères et/ou des critères plus abstraits que les textes nationaux. Ce constat est aisément expliqué par le souci d’éviter des désaccords. L’adoption de la norme ISO 26000 (en Responsabilité sociale des entreprises) a par exemple soulevé des désaccords irréconciliables concernant l’immoralité de la discrimination en fonction de « l’orientation sexuelle » : tandis qu’il n’était pas concevable d’y renoncer pour les pays scandinaves, la plupart des pays arabes ne pouvaient envisager la présence d’une telle clause. Pour satisfaire tout le monde, la formulation finale de la norme ISO 26000 a donc remplacé le critère précis de « l’orientation sexuelle » par un autre, beaucoup plus vague : « l’amitié ».

 

Somme toute, en observant que la discrimination est en pratique un concept variable et abstrait, on comprend mieux les limites des politiques (comme le CV anonyme) censées l’enrayer. Il est difficile d’effacer la pratique de la discrimination, d’une part parce que tous les critères ne sont pas pertinents pour tout le monde, et d’autre part parce qu’ils s’avèrent souvent flous. Cette conclusion nous amène implicitement à nous poser une nouvelle question : sachant pertinemment que cela revient à combattre des moulins à vent, y a-t-il un sens à insister pour « lutter contre les discriminations » ?

 

À suivre

 

 

 

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Marian Eabrasu est professeur d’économie et d’éthique à l’ESC-Troyes. Il a été chercheur à l’International Centre for Economic Research (Turin, Italie) et à l’institut Ludwig von Mises (Auburn, Etats Unis). Il est l'auteur de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture comme La Revue Française de Science Politique, Quarterly Journal of Austrian Economics, Business and Society, etc. Son dernier article publié en 2012 dans Raisons Politiques s'intitule "Les états de la définition wébérienne de l'Etat"
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"Le CV anonyme ne permettra pas d’éliminer les pratiques discriminatoires. De fait, le concept même de discrimination est en réalité vide de sens."

Bien entendu, cette phrase est fausse, voire très dangereuse. En effet, selon les cultures et les époques, certaines discriminations ne sont pas universellement acceptées. Mais l'important est de faire progresser la reconnaissance et la sanction des discriminations. Pour un raciste, la discrimination est vide de sens. Pour un machiste, la discrimination liée au sexe est vide de sens. Pour une personne très riche, la discrimination liée au lieu de résidence est vide de sens. Pour un jeune directeur aux dents longues, la discrimination vis à vis des séniors est vide de sens.

Le jour où l'auteur se fera discriminer par son âge, sa couleur de peau, il reviendra nous dire ce qu'il en pense à ce moment là, de la vacuité de ce concept...
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Definition (Larousse) : Discriminer: etablir une différence entre des personnes ou des choses en se fondant sur des critères distinctifs.

Ethymologie : du latin discriminare, de crimen, point de séparation.

Il fut un temps ou etre un homme de gout et de culture se matérialisait par la capacité à discriminer, autrement dit à choisir.

Le fondement des droits de l'homme est l'égalité devant la loi. Ce principe s'exprime ainsi dans l'article 1 de la déclaration des droits de l'homme : "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit". Universel et magnifiqueement écrit.

Ce principe étant structurant et fondateur, point n'est besoin de rajouter, comme le montre parfaitement bien l'auteur, des couches successives de violation de ce principe, couches qui dont l'inscription dans le marbre de la loi n'est du qu'à l'activisme de certains groupes plus ou moins virulents, et donc le choix n'est pas universel.

Il n'y a besoin de rien de plus pour sanctionner un comportement, public ou privé, contraire à l'égalité devant le droit ou la loi :" les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit".

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Les relations entre personnes, ça se fait au feeling. Tout le reste c'est du bla-bla.
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Definition (Larousse) : Discriminer: etablir une différence entre des personnes ou des choses en se fondant sur des critères distinctifs. Ethymologie : du latin discriminare, de crimen, point de séparation. Il fut un temps ou etre un homme de gout et d  Lire la suite
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