Nous avons pu assister vendredi
dernier à la parution d’un rapport sur l’emploi explosif, et de gros titres
mentionnant la création de 255.000 emplois aux Etats-Unis pour le seul mois
de juillet, un chiffre qui excède toutes les attentes. Ces emplois n’ont en
réalité pas été créés par des entreprises – mais par les statisticiens qui
ont compilé ces chiffres, au travers de leurs ajustements saisonniers. C’est
un tour de magie statistique auquel le gouvernement aime avoir recours
lorsque les données officielles ne sont pas réjouissantes. C’est la même
chose pour le PIB, ainsi que pour les chiffres de l’inflation – afin que l’inflation
officielle reste inférieure aux hausses des prix du monde réel. En réalité,
nous avons ce mois-ci accumulé un million de chômeurs supplémentaires, mais
la magie des ajustements saisonniers porte ce déclin de l’emploi à un gain de
255.000.
Pour aller plus loin encore dans
les détails, nous voyons qu’une majorité des nouveaux emplois créés sont des
emplois gouvernementaux ou du secteur de la santé. Les emplois créés par le
gouvernement sont bien entendu rémunérés grâce à la monnaie prise aux
contribuables. Et les emplois de la santé sont créés simplement en raison du
mandat d’Obamacare en expansion constante. D’autres sources de cette
croissance sont le tourisme et l’hospitalité (c’est-à-dire des emplois de
serveur et de barman). Ces derniers ne sont pas durables et ne favorisent pas
la croissance économique, et ne sont là que pour satisfaire la demande des
plus fortunés qui continuent de bénéficier des politiques monétaires de la
Réserve fédérale.
A mesure que New York, San
Francisco, Washington DC et d’autres centres politiques continuent de
bénéficier de trillions de dollars de dépenses gouvernementales financées par
la dette et des trillions de dollars supplémentaires créés par la Fed à
partir de rien, les politiciens, lobbyistes et banquiers qui reçoivent cet
argent demandent toujours plus de nourriture exotique, de boissons et de
divertissements. Les emplois qui naissent pour satisfaire cette demande, nous
dit-on, sont l’épine dorsale de la reprise du marché de l’emploi. Mais bien
sûr.
Huit années après le pire
épisode de la dernière crise financière, l’économie américaine ne s’est
toujours pas remise sur pieds. Le nombre de personnes employées a peut-être
enfin commencé à croître au-delà de son pic d’après la crise, mais la qualité
des emplois s’est détériorée, et le nombre de personnes qui sont encore à la
recherche d’un emploi ou ont abandonné et quitté la force de travail s’élève
encore dans les millions et ne semble pas diminuer. L’assouplissement
quantitatif, les taux d’intérêt négatifs ou à zéro pourcent et les autres
politiques inflationnistes des banques centrales ne peuvent pas nous mener à
une création durable de croissance économique. Mais essayez de le dire aux
banquiers centraux. Ils ne se soucient que des totaux et se moquent de ce qui
se cache derrière. Un château fait de sable est, à leurs yeux, identique à un
château fait de pierre.
Jusqu’à ce que l’idée que le
capital et la prospérité puissent être dérivés d’une planche à billets soit
éradiquée de l’esprit des faiseurs politiques, les économies du monde ne
sortiront pas de leur malaise. Des emplois sont créés pour répondre à la
demande des consommateurs. Si vous fournissez aux consommateurs les produits
qu’ils recherchent au prix qu’ils demandent, votre entreprise grandit, et
vous pouvez créer des emplois et bénéficier à l’ensemble de la société.
Mais si des emplois sont créés
au travers de la création monétaire du gouvernement et de ses régulations
protectionnistes, ces emplois ne satisfont pas les demandes des
consommateurs, n’ajoutent rien à la productivité, et ne durent pas. Lorsque
les politiciens adoptent des politiques qui encouragent ces derniers emplois
aux dépens des précédents, la stagnation économique en est le résultat malheureux
mais prévisible.